La
Porte
Chanson
française – La Porte – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN
AMOUREUX – 7 ter
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dans les jardins du monastère de Litomysl |
Dialogue
Maïeutique
L’autre
soir, on avait,
Lucien l’âne mon ami,
laissé
notre Arlequin amoureux sur la scène du théâtre du Comte
Wallenstein dans une position pour le moins scabreuse. Rappelle-toi
que patatras, la statue du Commandeur était tombée de son socle et
montrait au public ahuri son derrière, car, souviens-toi, Matthias à
qui le Comte avait imposé ce rôle ingrat, s’était présenté aux
gens et aux amis du Comte : de dos, à genoux et sans caleçon.
Évidemment
que je m’en souviens, répond Lucien l’âne. On n’oublie pas
une pareille scène, ni une chanson intitulée : « Une
Statue
ne porte pas de Caleçon ».
J’en
ris encore.
Toi,
peut-être, répond Marco Valdo M.I., et peut-être même le public
osa-t-il le faire après que la Comtesse Hohenfeld, d’ordinaire si
rébarbative, ait laissé se déployer son hilarité éclatante.
Certainement pas le Comte qui avait renvoyé Matthias sur le champ en
lui concédant un viatique de huit piastres – une petite fortune
pour notre vagabond. Luigi Sevastiano, maestro in teatro, alias pour
l’intime Arlecchino, ainsi banni du
château de Litomysl, se réfugie à la taverne où se retrouvent les
soldats et les officiers de la garnison. Arlecchino prudent s’est
installé à la table près de la porte.
À
mon
avis, dit Lucien l’âne, cette prudence de principe, ce principe de
précaution appliquée est une seconde nature qu’il a dû acquérir
au cours de ses années d’errance clandestine. Si je me souviens
bien, il s’est écoulé au moins onze ans depuis sa première
désertion.
En
effet, dit Marco Valdo M.I., et bien lui en a pris, car dans la
salle, un officier – présent à Marengo – reconnaît son visage
et se dirige vers lui pour l’arrêter. Il ne reste à Arlequin
(alias etc.) qu’à sortir sans tarder sous la pluie battante et à
fuir dans la ville poursuivi par l’officier et quelques soldats.
Cette chasse mène notre déserteur devant la porte du monastère des
frères piaristes, où il est bien connu et apprécié du Père
Prosper, avec lequel il travaillait au théâtre, qui l’accueille
et l’abrite sans poser de question.
Ouf,
dit Lucien l’âne, il a eu chaud sous la pluie glaciale, mais tout
est bien qui finit bien – au moins pour ce soir-là. Je suis bien
content pour le maestro Luigi Matthias Pollo Arlecchino Sevastiano.
Maintenant,
tissons le linceul de ce vieux monde persécuteur, vindicatif,
dangereux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
À
la taverne, les soldats entrent et sortent ;
Matthias
songe près de la porte :
Je
ne suis pas fait pour l’armée,
Je
n’aime ni le fusil, ni l’épée.
Oh,
Pollo, c’est toi, tout trempé sur ce banc ?
Oh,
Pollo, ne te fais pas de mauvais sang.
Oh,
Pollo, mange, bois ta bière, sois patient !
Oh,
Pollo, il n’y a rien d’autre à faire par ce temps.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Pollo,
le galonné te reluque
Comme
un curé le petit Jésus.
Pollo,
ne laisse voir que ta nuque,
Si
tu te tournes, tu es perdu.
L’officier
se souvient bientôt,
Il
se rappelle exactement ce visage :
Ce
soldat avait déserté dans le village,
Là-bas
en Italie, là-bas, à Marengo.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Fonce,
Matthias, le bruit des pas
Martèle
la boue et le pavé derrière toi ;
Vorwärts !
En avant ! Ne le perdez pas !
Arlecchino,
mon ami, ne ralentis pas !
Ah,
la porte, la porte, Maestro !
La
cloche, la cloche, Sevastiano !
Père
Prosper, ouvrez, ouvrez !
Entrez
donc, mon frère, vous abriter.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire