Arlecchino
au Couvent
Chanson
française – Arlecchino au Couvent – Marco Valdo M.I. – 2019
ARLEQUIN
AMOUREUX – 7 bis
Opéra-récit
historique en multiples épisodes, tiré du roman de Jiří Šotola
« Kuře na Rožni » publié en langue allemande, sous le
titre « VAGANTEN, PUPPEN UND SOLDATEN » – Verlag C.J.
Bucher, Lucerne-Frankfurt – en 1972 et particulièrement de
l'édition française de « LES JAMBES C'EST FAIT POUR
CAVALER », traduction de Marcel Aymonin, publiée chez
Flammarion à Paris en 1979.
Dialogue
Maïeutique
Ah,
Lucien l’âne mon ami,
commençons par resituer note Arlequin dans son parcours tourmenté :
parti de Marengo,
pour cause de désertion, il fuit à travers l’Europe des premières
années du siècle, quand Bonaparte se muait en Napoléon. Après un
passage par Venise, il parvient au terme d’une errance
à travers les Alpes autrichiennes à retrouver pour un temps fort
court son
Arlecchina, perdue de vue depuis onze ans ; puis, chacun
repart de son côté – elle vers l’Italie et lui, notre
déserteur, passé par Prague aboutit sous l’identité de
Sevastiano, homme de théâtre et d’opéra napolitain, au château
de sa ville
de Litomyšl
où
la Comtesse
Franziska
en fait son bouffon en attendant le retour de son mari, le Comte
Wallenstein. Au retour du maître des lieux, tout semblait bien se
passer jusqu’au moment où notre Matthias,
en statue nue du Commandeur, laisse tomber le voile et montre son
cul sur la scène. Renvoyé sur le champ, il doit aussitôt fuir, car
il est reconnu par un officier de son ex-régiment ; Arlequin le
déserteur se réfugie au couvent. C’est
là que nous en sommes dans cette chanson faite elle aussi de
morceaux excédentaires qui sans elle, seraient irrémédiablement
perdus.
Eh
bien, merci mille fois, Marco Valdo M.I. mon ami, car depuis le temps
et avec tous ces bouleversements, je ne m’y retrouvais plus trop
dans cette odyssée baroque.
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, la vie est parfois absurde et
contraignante. Ainsi, notre déserteur Matthias, si épris de
liberté, s’est lui-même enfermé – d’abord dans un château
où il s’ennuyait en attendant il ne savait trop quoi et à peine
sorti, il se terre dans un couvent où la vie est plutôt monotone.
Soit, on doit bien concéder qu’il n’avait pas le choix.
Cependant, pour ce faire, il doit se plier à la vie monastique, qui
n’est pas de tout repos et surtout, il lui faut ménager la foi et
les exigences de l’Église. Certes, il suffit, mais c’est
beaucoup et c’est lourd, il suffit de faire semblant de croire et
adopter les attitudes et les gestes de rigueur.
Sans
doute, dit Lucien l’âne, mais ce ne doit pas être trop difficile
pour un comédien comme lui.
Bof,
pas sûr que ce soit si facile. Je te rappelle, Lucien l’âne mon
ami, que comme comédien, il est plutôt spécialisé dans les rôles
burlesques, dans la farce et le gros comique du théâtre de cirque.
On verra d’ailleurs que sa profession de foi est des plus
élastiques et pas vraiment convaincante. On la dirait pour tout dire
forcée ou imposée par les nécessités du moment. Cependant, le
père Prosper, qui est le religieux qui l’accueille, fait celui qui
ne comprend pas ; en fait, il s’arrange de la façade de
religiosité présentée par Matthias et qui sauve les apparences.
En
somme, dit Lucien l’âne, si je comprends bien, le père Prosper
n’est pas plus catholique que le Pape ou
pas moins
et agit comme Jules II lorsqu’il reçut Till au Vatican. Je me
souviens de la chanson « La
Messe du Pape,
le pardon de Till et les florins de l’Hôtesse »
dans
laquelle
ces deux-là
se disaient :
« Le
Pape lui demande :
« Quelle
est ta foi ? »
« La même que mon hôtesse qui partage la vôtre, ma foi. »
« C’est fort bien comme ça. Mais à quoi, à quoi,
À quoi donc, en vérité, pèlerin, tu crois ? »
« Je crois ce que vous croyez que je crois. »
« La même que mon hôtesse qui partage la vôtre, ma foi. »
« C’est fort bien comme ça. Mais à quoi, à quoi,
À quoi donc, en vérité, pèlerin, tu crois ? »
« Je crois ce que vous croyez que je crois. »
Et
notre Arlequin, reprend Marco Valdo M.I., a la croyance aussi
évanescente que celle de Till :
« Que
dis-tu ? Tu ne crois pas en Dieu ?
Père
Prosper, j’aimerais croire
À
la Sainte Église et même au bon Dieu.
Enfin,
si, presque, c’est-à-dire, peut-être… »
Si
tu veux mon avis, Marco Valdo M.I. mon ami, Matthias ne restera pas
longtemps dans la maison de Dieu. En attendant la suite, tissons le
linceul de ce vieux monde jean-foutre, croyant, crédule, incroyable
et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Chez
les moines, la prière ;
À
voix haute, le pater
Et
le bénédicité, deux fois ;
Le
lait ne refroidira pas.
Arlecchino,
encore toi, mécréant !
Garde-moi
en cellule, notre Père !
Au
couvent, tout l’hiver.
Dans
les champs, au printemps.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Appelez-moi,
Matthias, je n’ai plus de nom ;
Gardez-moi
dans cette sainte maison
Jusqu’à
la fin de mes jours, sans rémission.
Le Père recteur n’y voit pas d’objection.
Le Père recteur n’y voit pas d’objection.
Matthias,
c’est le matin.
La
clochette sonne l’heure,
Il
est cinq heures,
Le
jour s’en vient.
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
Montreur
de marionnettes, funambule,
J’ai
dansé avec un ours, j’ai mendié, moi.
J’ai
vagabondé, j’ai volé à l’église.
Parfois,
je vois Dieu danser sur le toit.
Que
dis-tu ? Tu ne crois pas en Dieu ?
Père
Prosper, j’aimerais croire
À
la Sainte Église et même au bon Dieu.
Enfin,
si, presque, c’est-à-dire, peut-être…
Oui,
Monsieur Po, oui, Monsieur Li,
Oui,
Monsieur Chi,
Oui,
Monsieur Nelle,
Oui,
Monsieur Polichinelle.
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