Dans
la Hotte
Chanson
française – Dans la Hotte – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN
AMOUREUX – 29
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l’édition française de « LES JAMBES C’EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Malgré
la peur qui le pousse à fuir encore et toujours,
dit
Marco Valdo, Matěj
le déserteur a pris en charge Barbora, l’orpheline. Il sent qu’il
en a la responsabilité tant elle lui paraît démunie face à la
vie. Et en vérité, c’est le cas.
Évidemment,
dit Lucien l’âne, ça doit lui compliquer les choses.
Finalement,
dit Marco Valdo M.I., jusqu’ici, pas tellement et tout serait pour
le mieux, s’il n’y avait en arrière-plan, Arlecchina qui
régulièrement l’asticote de ses accès de jalousie. Sans doute,
mal venue, mais tu sais ce qu’il en est de la jalousie.
Oh
oui, dit Lucien l’âne, ce n’est pas un sentiment, c’est une
émotion et si on peut conduire un sentiment, on ne peut maîtriser
une émotion.
Donc,
poursuit Marco Valdo M.I., Arlecchino
le sait bien que Barbora dérange Arlecchina, mais qu’y faire ?
Il ne peut la laisser là comme ça.
On
dirait, suggère Lucien Lane, qu’il a hérité d’une enfant,
d’une fille de dix-sept ans. Au fait, comment va-t-elle ?
Ce
jour-là, reprend Marco Valdo M.I., celui que raconte la chanson,
elle va apparemment mieux. Lui aussi ailleurs, car c’est un jour
heureux. Et je m’en vais te dire en quoi.
Oui,
certes, je t’en prie, j’aimerais savoir, dit Lucien l’âne.
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, nos héros – peut-on vraiment dire
nos héros tant ils sont déshérités, tant ils fuient tels les
migrants à travers l’Europe. Comme tu vois, la chose n’est pas
nouvelle. Donc, cela fait plusieurs jours qu’ils louvoient à
travers la Bohême pour
dépister les éventuels poursuivants. Mais même les maigres vivres
viennent à se tarir et il faut impérativement entrer dans un
village et essayer de gagner de quoi se nourrir. Pour Arlequin,
le moyen de se refaire un peu de provisions et d’argent est de
donner un spectacle et d’espérer de la générosité des
spectateurs. C’est le destin des comédiens ambulants.
« Cependant,
dit Arlecchino, il faut manger :
La
faim est la maîtresse de l’art.
Pour
ça, dit Arlecchina, il faut jouer :
Le
spectacle est le maître du lard. »
Ah !
Ah !, la maîtresse de l’art, le maître de lard, ou
inversement ; j’aime beaucoup ce rapprochement ; il me
semble d’ailleurs assez juste. Et donc, répond Lucien l’âne,
Matthias et Barbora vont se muer en entreprise théâtrale ?
Exactement,
répond Marco Valdo M.I., mais comme on l’a vu, dans la hotte de
Matthias, alias cette fois Vojtěch Bornelli, d’ascendance
italienne, né en Bohême, sont douillettement installés tous les
acteurs de la petite troupe du castelet. Arlequin va les réveiller
et les mettre à l’ouvrage devant ce public improvisé qui n’en
croit pas ses yeux de voir le Docteur Faust et le Diable Méphisto.
L’avantage, c’est que ce public paie – certes, selon ses
moyens, mais volontiers : un œuf pour un enfant, une motte de
beurre pour un grand et même, en piécettes de monnaie, si
précieuses. Le reste, je laisse la chanson le révéler.
Oui,
Marco Valdo M.I. mon ami, tu as raison ; il faut toujours
laisser une surprise. Alors, tissons le linceul de ce vieux monde
pourchasseur, poursuiteur, limier et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Dans
la hotte, les comédiens comme de petits anges
Dorment
sur l’une, puis sur l’autre joue.
Arlequin
et Barbora ronflent dans la nuit des granges ;
Et
le jour, marchent pedibus dans la boue.
Chaque
matin, la troupe prend une autre direction,
Détour,
ruse et louvoiement de la désertion,
Pour
égarer le lévrier ou le gendarme qui la poursuit ;
Sans
un mot, du même pas, toute la cohorte suit.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Cependant,
dit Arlecchino, il faut manger :
La
faim est la maîtresse de l’art.
Pour
ça, dit Arlecchina, il faut jouer :
Le
spectacle est le maître du lard.
À
l’auberge, dans un coin de la cour,
Bric,
broc, on installe le bric-à-brac du castelet.
Matthias
s’en va avec sur la tête, un joli plumet ;
Arlequin
crie et tambourine dans tous les alentours.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Tel
le joueur de flûte, au théâtre, il entraîne les enfants
Et
là : muets, yeux ronds, petits et grands écoutent
Le
docteur Faust et le diable Méphisto qui se disputent.
Tous
ont payé : d’un œuf, d’un peu de beurre ou d’argent.
Le
soir venu, au chaud, en la salle de l’auberge,
Sous
l’œil jaloux d’Arlecchina, pour une fois,
Au
chaud, à l’abri, Arlecchino et Barbora,
Contents,
paisiblement, boivent et mangent.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
Oui, Monsieur Chi,
Oui, Monsieur Nelle,
Oui, Monsieur Polichinelle.
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