mercredi 1 septembre 2021

MA BELLE CIAO

 

MA BELLE CIAO

Version française – MA BELLE CIAO – Marco Valdo M.I. – 2021

Chanson italienne – Mia bella ciaoGiulio Wilson – 2021




LA CHUTE DES GÉANTS

Jacob Jordaens – 1636 – 1638

 

 

 

 

Dialogue maïeutique



Les trois quarts du temps, Lucien l’âne mon ami, au moment où je termine une version en langue française d’une chanson, je me demande quel pourrait bien être le commentaire qu’on pourrait en faire et franchement, il s’agit là d’une vraie question.


Je l’imagine volontiers, répond Lucien l’âne, car moi-même, je me le demande aussi. D’autant qu’on n’a aucun goût pour le didactisme.


Certes, reprend Marco Valdo M.I. ; toutefois, lorsqu’une telle note existe, je m’empresse de la traduire ou parfois de la résumer. Cependant, ici, il n’y en a pas. Alors, il nous faut spéculer. Première chose, il y a évidemment ce « Bella Ciao », qui renvoie plus que certainement à « Bella Ciao », célébrissime chanson de résistance, dont l’histoire est ici bien documentée et où je renvoie les curieux. Pour nettement distinguer cette bella ciao-ci de celle-là, je lui ai donné un titre plus français : Ma Belle Ciao. Pour le reste, je laisse l’imagination de la chanson faire son chemin. Elle a certainement beaucoup à dire à qui voudra y réfléchir.

Verlaine par exemple disait de la chanson :


« C’est des beaux yeux derrière des voiles,
C’est le grand jour tremblant de midi,
C’est, par un ciel d’automne attiédi,
Le bleu fouillis des claires étoiles ! »


et mille autres choses à propos de la chanson bien douce :


« Et dans les longs plis de son voile
Qui palpite aux brises d’automne
Cache et montre au cœur qui s’étonne
La vérité comme une étoile. »


Ou peut-être, la chanson dit autre chose, allez savoir, il suffit de méditer.

Oh, dit Lucien l’âne, c’est la meilleure manière avec les chansons ; les méditer ; un peu, beaucoup, c’est selon. Dans le fond, pour nombre d’entre elles, c’est ce qu’elles ont comme but. Quant à nous, tissons le linceul de ce vieux monde ignare, atteint d’une étrange folie, d’ennui et de guerre, full of song and fury and signifying nothing et, at last, cacochyme.



Heureusement !


Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



À nous, nous qu’on nomme les géants,

Si proches encore, mais distants.

De là-haut, on ne comprend pas que le bon sens

N’a pas de sens pour l’envie des gens ;

Les livres sont de futiles occupations

Et les chansons tralalalaire,

Ces tubes à chanter au bord de la mer,

Emblèmes culturels de notre civilisation.


À nous, nous qu’on nomme les géants,

Trois pas en arrière, un pas en avant

Et nous nous pensons grands,

Et nous nous fions aux puissants,

Et nous ne sommes jamais contents.

Et nous mangeons du tofu végétalien

Et la matriciana avec du speck italien,

Mais au supermarquette,

Ne regardez pas les étiquettes

Ne vous souciez de rien,

Occupez-vous seulement de vos biens.


Un matin,

Je me suis réveillé,

Ma « Belle Ciao »,

Ce monde était fou.

Un matin,

Je me suis retrouvé,

Ma « Belle Ciao »,

Avec mes rêves pendus au clou,

En noir et blanc, une vieille photo.


À nous, nous qu’on nomme les géants,

Nous sommes des occupants, tant et tant,

Esclaves de la modernité,

Des erreurs du passé

Sur les vivants innocents

Et entre les bombes ou l’au-delà

Ou dans l’esprit de qui sait quoi,

Nous sommes les esclaves du progrès

Des partis, de leurs congrès.

Ainsi tout vient et tout va,

Qui sait vraiment pourquoi ?

Où est-ce qu’on va ? Je ne le sais pas.


Un matin,

Je me suis réveillé,

Ma « Belle Ciao »,

Ce monde était fou.

Un matin,

Je me suis retrouvé,

Ma « Belle Ciao »,

Avec mes rêves pendus au clou,

En noir et blanc, une vieille photo.


J’ai en poche ma liberté

Mais demain, que vaudra la liberté ?

Qui sait… qui sait…


Un matin,

Je me suis réveillé,

Ma « Belle Ciao »,

Ce monde était fou.

Un matin,

Je me suis retrouvé,

Ma « Belle Ciao »,

Avec mes rêves pendus au clou

En noir et blanc, une vieille photo.

À nous !, les géants, à nous…



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire