LA MAISON BRUNE
Version
française – LA MAISON BRUNE – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson
allemande – Das
Braune Haus – Erich
Mühsam – 1931
Un
poème de Mühsam publié en mars 1931 dans l’hebdomadaire « Die
Welt am Montag - Unabhängige Zeitung für Politik und Kultur »,
fondé en 1896 et fermé en 1933 (évidemment…).
Musique
de Dieter Süverkrüp
Album
« Erich Mühsam : Ich lade Euch zum Requiem » (1995),
avec Walter Andreas Schwarz.
LA MAISON BRUNE |
« Das
Braune Haus » (La Maison Brune) se trouvait à Munich, ville
considérée – in illo tempore – comme la capitale du mouvement
national-socialiste. Elle était située au 34 de la Brienner Straße
qui est une des quatre avenues royales à Muncih, elle-même capitale
de l’ancien Royaume de Bavière. « Das braune Haus »
fut le quartier général du parti nazi de 1920 à 1945. C’était
l’ancien Palais Barlow de style classique acquis par le NSDAP grâce
l'aide financière de l’industriel Fritz Thyssen ; la siège
national du parti nazi y emménage en 1931.
La
Maison brune fut fortement
endommagée
en 1943
et presque totalement détruite plus tard par les bombardements de
l’aviation alliée. Les ruines furent enlevées en 1947
et
le terrain laissé à
l’abandon.
Un projet de musée fut élaboré entre 1990 et 2010 afin de
remplacer les ruines des fondations par un lieu de mémoire et de
documentation : le centre
de documentation sur l'histoire du national-socialisme, qui
y a
finalement été érigé.
Dialogue
Maïeutique
Oui,
je sais, Lucien
l’âne mon ami, tu te demandes encre une fois ce que peut cacher ce
titre-là. Eh bien, tout simplement ce qu’il indique : une
maison brune, car brune, elle l’était au propre : sa façade
était ocre, et au figuré : elle était la maison nazie en
uniforme S.A., le
siège du NSDAP – Nationalsozialistische
Deutsche Arbeiterpartei, Parti national-socialiste des
travailleurs allemands. Ceci dit, j’indique tout ce qui la concerne
au passé, car véritablement, elle n’existe plus : la guerre
l’a ruinée.
Quelle
excellente idée, dit Lucien l’âne, qu’elle a eue la guerre de
raser la Maison Brune et d’éliminer son résident principal et
toute sa clique. Mais donne-moi, si tu en connais, quelques
informations sur cette maison brune.
Une
idée d’autant meilleure, enchaîne Marco Valdo M.I., qu’elle
pouvait devenir une sorte de symbole, de lieu de pèlerinage nazi qui
aurait inopportunément rappelé que la ville de Munich avait été
« honorée » par le Parti à partir de 1935 du titre
d’« Hauptstadt der Bewegung » – « Capitale du
Mouvement », chose qu’il convenait de faire oublier. Donc,
dans un premier temps, elle fut quasiment détruite par les
bombardements et par la suite, la ville a fait déblayer les ruines
et a fait bâtir à sa place un Centre de Documentation sur
l’histoire du National-Socialisme, qui en rappelle méticuleusement
tous les méfaits et les crimes, afin qu’on sache ce qu’il a fait
réellement.
Merci
de toutes
ces précisions, Marco Valdo
M.I. mon ami. À présent, ne pourrais-tu pas me parler un peu de la
chanson elle-même, car pour ce qui est de son auteur Erich Müsham,
je me souviens que tu avais écrit toi-même une chanson à sa
mémoire et à cette occasion, on avait longuement dialogué à son
sujet. Elle s’intitulait, si je me souviens bien : « Erich
Mühsam, poète, anarchiste et assassiné ».
C’est
exact, Lucien l’âne mon ami, tu as une très bonne mémoire.
C’était même la soixante-troisième
chanson du cycle des Histoires d’Allemagne, qui couvrait tout le
siècle dernier en plus de cent-vingt chansons. Pour ce qui est de
cette chanson-ci, elle est principalement
la réflexion d’un chômeur qui met en balance la misérable
condition qui est la sienne ainsi que son triste logement :
« Dans
notre cage à lapins, affamés,
On
est coincés dans un logement confiné »
et
celle du nazi de base : « il vit lui-même dans un trou à
rat » et le palais d’Hitler, la Maison Brune. Il en détaille
le décor et en profite pour ramener le Führer à sa médiocrité
artistique au travers de cette péremptoire affirmation de la
Maison :
« Alors
la Maison Brune clame clairement :
Qu’il
reste ce qu’il était avant ! »
Je
me souviens aussi, Marco Valdo M.I. mon ami, que tu avais fait la
version française de « Das Lied vom Anstreicher Hitler »
de Bertolt Brecht sous
le titre LA
CHANSON DU PEINTRE HITLER. C’était
la soixante-cinquième
chanson du cycle des Histoires d’Allemagne. Ainsi,
concluons et tissons le linceul de ce vieux monde aux relents nazis
(une poignée de mains en Thuringe ébranle ces jours-ci toute la
République Fédérale Allemande), bégayant,
insouciant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Pointer
n’est pas un passe-temps !
Travailleuses
et travailleurs,
Chaque
jour vont en de longs rangs
Demander
un travail, une occupation
Et
sans respect pour le demandeur,
On
leur répond : « Merci beaucoup – non ! »
Dans
notre cage à lapins, affamés,
On
est coincés dans un logement confiné.
Seul
le nazi peut supporter ça,
Car
après Munich, son rêve s’est élevé,
Mais
il vit lui-même dans un trou à rat
Et
Hitler vit dans un palais doré.
Entre
le marbre, le verre et le bronze,
Les
persans, les curiosités et les damasseries,
Sous
le poids de la dette allemande,
Tristement
soupire le bonze.
Triomphantes,
les croix gammées pendent
Au-dessus
du mobilier de leur infamie.
Sur
les parois de la grande salle,
Se
désolent d’héroïques croûtes banales,
Des
épées, des drapeaux, des armures, des étendards
Et
un râtelier plein d’armes – légal !
La
Maison Brune d’Hitler clame sa gloire
Jusqu’à
ce que le peuple allemand en ait marre.
Les
trouffions en chemise marron,
Jour
et nuit, assurent sa protection.
Et
du danger et de la juiverie,
Défendent
les tapisseries
D’où,
croisée de la croix gammée,
L’âme
personnelle d’Hitler s’est envolée.
Adolf
Hitler, qui avait été
Autrefois
peintre-décorateur de métier,
Marche
par marche poursuit haut
Son
ascension, toujours plus haut.
Alors
la Maison Brune clame clairement :
Qu’il
reste ce qu’il était avant !
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