La
Mare aux Cochons
Chanson
française – La Mare aux Cochons – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN
AMOUREUX – 8 bis
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Véritablement,
Lucien l’âne mon ami,
notre Arlequin au monastère a le temps long et s’est résolu à
travailler. Comme je ne me souviens pas si je te l’ai déjà
précisé, ce monastère par ailleurs est aussi un collège où
l’ex-maestro a été abrité – des foudres militaires et des
aléas de l’hiver – par le Père Prosper auquel finalement, il
sert de surveillant-assistant durant les heures d’école. Après
avoir pesé le pour et le contre de sa situation, après avoir
interrogé à ce sujet Dieu (le père) lui-même et Arlecchina, il
balançait encore, affirmant au Père Prosper et même, au Supérieur
du monastère qu’il avait l’intention de se faire à la vie
monastique, Matthias se décide soudain. Tel est le thème de la
chanson.
Dans
le fond, réfléchit Lucien l’âne, moi, je le comprends et je
comprends tous ses revirements. Car, quand même, dans cet
établissement, il est garanti contre bien des choses et des dangers
de l’existence : le froid, la faim, la pluie ; il
bénéficie d’un toit, de vêtements, d’une vie tranquille et
régulière.Et
en plus, il est à l’abri des poursuites militaires. Mais
évidemment, il est enfermé et cette vie monacale n’est pas celle
qui convient à son tempérament.
Donc, finalement, il tranche.
Comme
on pouvait l’imaginer, Lucien l’âne mon ami, cette décision
n’est pas sans rapport avec le retour du printemps et la venue des
belles saisons. En fait, Arlecchino, habitué à l’errance, ne
tient plus en place ; dans ce couvent, il se sent comme en
prison. Et
il choisit de s’en échapper. D’abord, il pense le faire comme un
prisonnier qui se fait la belle, c’est-à-dire en catimini, sans
prévenir qui que ce soit ; mais au dernier moment, il a le chic
de saluer le Père Prosper – le seul qui veille encore à cette
heure sombre, et de l’aviser de son escapade. Malgré tout, malgré
ce mouvement de confiance, ses habitudes de dissimulation et de
mensonge, héritées de sa vie vagabonde et clandestine, le
reprennent au dernier moment et il invente une fois encore, comme un
élève dissipé, une excuse qu’il pense acceptable, ajoutant le
mensonge au mensonge. De même, il ne peut s’empêcher de commettre
un dernier larcin.
Mais,
dis-moi Marco Valdo M.I. mon ami, que vient faire dans tout ça cette
mare aux cochons qui donne le titre à la chanson ?
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, Mathieu, Matthias, Matteo,
Luigi Sevastiano Arlecchino
Kuře
tout
comme il n’a pas pu s’empêcher de faire un détour par la
sacristie pour y dérober quelques objets de valeur, ne peut s’en
aller par la voie normale : la porte par laquelle il était
pourtant entré précipitamment quand il était en danger. Il le fait
nocturnement et comme à cette heure, le couvent est clos
hermétiquement, il passe par les jardins et franchit le mur
d’enceinte à l’aide d’une échelle qu’il avait posée là,
derrière les groseilliers. Cependant,
c’est la nuit noire et du haut du mur, il ne peut voir le sol.
C’est ainsi qu’il finit par se lancer dans l’inconnu et
s’immerger dans la mare aux cochons. Un incident malodorant, en
quelque sorte, prémonitoire ou en tout, exemplaire et illustratif de
la situation dans laquelle il se replonge.
En
effet, dit Lucien l’âne en riant, il se jette volontairement dans
le brin et c’est assez drôle – du moins, pour les spectateurs.
Cela dit, tissons le linceul de ce vieux monde boueux, vaseux,
merdeux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
n’en peux plus ! Juré, promis,
C’est
fini, je m’en vais d’ici.
Fuir
toujours, toujours fuir
Du
déserteur, c’est l’avenir.
Dans
un drap sur le plancher
Pliés
les vêtements, posés les souliers,
Un
quignon de pain sec, des pommes ridées
Et
Santa Arlecchina soigneusement roulée.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Qu’est-ce
qui vous arrive, Matthias ?
Ma
mère me réclame, elle trépasse.
Où
vas-tu vraiment, Matthias ?
Dehors,
très loin, où le vent s’efface.
De
nuit, à pieds de bas ?
N’emportes-tu
rien avec toi ?
Mon
baluchon, un ciboire,
Trois
chasubles et au revoir !
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Aller
entre le persil et les carottes,
Jusqu’au
mur, au pied de l’échelle
Et
grimper, une deux, avec ma hotte
Sur
la crête, souffler, la vie est belle.
Maintenant,
sauter dans le noir.
Qu’y
a-t-il en bas ? Rien, une mare
Où
seuls les cochons vont boire,
Où
passe la route de l’espoir.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
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