L’Odyssée
du Conscrit
Chanson
française – L’Odyssée du Conscrit – Marco Valdo M.I. – 2020
ARLEQUIN
AMOUREUX – 47
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Paysage de Bohême
Caspar David Friedrich - 1808 |
Dialogue
Maïeutique
Mon
ami
Lucien
l’âne, avant
d’aborder la chanson et cette odyssée de conscrit, je te propose
une petite excursion mentale – on ne peut en faire d’autre en ces
temps de virus – du côté de la pandépidémie en cours et te
faire part d’une de mes réflexions à cet égard. En fait, il
s’agit tout simplement de constater l’étroite parenté
biologique entre l’humanité et son virus bien tempéré.
Comment
ça, demande Lucien l’âne ? De
toute façon, une telle réflexion est inévitable, on ne peut faire
semblant d’ignorer la folle aventure en cours. Explique-toi
vite, on n’a pas de temps à perdre en de longs commentaires.
Tu
dis juste, Lucien l’âne mon ami. Donc, pour ce qui est de la
parenté de l’humaine nation avec son virus, c’est une évidence ;
ils vivent ensemble, ils sont confinés ensemble, tous deux sur une
même minuscule planète d’une minuscule étoile d’une minuscule
galaxie. Ceci pur la dimension cosmique du problème ; sans
compter ensuite, sa dimension temporelle, elle-même infinitésimale.
Mais il m’était venu ainsi l’idée que si l’on prend comme
référence la planète, la Terre et donc, la vie organique ou
apparentée, il faut se rendre à une autre évidence : à cette
dimension, l’humanité se comporte exactement comme un virus. Elle
a envahi
toute la planète (ou a l’intention de le faire) et elle y détruit
systématiquement les autres espèces et les autres formes de vie.
En
somme, dit
Lucien l’âne, tu me dis que du point de vue planétaire,
l’humanité est un virus. Il me semble que ce n’est pas faux.
Évidemment, il se trouvera bien l’un ou l’autre scientifique
pour ne pas comprendre la dimension poétique du monde et contester
idiotement cette affirmation.
Mais,
il est heureux, dit Lucien l’âne, qu’il en est qui ont plus de
dimensions à leur regard.
Bien !,
reprend
Marco Valdo M.I., cela dit j’en viens à l’Odyssée du Conscrit,
lequel
n’est autre que l’Arlequin amoureux que nous suivons à la trace
dans cette longue évasion. Comme tu le sais, il y a un
branle-bas en Bohême et
les affaires de François Ier
et celles de la Cacanie ne s’arrangent pas. C’est la débandade.
Karl Mack, qui commande ses armées, a capitulé ; les Français
sont à Vienne. Pour
Matthias aussi, ça se complique : on l’a retrouvé, on
l’accuse d’assassinat. Mais heureusement, c’est la guerre et on
a besoin de soldats. On ne cherche pas plus loin et on renvoie le
déserteur à son régiment. Entretemps, toujours en fuite, l’armée
tout entière a disparu. Il ne manquait plus que ça : les
conscrits et leurs gardes qui ont perdu leur armée et même leur
régiment, divaguent, refusent d’obéir à leur officier, qui les
abandonne et sont donc, tous devenus déserteurs. Ce qui est curieux,
c’est qu’ils restent groupés comme pour se rassurer et ne savent
où aller.
Quel
bazar ! Et que peuvent-ils faire ?, demande Lucien l’âne.
Bonne
question, Lucien l’âne mon ami. Les conscrits-déserteurs,
toujours sans armes, ont très peur de la cavalerie mameluk des
Français et se relancent à la poursuite de l’armée autrichienne
au travers de la Bohême. Une vraie Odyssée, où Matthias, le
déserteur le plus expérimenté, emmène la troupe comme un Ulysse
des temps modernes.
Quelle
histoire, dit Lucien l’âne, pour
les sauvegarder,
il
n’y manquerait qu’un miracle en
Bohême. Voyons ça et tissons le linceul de ce vieux monde perdu,
perclus, diffus, confus et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pauvre
Karl Mack, défait, patience !
À
Josefstadt, vaincu, dans la forteresse :
Mort,
perpétuité ou future clémence ?
Finalement,
pour toi, rien ne presse.
Pauvre
Matěj Kuře, trahi par un curé,
Le
saint homme, mine de rien, l’accuse
D’avoir
assassiné Ondrěj Serenus.
Ce
ne serait rien, s’il n’était arrêté.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Par
son passeport, dénoncé :
« Serenus ?
Halt ! », il y a un dossier.
Matthias
suspecté d’assassinat est interrogé.
Pour
se disculper, il avoue sa vraie identité.
Le
déserteur de Marengo est repris.
Comme
son régiment est fort incomplet,
Sans
discuter, il engage les vieux comme lui ;
L’uniforme
blanc aux boutons jaunes, on lui remet.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Avec
vingt autres recrues, on l’envoie fissa
Rejoindre
son unité qu’on ne retrouve pas.
À
Ulm, l’armée se désagrège : quel cafouillis !
Le
régiment Colloredo n’existe plus ; il a fui.
Sans
armes, les apprentis soldats
Se
tiennent à l’écart du grand combat.
Mais
où est passée l’armée ?
Les
conscrits la cherchent. Quelle Odyssée !
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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