dimanche 22 mars 2020

L’Odyssée du Conscrit


L’Odyssée du Conscrit

Chanson française – L’Odyssée du Conscrit – Marco Valdo M.I. – 2020

ARLEQUIN AMOUREUX – 47

Opéra-récit historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola « Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J. Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez Flammarion à Paris en 1979.



Paysage de Bohême
Caspar David Friedrich  - 1808



Dialogue Maïeutique


Mon ami Lucien l’âne, avant d’aborder la chanson et cette odyssée de conscrit, je te propose une petite excursion mentale – on ne peut en faire d’autre en ces temps de virus – du côté de la pandépidémie en cours et te faire part d’une de mes réflexions à cet égard. En fait, il s’agit tout simplement de constater l’étroite parenté biologique entre l’humanité et son virus bien tempéré.

Comment ça, demande Lucien l’âne ? De toute façon, une telle réflexion est inévitable, on ne peut faire semblant d’ignorer la folle aventure en cours. Explique-toi vite, on n’a pas de temps à perdre en de longs commentaires.

Tu dis juste, Lucien l’âne mon ami. Donc, pour ce qui est de la parenté de l’humaine nation avec son virus, c’est une évidence ; ils vivent ensemble, ils sont confinés ensemble, tous deux sur une même minuscule planète d’une minuscule étoile d’une minuscule galaxie. Ceci pur la dimension cosmique du problème ; sans compter ensuite, sa dimension temporelle, elle-même infinitésimale. Mais il m’était venu ainsi l’idée que si l’on prend comme référence la planète, la Terre et donc, la vie organique ou apparentée, il faut se rendre à une autre évidence : à cette dimension, l’humanité se comporte exactement comme un virus. Elle a envahi toute la planète (ou a l’intention de le faire) et elle y détruit systématiquement les autres espèces et les autres formes de vie.

En somme, dit Lucien l’âne, tu me dis que du point de vue planétaire, l’humanité est un virus. Il me semble que ce n’est pas faux. Évidemment, il se trouvera bien l’un ou l’autre scientifique pour ne pas comprendre la dimension poétique du monde et contester idiotement cette affirmation.

Mais, il est heureux, dit Lucien l’âne, qu’il en est qui ont plus de dimensions à leur regard.

Bien !, reprend Marco Valdo M.I., cela dit j’en viens à l’Odyssée du Conscrit, lequel n’est autre que l’Arlequin amoureux que nous suivons à la trace dans cette longue évasion. Comme tu le sais, il y a un branle-bas en Bohême et les affaires de François Ier et celles de la Cacanie ne s’arrangent pas. C’est la débandade. Karl Mack, qui commande ses armées, a capitulé ; les Français sont à Vienne. Pour Matthias aussi, ça se complique : on l’a retrouvé, on l’accuse d’assassinat. Mais heureusement, c’est la guerre et on a besoin de soldats. On ne cherche pas plus loin et on renvoie le déserteur à son régiment. Entretemps, toujours en fuite, l’armée tout entière a disparu. Il ne manquait plus que ça : les conscrits et leurs gardes qui ont perdu leur armée et même leur régiment, divaguent, refusent d’obéir à leur officier, qui les abandonne et sont donc, tous devenus déserteurs. Ce qui est curieux, c’est qu’ils restent groupés comme pour se rassurer et ne savent où aller.

Quel bazar ! Et que peuvent-ils faire ?, demande Lucien l’âne.

Bonne question, Lucien l’âne mon ami. Les conscrits-déserteurs, toujours sans armes, ont très peur de la cavalerie mameluk des Français et se relancent à la poursuite de l’armée autrichienne au travers de la Bohême. Une vraie Odyssée, où Matthias, le déserteur le plus expérimenté, emmène la troupe comme un Ulysse des temps modernes.

Quelle histoire, dit Lucien l’âne, pour les sauvegarder, il n’y manquerait qu’un miracle en Bohême. Voyons ça et tissons le linceul de ce vieux monde perdu, perclus, diffus, confus et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Pauvre Karl Mack, défait, patience !
À Josefstadt, vaincu, dans la forteresse :
Mort, perpétuité ou future clémence ?
Finalement, pour toi, rien ne presse.

Pauvre Matěj Kuře, trahi par un curé,
Le saint homme, mine de rien, l’accuse
D’avoir assassiné Ondrěj Serenus.
Ce ne serait rien, s’il n’était arrêté.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Par son passeport, dénoncé :
« Serenus ? Halt ! », il y a un dossier.
Matthias suspecté d’assassinat est interrogé.
Pour se disculper, il avoue sa vraie identité.

Le déserteur de Marengo est repris.
Comme son régiment est fort incomplet,
Sans discuter, il engage les vieux comme lui ;
L’uniforme blanc aux boutons jaunes, on lui remet.

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

Avec vingt autres recrues, on l’envoie fissa
Rejoindre son unité qu’on ne retrouve pas.
À Ulm, l’armée se désagrège : quel cafouillis !
Le régiment Colloredo n’existe plus ; il a fui.

Sans armes, les apprentis soldats
Se tiennent à l’écart du grand combat.
Mais où est passée l’armée ?
Les conscrits la cherchent. Quelle Odyssée !

Oui, Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.

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