La Terreur blanche
Chanson
française – La Terreur blanche – Marco Valdo M.I. – 2020
Quelques
histoires albanaises, tirées de nouvelles d’Ismaïl Kadaré,
traduites par Christian GUT et publiées en langue française en 1985
sous le titre La Ville du Sud.(6)
LA TERREUR BLANCHE |
Dialogue
Maïeutique
« La
Terreur blanche »,
Lucien l’âne
mon ami, voilà
qui me rappelle quelque chose. La terreur est un mal qui se répand
par toute la Terre : on en a vu des noires, des brunes, des
rouges, des bleues, des vertes, des safrans et bien sûr, des
blanches. De façon générale, il s’agit de massacrer ceux avec
qui on n’est pas d’accord et de préférence, des civils désarmés
et sans défense. Au
fait, les Vaudois ont connu ça.
Oui,
Lucien l’âne mon ami, dit Marco Valdo M.I. ; mais avant
d’aller plus avant, je voudrais faire une petite précision :
quand il s’agit de se massacrer entre militaires, on appelle ça la
guerre. Pour en revenir aux Vaudois, la Terreur blanche les
poursuivit souvent jusque dans leurs plus hautes retraites
désertiques et même plusieurs fois au cours du millénaire écoulé
et cette terreur blanche venait toujours du même côté, du côté
de l’Église catholique et de ses affidés. La terreur blanche
vient toujours de la droite, c’est la Terreur de la réaction et
elle déborde souvent en mouvements populaires, en mouvements des
foules assassines. Quand on regarde l’histoire,
la terreur
blanche a sévi et la liste n’est pas exhaustive – en France
(notamment en Bretagne), en Russie, en Hongrie, en
Chine, en Inde
et plus récemment, en Espagne et aux États-Unis, où elle est menée
par des organisations proches du KKK
– Ku Klux
Klan, où la
Terreur blanche est liée très étroitement au racisme et à la
volonté de domination de la « race blanche ».
Note qu’en Allemagne, dans le Reich nazi,
le même KKK résumait de la façon la plus
traditionnelle, le rôle de la femme : Kinder,
Küche, Kirche – littéralement, enfant, cuisine, église.
Je
pense même, dit Lucien l‘âne, qu’on
peut en trouver des traces en Amérique latine,
en Australie; enfin, un peu partout.
Soit,
dit Marco Valdo M.I., dans la chanson, c’est en Albanie qu’on la
retrouve. À l’époque, là, la Terreur blanche était l’œuvre
des royalistes et des fascistes albanais qui s’étaient alliés aux
fascistes italiens ; puis, après la déroute de ceux-ci et la
reprise des territoires par les armées allemandes, elle s’est
ralliée aux nazis l’essentiel était de combattre et d’éliminer
les partisans et les résistants. Cependant, dans la chanson, rien de
tout cela n’est précisé ; on ne peut que le deviner. Dans la
conversation des grands de la famille, on use du concept de « lutte
des classes » – ce qui indiquerait une orientation marxiste –
tendance Karl (je précise puisque toi et moi, nous sommes aussi
marxistes, mais de la tendance Groucho) et on tremble à l’idée de
la terreur blanche, ce qui indiquerait une orientation
anti-royaliste, antifasciste de la famille. On entend des coups de
feu, des assassinats se passent dans la nuit et tout ce qu’on sait,
tout ce qu’on perçoit, ce sont un inquiétant silence, l’effroi
des grandes personnes, les coups de feu et le commentaire glaçant de
la grand-mère :
Tac,
tac, tac ! Des tirs, des tirs encore.
J’entends
ces coups de feu dans la nuit :
Mémé
dit :« Dans la viande, dans le corps.
Malheureuses
femmes, pauvres enfants ! »
En
somme, dit Lucien l’âne, c’est la guerre (in)civile entendue du
lit d’un enfant. Écoutons-la et tissons le linceul de ce vieux
monde terrorisé, raciste, brut, brutal et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Terreur
blanche ! Terreur ! Terreur !,
Mots
terribles dans les conversations.
Aucun
grand ne répond à mes questions.
Quelle
est cette chose qui leur fait si peur ?
Comme
pour la lutte des classes, on ne me répond jamais.
Mais,
moi, je sais ce que c’est :
C’est
la guerre entre deux clans de rouspéteurs.
Mais
que font les instituteurs ?
Alors,
chez les grands, tout le monde rit.
Moi,
je rougis ; moi, je n’ai rien compris.
Mais
pour la terreur blanche, la terreur,
Personne
ne rit, c’est l’horreur.
Le
soir est triste autour du foyer.
De
mon lit, j’écoute les grands
Aux
yeux inquiets, aux visages tourmentés.
Ils
se taisent longtemps.
Au
moindre bruit, un craquement,
Une
porte qui bat, d’une voix blanche
Maman
dit : « C’est le vent ».
Pan,
pan, pan ! Terreur blanche !
Tac,
tac, tac ! Des tirs, des tirs encore.
J’entends
ces coups de feu dans la nuit :
Mémé
dit :« Dans la viande, dans le corps.
Malheureuses
femmes, pauvres enfants ! »
Le
blanc à présent me fait peur.
Peur
des roses blanches, des rideaux blancs,
Peur
de la chemise blanche de grand-maman.
Terreur
blanche ! Hiver ! Terreur ! Terreur !
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