UNE CHANSON NOCTURNE
Version
française – UNE
CHANSON NOCTURNE – Marco
Valdo M.I. – 2021
Chanson italienne – Una canzone di notte – Pippo Pollina – 1986
Nuit noire, quand les chats veillent sur la ville
Une
chanson de nuit, gucciniane
dès le titre, qui – même si elle n’est pas explicitement contre
la guerre – capte très bien un état d’esprit, quand il semble
que nous n’en faisons pas assez ou que nous sommes entourés de
trop de gens indifférents. Ou que nous sommes aussi indifférents.
Les pensées qui viennent avec la nuit.
(Lorenzo Masetti)
Dialogue maïeutique
Voici, Lucien l’âne mon ami, une chanson nocturne. « UNE CHANSON NOCTURNE », c’est même son titre.
Une chanson nocturne, dit Lucien l’âne, ça n’a rien d’exceptionnel, on en a déjà rencontré plusieurs qui portaient ce titre.
Oui, dit Marco Valdo M.I. , tout au contraire, c’est bien pour ça que c’est exceptionnel. Jusqu’ici, toutes les chansons nocturnes (en italien : canzone di notte) étaient l’œuvre du même auteur. Francesco Guccini avait écrit quatre de ces chansons que chemin faisant il dut numéroter, c’étaient : Canzone di notte – Canzone di notte n°2 – Canzone di notte n. 3 – Canzone di notte n.4. Celle-ci n’est pas de lui, mais de Pippo Pollina, lequel par ce titre vise sans doute à marquer une certaine parenté avec les chansons de Guccini, une sorte continuité en écrivant à la manière de Guccini.
Voilà pour le titre, dit Lucien l’âne, et qu’en est-il du reste ?
La chanson nocturne de Pollina, répond Marco Valdo M.I., se veut une réminiscence des chansons nocturnes de Guccini, ces chansons qu’on imagine imaginée dans la nuit noire, quand les chats veillent sur la ville du haut des toits et elle le dit clairement (du moins dans sa version française, où l’explicitation est nécessaire) :
« Et alors, chers amis,
Permettez-moi une fois
De faire comme Guccini.
Écoutez-moi, cette fois
Chanter cette chanson de nuit. »
C’est donc une parenté revendiquée. Du reste, elle s’inscrit dans le droit fil de son titre, c’est-à-dire qu’elle a toutes les allures d’une méditation. Elle retrace comme un bilan de vie, elle fait le point, elle expose une catharsis, qui s’étend à la société (italienne). Et la chanson conclut :
« Sans imposer de vérité,
En gardant ce désir sensé
De cracher ce que j’ai à l’intérieur
Sans crainte et sans peur. »
Eh bien, dit Lucien l’âne, voyons ça et tissons le linceul de ce vieux monde conservateur, stationnaire, perclus et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
est vingt-trois heures,
il fait noir
Et je n’ai pas sommeil ce soir ;
Je ne veux pas rejoindre Morphée
Qui les bras ouverts, comme toute l’année,
M’attend entre le drap et l’oreiller pour
Rêver que demain sera un autre jour
Et alors, chers amis,
Permettez-moi une fois
De faire comme Guccini.
Écoutez-moi, cette fois
Chanter cette chanson de nuit
Permettez-le-moi cette fois-ci.
Si
je n’avais le
cœur blessé,
Si je n’étais pas si affecté
Par cette étrange maladie
Appelée nostalgie,
Je ne me devrais pas me tourner
Vers le temps passé,
Les souvenirs et la mémoire
Aux images maintenant noires.
Je me vois souventes fois
Discutant pendant des heures
De la paix, de l’anti-mafia,
Des gens qui meurent.
Puis, je rentre chez moi
Cahin-caha et je pleure
Comme un chien qui ne sait
Comment retrouver son toit.
Je
vois Pierre
Et je réalise qu’un révolutionnaire
Sait cacher ses rides,
Et dissimuler ses vides.
Et si Antoine à la quarantaine
Cesse de courir la prétentaine,
Je donnerai ma fierté au premier
Qui vient à passer.
Il y en a beaucoup dans la ronde
De ces artistes bon marché
Qui snobent tout le monde
Et se croient arrivés,
Qui se moquent des autres
Et disent « Qui peut bien être
L’idiot, le crétin obscène
Qui les a mis sur la scène ? »
Heureusement,
certaines fois
Dans les rangs des églises et des partis,
On organise des marches, des défilés
Aux fins de se rappeler
Que chacun a une seule mère,
Que nous sommes tous frères,
Tous
unis par un idéal
de fraternité.
Si pour une procession nocturne
Sont venues 30 000 personnes,
Qui donc a inventé la mafia ?
Sûr, à Palerme, elle n’existe pas ;
Mais peut-être chez les Danois,
Ce doit être le fantasme ésotérique
D’un journaliste nordique.
Il
vaut mieux, je le garantis,
Sourire et sourire encore,
Car il n’a pas tort
Ce chanteur qui dit
Qu’ici, on vit de l’air du temps
Et de football aussi évidemment,
Car pendant la journée, bouche close,
On ne peut parler d’autre chose.
« Avez-vous
gagné au pari ? »
« Forza Juve », « Forza Rossi »,
Dans les usines, dans les ministères,
Dans les maisons, jusqu’en enfer.
Le froid de la nuit
S’assoupit sur ma peau
Et me rappelle que bientôt
L’hiver sera à nouveau ici.
Et
mon père répète
Qu’on meurt
Sur les routes d’un rêve
Sans couleurs.
Je regarde dehors tous ces gens
De leur charrette préoccupés
Et qui la font rouler sans
Se
soucier des bœufs attelés.
La ville me crache au visage
L’écho de mes vers hors d’usage,
Comme aujourd’hui, on ne vole pas,
Comme on l’a dit déjà,
Je vais essayer de marcher
Pour faire rire ma guitare
Qui réclame d’autres soirs
Pour jouer.
Voilà,
maintenant ça va.
Ma vue commence à s’embrumer,
Je délire depuis une heure, déjà,
Il faut m’excuser,
Il faut me pardonner,
Je perds ma raison, parfois.
Et
quand me
vient l’envie
De m’enfouir sous terre,
Je pense aux yeux de ma mère,
Aux mains de mes amies,
Aux étoiles, au ciel
Et les flots éternels
Me poussent tout de suite
À rentrer au plus vite.
Chers amis, j’en suis sûr déjà
Parmi vous certains pensent parfois
Avoir
entendu ces
choses-là.
Les notes et les textes sont certains.
Ainsi, il est vrai que demain
Nos jours ne changeront
Pas leurs connotations.
Et pour conclure, je chante
Aux oreilles qui portent
De prudents bouchons
Sans fioritures, ni prétentions,
Sans imposer de vérité,
En gardant ce désir sensé
De cracher ce que j’ai à l’intérieur
Sans crainte et sans peur.
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