Le
Footballiste
Chanson
française – Le Footballiste – Marco Valdo M.I. – 2020
Scènes
de la vie quotidienne au temps de la
Guerre de Cent Mille Ans.
Histoire
tirée du roman « Johnny et les Morts » – du moins de
la traduction française de Patrick Couton de « Johnny and the
Dead » de Terry Pratchett. (1995)
Les
Footballistes
par
Nicolas de Stael – circa 1950
|
Dialogue
Maïeutique
Par
le grand Onos,
dit Lucien
l’âne, un
footballiste.
Oui,
dit Marco Valdo M.I., un footballiste.
Ce n’est
pas tous les jours qu’il y a une chanson pour vanter les mérites
d’un
footballiste.
Pourtant,
dit Lucien l’âne, souvent, ils les méritent ces mérites.
D’ailleurs,
Surtout,
continue Marco Valdo M.I., quand ce sont des footballistes
émérites comme Stanley
Parisi,
un gars
carrément
célèbre qu’on célèbre ici dans cette chanson-ci,
comme est fêté
– dans
cette chanson-là
– Victor
le footballiste,
une
chanson du
Grand Jojo (dont
on connaît
déjà les portraits de héros : Le
Sergent Flagada et Jules
César).
D’ailleurs,
dit Lucien l’âne, à
bien la réécouter, je me rends compte en effet qu’elle présente
une véritable parenté avec
Victor :
si ce n’est pas là une chanson-sœur, c’est au moins une chanson
cousine.
Chanson-sœur,
chanson cousine, dit marco valdo M.I., il n’y a là rien
d’étonnant, car tout en écrivant l’histoire de Stanley Parisi,
je fredonnais la chanson de Victor et je dois avouer que ces deux-là
ont des points communs. Par exemple, tous deux foncent sur le terrain
à toute allure derrière le ballon et tous deux se considèrent
comme des artistes ; mais il y a quand même quelque chose qui
les distingue et qui justifie la présence de Stanley dans les
Chansons contre la Guerre (C.C.G), c’est que ce dernier n’est pas
seulement un (anti-) héros du stade, c’est aussi un héros des
tranchées de la Somme en 1916, où se perpétra un gigantesque
massacre – plus d’un million de victimes. Le premier jour de
l’offensive anglaise, le 1er juillet, les seuls
Britanniques ramassèrent 20 000 morts. Quant à Stanley, comme
le dit la chanson, il s’en tira :
« Et
Stanley « pas par là » dribbla la mort. »
En
somme, dit Lucien l’âne, il s’en est tiré probablement par
chance, comme tous ceux qui en sont revenus. Ce qui ne fut pas le cas
pour l’artilleur de Mayence d’Aragon que chantait Léo Ferré
dans « Est-ce
ainsi que les hommes vivent ? ».
« Pour
un artilleur de Mayence
Qui n’en est jamais revenu. »
Qui n’en est jamais revenu. »
Je
vois, Lucien l’âne mon ami, que ta mémoire d’âne est parfaite
et connaît bien la chanson ; c’est réjouissant. Maintenant,
deux mots de ce héros de la Somme qui dribbla la mort. On sait que
c’est un footballiste assez sportif et très enthousiaste et qui a
acquis ainsi une certaine célébrité. Cependant,
il s’agit de savoir le pourquoi du comment ? À moins
que ce ne soit le comment du pourquoi ? Bref, pour élucider ce
mystère, on dispose de son nom : Parisi – qui en français
peut s’orthographier « par ici » et de son surnom –
donné par ses partenaires et par les supporters
– « Pas
par là ». Si on met
les deux à
la queue, on obtient évidemment : « Par ici, pas par
là ! ».
Comment
mérite-t-il une telle appellation ?, un tel traitement
ironique, moqueur, dérisoire et pourquoi ?, demande Lucien
l’âne.
Tout
simplement, répond Marco Valdo M.I., car – et c’est dit dans la
chanson, il est dans ses habitudes de partir dans le sens contraire
et une fois lancé, il est inarrêtable et dribble tous ceux qu’il
rencontre sur sa course vers le but et de marquer. C’est fort bien,
à ceci près qu’il se trompe de côté et qu’il marque contre
son propre camp. Il le fit tellement souvent qu’en plus sobriquet
rigolard, il a, dans les mémoires, gagné le titre de « recordman
du monde des buts contre son camp ». Cela étant, il me reste à
préciser qu’il a comme amis : l’alderman (voir Le
Cimetière),
le
syndicaliste, le
taxidermiste, l’illusionniste
et la
suffragette qui sont ses voisins à perpétuité et
que tout comme eux, il continue à agir post-mortem et donc,
naturellement, à pratiquer son sport favori.
Comme
on
le sait, dit
Lucien l’âne,
un footballiste,
comme
tous les sportifs, garde longtemps le goût et en quelque sorte, le
besoin de pratiquer. Nous, nous tissons le linceul de ce vieux monde
sportif, compétitif, footballistique, fanatique
et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M. I. et Lucien Lane
Stanley
connut les tranchées de la Somme,
Où
par milliers tombaient les hommes,
Les
obus, les boues, les morts.
Et
Stanley « pas par là » dribbla la mort.
En
retard, Johnny traverse en trombe
Le
désert glacé du cimetière
Et
stoppe pile devant une tombe
Lovée
dans les fougères.
Un
marbre, gris, plat et banal,
Une
paire de bottines de foot gravée
En
grand domine le texte bancal :
Le
nom et les mortelles coordonnées :
— Stanley
Parisi, « Pas par là »
Son
dernier coup de sifflet. —
Un
gars presque célèbre, là au-delà.
Et
une vedette, une star, ce Stanley.
Chez
les supporters des Vagabonds de Blackbury
Rouges
et blancs, au stade tous les samedis
En
rangs par dix, aller dix de front
Et
soutenir les as du ballon rond.
Stanley
« Pas par là » était un bon garçon.
Le
Guardian annonce dans sa nécrologie
Toute
une carrière chez les Vagabonds,
Et
un record de buts d’anthologie.
Parisi,
un champion historique,
Stan,
un marqueur magnifique,
Un
joueur absolument fantastique,
Et
le plus grand, le plus épique.
Stanley
Parisi, merveilleux footballiste,
Un
géant, un sportif, un artiste.
« Pas
par là » fonce tout droit
Et
met des buts à chaque fois.
Parisi
– pas par là à l’avant :
Enthousiaste,
excité, enflammé
Est
recordman des buts marqués
Et
des buts contre son propre camp.
Stan
en short jusqu’aux genoux, comme avant,
Toujours
rapide, toujours fougueux, toujours vaillant,
Montre
aux éternels non-vivants
Comment
tuer le temps.
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