Qu’as–tu
appris
à
l’École ?
Chanson
française – Qu’as–tu
appris à l’École ?
– Graeme
Allwright
– 1968
Dialogue
maïeutique
Tout
d’abord, il importe de situer cette chanson dans le temps, car
quand même elle a au moins cinquante ans, elle fut – en tout cas –
enregistrée en 1968 et je n’en ai pas trouvé trace avant. Cela
dit, je ne sais pas, Lucien l’âne mon ami, à quelle école tu es
allé, ni si de ton temps déjà, l’école enseignait le respect de
l’État. Sans doute, pas.
Oh,
répond Lucien l’âne, de mon temps ? Lequel d’abord ?
C’est une étrange expression que ce « de mon temps ».
Et puis, du temps où j’étais enfant, il n’y avait pas d’école ;
du moins d’école comme on la conçoit ces derniers temps ;
disons depuis environ trois siècles dans ce coin-ci du monde.
Oui,
Lucien l’âne mon ami, et l’école à laquelle se réfère la
chanson est encore plus récente, car c’est l’école publique,
c’est celle de l’enseignement primaire obligatoire et généralisé
et dans le cas de la chanson, qui est française, c’est l’école
de la République où l’instituteur a remplacé le curé de
l’ancienne école de la paroisse. On trouve ces écoles dans la
plupart des communes. Idéalement, dans toutes.
Oui,
mais, dis-moi, Marco Valdo M.I., a chanson, que dit-elle ?
Eh
bien, reprend Marco Valdo M.I., c’est l’histoire d’un jeune
garçon qui rentre de l’école et que son papa interroge sur ce
qu’il a appris à l’école ce jour-là. Cette mise en scène
permet d’aborder différents thèmes de société et de critiquer
la façon dont ils sont traités « à l’école », dans
cette école qui, à force de vouloir faire une société rassemblée
autour de la nation, s’est muée en école du conformisme. Son
modèle est l’armée et le « je ne veux voir qu’une seule
tête ». Avant d’aller plus loin, je voudrais quand insister
sur le fait que c’est grâce à cette école pour tous qu’une
bonne partie des gens savent lire, écrire, compter et connaissent un
peu d’histoire et le monde qui les environne et celui plus
lointain ; c’est grâce aussi à cette école que ceux qui le
veulent ont accès au savoir et que globalement, la société peut se
développer. Il ne faudrait pas l’oublier, ni renier cette bonne
vieille école avec ses qualités et ses défauts.
Oui,
certes, dit Lucien l’âne, mais l’école sur le modèle de
l’allégeance à la société, au pouvoir, ou en d’autres lieux
ou en d’autres temps, à l’Église, à la croyance, à Dieu ou à
n’importe quoi, est assez insupportable.
Je
le pense aussi, Lucien l’âne mon ami, mais pour en revenir à la
chanson, il faut préciser que le garçon se contente de rapporter à
son père ce qu’il a appris à l’école et il ne dit jamais
ouvertement ce qu’il en pense. Même s’il court dans la chanson
une explosive ironie implicite, c’est à l’auditeur de
l’exprimer, en quelque sorte, car à lire le texte, on n’y trouve
aucune attaque frontale contre les valeurs promues par l’école.
Cependant,
dit Lucien l’âne, il me semble que c’est quand même le rôle de
l’école de former les citoyens, de leur enseigner ce qu’il
convient pour qu’ils puissent se prendre en charge, de les inciter
à agir selon leur conscience et d’avoir les capacités pour vivre
en paix et en société, ce qui implique évidemment la tolérance,
l’acceptation de l’autre dans sa diversité (sauf s’il est
agressif, totalitaire, nationaliste, raciste, fasciste, etc) et la
solidarité.
Oui,
Lucien l’âne mon ami, ce serait bien là son rôle, mais l’école
de la chanson a d’autres vues ; comme on le verra, elle aime
l’obéissance, le respect de l’autorité et la soumission.
Voilà
bien le problème, dit Lucien l’âne, et pourtant, depuis le temps
que des enfants, des parents et des enseignants veulent changer
l’école, on aurait dû y arriver. Sauf que, comme toujours dans la
Guerre de Cent Mille Ans que les riches font aux pauvres pour les
dominer et les asservir, l’école est aussi un lieu d’affrontement
et des forces considérables pèsent sur elle afin de préserver
certains intérêts et de maintenir autant que possible (a minima) le
statu-quo. Pour ce qui nous concerne, pourtant, tissons le linceul de
ce vieux monde pusillanime, dominé, écrasé, conservateur et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
J’ai
appris qu’il ne faut mentir jamais,
Qu’il
y a des bons et des mauvais,
Que
je suis libre comme tout le monde,
Même
si le maître parfois me gronde.
C’est
ça qu’on m’a dit à l’école,
Papa,
c’est ça qu’on m’a dit à l’école.
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
Que
les gendarmes sont mes amis
Et
tous les juges très gentils,
Que
les criminels sont punis pourtant,
Même
si on se trompe de temps en temps.
C’est
ça qu’on m’a dit à l’école.
Papa,
c’est ça qu’on m’a dit à l’école.
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
Que
le gouvernement doit être fort,
A
toujours raison et jamais tort.
Nos
chefs sont tous très forts en thème
Et
on élit toujours les mêmes.
C’est
ça qu’on m’a dit à l’école.
Papa,
c’est ça qu’on m’a dit à l’école.
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
Qu’as–tu
appris à l’école, mon fils,
À
l’école, aujourd’hui ?
J’ai
appris que la guerre, c’est pas si mal,
Qu’il
y en a des grandes et des spéciales,
Qu’on
se bat souvent pour son pays
Et
peut-être, j’aurai ma chance aussi.
C’est
ça qu’on m’a dit à l’école.
Papa,
c’est ça qu’on m’a dit à l’école.
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