ODE
À
CORONA
Version
française – ODE À CORONA – Marco Valdo M. I. – 2020
Chanson
italienne
– Lo
avrai, camerata Coronavirus
– Anonimo
Toscano del XXI secolo
– 27-03-2020
Il
s’agit d’une adaptation de la célèbre épigramme de Piero
Calamandrei. Peut-être a-t-elle été aussi écrite avec mes pas sur
la petite place qui lui est dédiée au centre de Florence. Elle est
plus longue que l’originale, et peut-être aurait-elle dû être
encore plus longue. Il y a beaucoup plus de pierres pour ériger le
monument au camarade Corona que celles énumérées ici. [AT-XXI]
Dialogue
Maïeutique
« Est-il
en notre temps
Rien
de plus odieux,
De plus désespérant
De plus désespérant
Que
de ne pas croire en Dieu ? »,
se
demandait Tonton Georges « le
mécréant », dit Marco Valdo M.I.
En
effet, dit Lucien l’âne en rigolant. Dieu est très utile, on voit
très bien ça en ce moment où les prières et les patients montent
au ciel et où rien ne redescend.
Toi
aussi, tu es un mécréant, mon ami Lucien l’âne. Donc, comme j’ai
dit, Georges Brassens était un mécréant, car même mort, même
dans la fosse commune du temps, comme il chantait dans Le
Testament, il continue à seriner aux oreilles des vivants et des
ânes, qui les ont longues. Et si j’ai évoqué cette question de
la croyance, c’est qu’il y a à présent une réponse.
Laquelle ?,
demande Lucien l’âne un peu interloqué.
C’est
qu’il ne faut pas croire, répond Marco Valdo M.I., il faut penser.
Je veux dire qu’il ne faut pas croire en Corona, ni en sa
dangerosité, ni à sa
perversion. Corona, contrairement à Dieu, n’est pas un ectoplasme,
c’est un être réel, un peu spécial, mais réel et
ce qu’il fait ou défait ou détruit est
tout aussi réel et constatable, ô combien et
au
travers de tout cela,
on peut constater la réalité de son existence et les effets de ses
actions et de ses actes sur la vie humaine. Corona, le Camarade
Corona, comme l’appelle ma version française, de cette chanson de
l’Athée du XXIe
Siècle, intitulée « Lo
avrai, camerata Coronavirus », qui
est elle-même une
parodie de la lapidaire de Piero Calamandrei : « Lo
avrai camerata Kesselring », dont j’avais fait il y a
presque 15 ans, la version française sous le titre d’« ODE À
KESSELRING ». C’est d’ailleurs pourquoi celle-ci s’intitule
« ODE À CORONA ».
Hou
là, Marco Valdo M.I. mon ami, nous voilà ramenés près de 15 ans
en arrière et le titre est même élucidé avant que je le demande.
Alors, ce qui m’intéresse à présent, c’est ce que dit la
chanson.
D’abord,
tu l’auras sans doute compris, Lucien l’âne mon ami, ce Camarade
Corona n’est autre que le virus qui occupe à présent à peu près
toutes les conversations et qui fait l’objet de bien des hantises,
des fantasmes et des obsessions. Je précise tout de suite que ce
n’est pas sans raison au vu des dégâts qu’il commet à son
propre insu, car, vois-tu, la chose est paradoxale, il répand la
mort sans intention de la donner ; il est responsable, mais pas
coupable, dirait un juriste. En fait, face aux effets de son passage,
qu’ils soient bons, mauvais, désastreux, terriblement létaux, le
Camarade Corona est comme le chameau : il s’en fout.
D’ailleurs, que pourrait-il faire d’autre ? Il y a là comme
une erreur à vouloir le personnifier, ça obligerait à lui donner
une intention, un but, une téléologie ; on sombrerait dans
l’absurdité ; mais il s’agit d’une chanson et comme
nombre de chansons, elle est prétexte à dire autre chose. Qui plus
est, c’est une parodie. Je te laisse donc découvrir ce que raconte
cette ode.
Soit,
dit Lucien l’âne, elle doit avoir sa raison d’être, sa logique
particulière et je vais m’empresser de voir de quoi il s’agit.
Maintenant, tissons le linceul de ce vieux monde vérolé, infecté,
infesté, contagieux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Tu
l’auras,
Camarade
Corona,
Le
monument que tu exiges de nous Italiens,
Et
que tu exiges de tous
les peuples du monde,
Tu
l’auras, tu le sais bien,
Mais
avec quelle pierre on le construira,
C’est
à nous de le décider.
Pas
avec la pierre financière
Qui
se sert de toi pour cette hécatombe ;
Pas
avec la pierre de la douleur
Des
villes et des villages déserts ;
Pas
avec la pierre des médecins et des travailleurs,
Condamnés
à mort pour un profit sans limites ;
Pas
avec la pierre de la solitude,
De
l’isolement et du désespoir
Que
chacun pour soi, nous vivons
En
ce printemps noir,
Infecté
de suspicion, de rétention,
Et
de mort
Sans
pouvoir fuir encore.
Pas
avec la pierre inhumaine
Du
calcul économique ;
Pas
avec la gêne
Des
comptes domestiques ;
Pas
avec la pierre palliative, ce décor
Fondé
sur des dieux plus morts que la Mort ;
Pas
avec la pierre des prières,
Pas
avec la pierre des processions ;
Pas
avec les drones et les armes
De
la répression
Qui
nous frappe tous ;
Pas
avec nos larmes
À
nous tous.
Ton
monument ! Tu l’auras,
Camarade
Corona
Et
ce monument sera
Fait
avec la pierre de notre silence
D’une
immense puissance,
Un
silence qui hurle,
Fait
de l’union et la dignité
De
femmes et d’hommes libres
Qui
ont débusqué la haine
Et
décidé d’éliminer
La
honte et la terreur du monde.
Tu
l’auras
Camarade
Corona
Ton
monument,
Fait
de la pierre des migrants,
Des
prisonniers, des vieux seuls et sans foyer.
Tu
l’auras
Camarade
Corona,
Ce
monument fait de la pierre
Taillée
dans les budgets resserrés
Des
malades et des soins de santé,
Tu
l’auras fait de la pierre des dépenses militaires
Tu
l’auras fait de la pierre dure du constat
Qu’en
ce monde, il n’y a
Ni
Italiens ni étrangers,
Que
seule existe une humanité,
Gens
écrasés et exterminés
Au
nom du sacro-saint Marché.
Toi,
camarade Corona,
Dont
la rumeur dit comme ça
Que
tu es né dans un marché.
Tu
l’auras fait de la pierre
Du
saccage naturel en cours ;
Tu
l’auras fait de la pierre
Du
pouvoir qui, plus que toujours,
Maintenant
encore,
Aveugle
et obéissant instrument de mort,
Est
un virus bien plus mortel que toi
Et les SS d’autrefois.
Si
tu voulais un jour revenir sur ces routes,
Tu
nous trouverais à nos postes,
Morts
et vivants avec le même engagement,
Pas
un peuple, mais de simples gens,
Toute
une humanité autour
De
ce monument qui s’appelle
Aujourd’hui
et pour toujours :
RÉSISTANCE !
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