À GIORDANO BRUNO
Version française – À GIORDANO BRUNO – Marco Valdo M.I. – 2022
Chanson italienne – A Giordano Bruno – Giuseppe Di Modugno – 2019
Texte :
Giuseppe
di Modugno
musique :
Giuseppe
Mereu
interprète :
Doc
Pippus
EXÉCUTION DE GIORDANO BRUNO
Campo dei Fiori – Rome – 17 février 1600
Filippo Bruno, dit Giordano Bruno (Nola, 1548 – Rome, 17 février 1600), est un philosophe, écrivain et dominicain italien qui a vécu au XVIᵉ siècle. Sa pensée, que l’on peut classer dans le naturalisme de la Renaissance, mêle les traditions philosophiques les plus diverses – matérialisme antique, averroïsme, copernicanisme, lullisme, scotisme, néoplatonisme, hermétisme, mnémotechnie, influences juives et cabalistiques – mais tourne autour d’une seule idée : l’infini, entendu comme l’univers infini, effet d’un Dieu infini, composé de mondes infinis, à aimer infiniment.
Condamné
à être brûlé sur le bûcher pour hérésie, le 17 février 1600,
la langue serrée dans un étau afin qu’il ne puisse pas parler, il
est emmené sur la place du Campo de' Fiori, déshabillé, attaché à
un poteau et brûlé vif. Ses cendres ont ensuite été jetées dans
le Tibre.
Voici une brève synthèse de la pensée philosophique de Giordano Bruno :
— découvrir, enlever le voile de l’apparence, et comprendre comment sont les choses à la « lumière de la raison », en libérant l’esprit de l’homme de l’habitude de la croyance aveugle, et en donnant de l’importance à une éducation laïque et anti-dogmatique ;
— combattre
l’irréformable religion dominante de la sujétion aveugle,
proclamer
l’autonomie par rapport au confessionnalisme et la séparation
entre les lois humaines et divines, ainsi qu’entre les États et
l’Église, libérer les
gens de la sujétion psychologique à un confessionnalisme rigide,
qui voudrait que les individus reproduisent des modèles dogmatiques
inscrits principalement dans de supposées idées d’âmes ;
— construire une société civile qui relie l’homme à l’homme dans la justice, qui est à son tour une construction humaine, à travers des lois justes, en affirmant entre autres qu’il n’y a pas de justice sans égalité, comprise non pas comme un aplatissement, mais comme une égalité des chances prônant l’émancipation humaine individuelle, sociale et fondée sur les besoins, qui est alors le droit au travail dans la dignité même du travail ;
— placer au centre de tout ce qui existe la « matière-vie-nature », qui s’autoproduit et dont chaque être humain fait partie, qui, loin du finalisme et du providentialisme, est maître de sa propre vie, avec pour résultat de donner une centralité à la dignité personnelle de chaque individu, dans un univers, composé d’un ciel infini et d’une matière créatrice, finalement le fruit d’un amour infini ;
— être constamment du côté des femmes, renversant les schémas sexistes d’une époque où la misogynie était structurelle et où les femmes étaient brûlées vives comme sorcières.
Dialogue Maïeutique
Encore un hommage à Giordano Bruno, c’est une bonne chose. N’était-ce pas ce brave Bruno qui avait fait un « Éloge de l’âne », demande Lucien l’âne ?
Oui, en effet, répond Marco Valdo M.I., il voyait un monde infini, qu’il avait baptisé Dieu pour les besoins de la survie de la divinité et de la religion et il avait affublé la nature, celle que déjà Lucrèce portait aux nues, du nom de Dieu, une nature autoproduite et éternellement en train de se faire elle-même. C’était là son ultime concession au siècle, mais le siècle ne voulut rien entendre – là-bas, vers 1600 (et même encore longtemps après), comme en Zinovie, on use de La Charette –
« Et ceux qui pensent, on les fait taire. »
De mémoire d’âne, dit Lucien l’âne, c’est ce qu’ont fait depuis toujours les religions et les idéologies dogmatiques ; c’est ce qu’elles font encore aujourd’hui. Quant à nous, nous tissons le linceul de ce vieux monde religieux, dogmatique, croyant, crédule et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Au Campo dei Fiori,
Je t’ai vu arriver
Le visage pris
Dans un bâillon de fer,
Car il y avait grand danger
À te laisser parler,
Car dans tes yeux noirs,
Il n’y avait pas de lâcheté.
Et ensuite, ils m’ont fait savoir
Ton nom et que tu t’appelais
Bruno Nolano
Car de Nola, tu venais,
Et ton prénom était Giordano.
Cher Giordano,
Il est bon de pouvoir penser
Que toujours l’amour finit par gagner.
Car chez les rêveurs
Naît du cœur
L’intense désir de liberté.
Un
frère médusé,
Émacié,
À la voix stridente,
Psalmodiante, chante.
Une flamme monte :
Ce n’est pas un lumignon,
Mais un papillon
Volant vers Bételgeuse.
Quel crime t’a donc sali
Pour mériter ainsi
Une mort si ignominieuse ?
Tu disais que toujours
Se meuvent toutes les choses
Animées par l’amour,
Et le feu ne peut effacer
Le désir d’atteindre la vérité,
Et la flamme jamais ne peut
Aux fiers esprits ôter
Le désir généreux
De surmonter la lâcheté.
Le Champ des fleurs,
Fut ton Calvaire
Et par une sentence autoritaire,
Entre les oraisons des prieurs
Et de lamentables rosaires,
Tu fus immolé
Pour la liberté.
Pas celle de courir,
Ni celle de partir,
Ou de chercher l’amour
Jour après jour.
Tu as pensé
Meilleur de passer
Ta vie à chercher
La vérité.
La flamme ardente du feu destructeur
Ne peut arrêter le temps qui viendra
Et la postérité saura sans erreur
De quel côté l’amour des gens se tiendra.
À repenser ici
À ce jour lointain,
À ces flammes d’un matin
Au Campo dei Fiori,
Mon salut aussitôt
S’en va à Giordano,
Par l’infamie
Envoyé au bûcher,
Et même si maintenant
Tant d’années ont passé,
Il serait temps
Et même indiqué
Que dans le monde
Encore, il y ait
Quelqu’un qui débonde
La vérité.
La flamme ardente du feu destructeur
Ne peut arrêter le temps qui viendra
Et la postérité saura sans erreur
De quel côté l’amour des gens se tiendra.
Et même si maintenant
Tant d’années ont passé,
Il serait temps
Et même indiqué
De remémorer le Nolano
Giordano Bruno,
Brûlé sur le bûcher
Pour la liberté.
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