jeudi 16 juillet 2020

Le Footballiste


Le Footballiste

Chanson française – Le Footballiste – Marco Valdo M.I. – 2020

Scènes de la vie quotidienne au temps de la Guerre de Cent Mille Ans.
Histoire tirée du roman « Johnny et les Morts » – du moins de la traduction française de Patrick Couton de « Johnny and the Dead » de Terry Pratchett. (1995)



Les Footballistes

par Nicolas de Stael – circa 1950



Dialogue Maïeutique



Par le grand Onos, dit Lucien l’âne, un footballiste.

Oui, dit Marco Valdo M.I., un footballiste. Ce n’est pas tous les jours qu’il y a une chanson pour vanter les mérites d’un footballiste.

Pourtant, dit Lucien l’âne, souvent, ils les méritent ces mérites. D’ailleurs,

Surtout, continue Marco Valdo M.I., quand ce sont des footballistes émérites comme Stanley Parisi, un gars carrément célèbre qu’on célèbre ici dans cette chanson-ci, comme est fêtédans cette chanson-làVictor le footballiste, une chanson du Grand Jojo (dont on connaît déjà les portraits de héros : Le Sergent Flagada et Jules César).

D’ailleurs, dit Lucien l’âne, à bien la réécouter, je me rends compte en effet qu’elle présente une véritable parenté avec Victor : si ce n’est pas là une chanson-sœur, c’est au moins une chanson cousine.

Chanson-sœur, chanson cousine, dit marco valdo M.I., il n’y a là rien d’étonnant, car tout en écrivant l’histoire de Stanley Parisi, je fredonnais la chanson de Victor et je dois avouer que ces deux-là ont des points communs. Par exemple, tous deux foncent sur le terrain à toute allure derrière le ballon et tous deux se considèrent comme des artistes ; mais il y a quand même quelque chose qui les distingue et qui justifie la présence de Stanley dans les Chansons contre la Guerre (C.C.G), c’est que ce dernier n’est pas seulement un (anti-) héros du stade, c’est aussi un héros des tranchées de la Somme en 1916, où se perpétra un gigantesque massacre – plus d’un million de victimes. Le premier jour de l’offensive anglaise, le 1er juillet, les seuls Britanniques ramassèrent 20 000 morts. Quant à Stanley, comme le dit la chanson, il s’en tira :

« Et Stanley « pas par là » dribbla la mort. »

En somme, dit Lucien l’âne, il s’en est tiré probablement par chance, comme tous ceux qui en sont revenus. Ce qui ne fut pas le cas pour l’artilleur de Mayence d’Aragon que chantait Léo Ferré dans « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? ».

« Pour un artilleur de Mayence
Qui n’en est jamais revenu. »

Je vois, Lucien l’âne mon ami, que ta mémoire d’âne est parfaite et connaît bien la chanson ; c’est réjouissant. Maintenant, deux mots de ce héros de la Somme qui dribbla la mort. On sait que c’est un footballiste assez sportif et très enthousiaste et qui a acquis ainsi une certaine célébrité. Cependant, il s’agit de savoir le pourquoi du comment ? À moins que ce ne soit le comment du pourquoi ? Bref, pour élucider ce mystère, on dispose de son nom : Parisi – qui en français peut s’orthographier « par ici » et de son surnom – donné par ses partenaires et par les supporters« Pas par là ». Si on met les deux à la queue, on obtient évidemment : « Par ici, pas par là ! ».

Comment mérite-t-il une telle appellation ?, un tel traitement ironique, moqueur, dérisoire et pourquoi ?, demande Lucien l’âne.

Tout simplement, répond Marco Valdo M.I., car – et c’est dit dans la chanson, il est dans ses habitudes de partir dans le sens contraire et une fois lancé, il est inarrêtable et dribble tous ceux qu’il rencontre sur sa course vers le but et de marquer. C’est fort bien, à ceci près qu’il se trompe de côté et qu’il marque contre son propre camp. Il le fit tellement souvent qu’en plus sobriquet rigolard, il a, dans les mémoires, gagné le titre de « recordman du monde des buts contre son camp ». Cela étant, il me reste à préciser qu’il a comme amis : l’alderman (voir Le Cimetière), le syndicaliste, le taxidermiste, l’illusionniste et la suffragette qui sont ses voisins à perpétuité et que tout comme eux, il continue à agir post-mortem et donc, naturellement, à pratiquer son sport favori.

Comme on le sait, dit Lucien l’âne, un footballiste, comme tous les sportifs, garde longtemps le goût et en quelque sorte, le besoin de pratiquer. Nous, nous tissons le linceul de ce vieux monde sportif, compétitif, footballistique, fanatique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M. I. et Lucien Lane



Stanley connut les tranchées de la Somme,
Où par milliers tombaient les hommes,
Les obus, les boues, les morts.
Et Stanley « pas par là » dribbla la mort.

En retard, Johnny traverse en trombe
Le désert glacé du cimetière
Et stoppe pile devant une tombe
Lovée dans les fougères.

Un marbre, gris, plat et banal,
Une paire de bottines de foot gravée
En grand domine le texte bancal :
Le nom et les mortelles coordonnées :

— Stanley Parisi, « Pas par là »
Son dernier coup de sifflet.
Un gars presque célèbre, là au-delà.
Et une vedette, une star, ce Stanley.

Chez les supporters des Vagabonds de Blackbury
Rouges et blancs, au stade tous les samedis
En rangs par dix, aller dix de front
Et soutenir les as du ballon rond.

Stanley « Pas par là » était un bon garçon.
Le Guardian annonce dans sa nécrologie
Toute une carrière chez les Vagabonds,
Et un record de buts d’anthologie.

Parisi, un champion historique,
Stan, un marqueur magnifique,
Un joueur absolument fantastique,
Et le plus grand, le plus épique.

Stanley Parisi, merveilleux footballiste,
Un géant, un sportif, un artiste.
« Pas par là » fonce tout droit
Et met des buts à chaque fois.

Parisi – pas par là à l’avant :
Enthousiaste, excité, enflammé
Est recordman des buts marqués
Et des buts contre son propre camp.

Stan en short jusqu’aux genoux, comme avant,
Toujours rapide, toujours fougueux, toujours vaillant,
Montre aux éternels non-vivants
Comment tuer le temps.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire