L’Enfant
de Barbora
Chanson
française – L’Enfant de Barbora – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN
AMOUREUX – 31
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
« Oh, Barbora, tu connaîtras le bonheur sur terre ! » |
Dialogue
Maïeutique
Comme
le dévoilait déjà la précédente chanson du cycle d’Arlequin
amoureux, dit Marco Valdo M.I., la fille Barbora était enceinte et
bien proche d’accoucher. Jusque-là, dans cette interminable fuite,
elle s’était comportée avec le courage, la bonne volonté et
l’obstination nécessaires. Et tout ça, sans jamais se plaindre.
Je
me souviens très bien de ça, dit Lucien l’âne. Sans doute
également, elle n’avait pas trop le choix ; sauf évidemment
à vouloir tenter l’aventure en solitaire, il lui fallait suivre
Matthias. De plus, j’ai comme l’impression qu’elle s’accrochait
à lui aussi, car pour tout dire, elle l’aimait ; à sa
manière, secrète et silencieuse.
Oui,
sans doute, Lucien l’âne mon ami. Ici, durant la veillée natale,
j’écris et je vais publier cette chanson, qui ferait un émouvant
conte de Noël. Écoute voir ! D’abord, la belle enfant qui a
trouvé refuge et gîte dans une habitation de fortune, est prise des
préliminaires annonciateurs de l’enfantement et Matthias, qui est
le seul être vivant à ses côtés, se dévoue tant et plus. Le
voilà seul à présent à monter son petit théâtre, ameuter le
public, jouer et rejouer Faust et Geneviève – tout son répertoire
pour ramener de quoi nourrir et encourager la malheureuse Barbora.
« Oh,
Barbora, tu connaîtras le bonheur sur terre ! »
Voilà
une magnifique promesse, dit Lucien l’âne.
Le
mieux de l’histoire, répond Marco Valdo M.I., c’est que Matthias
s’y tiendra. Grâce à toute cette agitation, à ses efforts, elle
connaît un petit bonheur. Un soupçon ou une grande goulée, mais du
bonheur et sans doute aussi, pour la première fois dans toute sa
vie.
Ah,
dit Lucien l’âne, ça fait plaisir ; mais comme disait
Lætitia : « Pourvu que ça dure ! »
Procédons
à partir de là, reprend Marco Valdo
M.I., comme le suggère la sagesse (?) populaire, les meilleures
choses ont un temps et il est souvent bien court (Est-ce
ainsi que les hommes vivent ?).
« Cœur
léger cœur changeant cœur lourd
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit. »
Le temps de rêver est bien court
Que faut-il faire de mes jours
Que faut-il faire de mes nuits
Je n’avais amour ni demeure
Nulle part où je vive ou meure
Je passais comme la rumeur
Je m’endormais comme le bruit. »
Et
très rapidement, les événements se précipitent. Un matin, Barbora
met au monde un garçon et dans la fin de l’après-midi, elle meurt
– probablement d’épuisement. La conséquence, c’est que
Matthias se retrouve à devoir s’occuper de l’enfant et des
funérailles de la mère. Mais là aussi, tout se précipite et
l’enfant – un garçon nommé Lukas, meurt – lui aussi, las de
vivre.
Oh,
dit Lucien l’âne, il a bien fait de se laisser aller, car pour
lui, la vie ne se présentait pas sous de riants auspices. Alors, ne
pouvant rien pour lui, ni pour sa mère, tissons le linceul de ce
vieux monde
pluvieux, humide,
malheureux, catastrophique et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Il
pleuvait. Il tombait des cordes sans arrêt.
Le
temps de la récolte était passé.
Au
tronc d’un pommier, Barbora s’appuyait
Ses
jambes d’enfant l’empêchent de marcher.
En
contre-bas, Matthias regardait
Une
avoine où les javelles noircissaient.
La
disette envahissait la monarchie.
De
sa vareuse essorée, Arlequin protégeait la fille.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Et
alors, Matthias jouait jusqu’à l’épuisement
Faust
et Geneviève : hop, bis et encore une fois.
À
l’arrière du moulin, sans bœuf, sans âne, Barbora
Hagarde,
essoufflée en était à l’enfantement.
Chaque
jour, de ses courses solitaires,
Le
marionnettiste déserteur ramenait à la resserre
Des
œufs, du beurre, du fromage, de la bière.
Oh,
Barbora, tu connaîtras le bonheur sur terre !
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Mardi
matin, sur les neuf heures, Barbora
Enfin
libérée, d’un fils accoucha.
Mardi
soir, vers six heures, Barbora
Sans
un cri, sans un mot, défuncta.
Mercredi
matin, s’en vient un vicaire
Baptiser
Lukas pour vingt kreutzers.
Jeudi
matin, l’orphelin de Barbora –
Il
pleuvait toujours – de la vie se lassa.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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