jeudi 30 janvier 2020

LE COUVRE-FEU

LE COUVRE-FEU



Version française – LE COUVRE-FEU – Marco Valdo M.I. – 2020
Chanson italienne – CoprifuocoLe luci della centrale elettrica2017

 
Mostar et son pont  - Avant


Couvre-feu. Une chanson dans laquelle se confondent les événements contemporains et les faits personnels. C’est l’écho d’un voyage en Bosnie que j’avais fait avec un ami il y a une dizaine d’années ; à Mostar, nous avons découvert que les clochers et les minarets maintenant effondrés se ressemblaient tous, des décombres, on ne pouvait pas les distinguer les uns des autres. Au-dedans, les arbres avaient déjà poussé, le temps écoulé depuis la fin de la guerre se mesurait à leur hauteur. Dans cette chanson, il y a une fille qui déménage à Toronto pour se rendre compte que c’est une grande Varèse et il y a aussi un ouragan en route auquel les experts ont donné son nom.

(Vasco Brondi)


Petit dialogue maïeutique




Avant la guerre de Bosnie, dit Marco Valdo M.I., il y avait un pont à Mostar ; en 1993, pendant la guerre, il fut détruit ; ensuite, après la guerre, on l’a reconstruit à l’identique – inauguration du nouveau pont en 2004. Depuis lors, il est toujours là.

Oh, dit Lucien l’âne, c’était bien la peine de faire la guerre et de tuer tous ces gens. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde insensé, criminel, destructeur, reconstructeur et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le soir tombait
Sur une Europe multiculturelle belle et minable,
Sur un autre bar qui change de direction,
Sur un autre héros à oublier.


Le jour des attentats, tu as écrit
Pour rassurer tout le monde
Que comme toujours, tu étais de ce côté,
Mais pas parmi les morts ou les blessés .


La paix viendra inattendue et bénie :
Comme chaque soir, tu seras morte de fatigue ;
Ils seront tous agenouillés en direction de l’Amérique du Nord,
De l’Italie du Nord ou de La Mecque.


Tu fermeras les yeux pour voir dehors :
L’hiver le plus doux des dix mille dernières années,
Ces quatre arbres, tes saints patrons
Et ta mère, la madone des angoisses.


Là où il y avait un minaret ou un clocher,
Il y a un arbre en fleurs parmi les ruines.
Nous sommes deux, aveuglés par le soleil,
Pendant que tu cherches à expliquer
Ce qui nous a fait inventer :
La Tour Eiffel,
Les guerres de religion,
La station spatiale internationale,
Les armes de destruction massive,
Et les chansons d’amour.


Qu’est-ce qui nous rend uniques et fragiles,
Avec sept vies et sept milliards de désirs,
Une peau très fine
Et toujours assaillis de pensées


Sur cette planète appelée Terre –
Même si, comme nous, ce n’est quasiment que de l’eau,
Comme nous entre un amour et une guerre,
Assiégés par ce qui manque ?


C’était pour t’éloigner de moi, de toi,
De la place de la cathédrale,
Tu as découvert que Toronto est un plus grand Varese,
Mais à part le froid, n’est pas si mal.


Là, il y a des filles comme toi
Qui petites ont été très seules
Et maintenant, sont plus fortes qu’un pays entier.
Il y a un ouragan avec ton nom,
Des avions militaires qui, comme certains baisers, ne font pas de bruit.


Là où il y avait un minaret ou un clocher,
Il y a un arbre en fleurs parmi les ruines.
Nous sommes deux, aveuglés par le soleil,
Pendant que tu cherches à expliquer
Ce qui nous a fait inventer :
La Tour Eiffel,
Les symphonies de Beethoven,
La station spatiale internationale,
Les armes de destruction massive,
Et les chansons d’amour.


Ce qui nous a fait inventer :
La Tour Eiffel, les guerres de religion,
La station spatiale internationale,
Les armes de destruction massive,
Et les chansons d’amour.

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