SINBAD LE MARIN
Version
française – SINBAD LE MARIN – Marco Valdo M.I. – 2019
d’une
chanson grecque – Σεβάχ
O Θαλασσινός – Manos
Loïzos / Μάνος Λοΐζος – 1970
Texte :
Lefteris Papadopoulos – Λευτέρης Παπαδόπουλος
Musique :
Manos Loizos – Μάνος
Λοΐζος
Interprétation :
Manos Loizos
– Μάνος Λοΐζος
Dialogue
Maïeutique
Regarde,
Lucien l’âne mon ami, Riccardo propose une traduction française
de cette chanson de Sinbad le Marin juste au moment où je terminais
ma version française de cette même chanson.
Et
lors ?, demande Lucien l’âne.
Alors ?
Rien. Je m’en vais, répond Marco Valdo M.I., proposer la mienne,
que
j’ai faite en manière de clin d’œil
à Gian Piero Testa par-dessus l’orbe de la Sphère-Monde
et ainsi, il y en aura deux
pour une comme aurait conclu Erich Kästner,
(https://fr.wikipedia.org/wiki/Deux_pour_une),
du moins en français ; en allemand, le titre original est « Das
doppelte Lottchen », une jolie histoire de jumelles séparées
par le divorce de leurs parents et qui in fine, les réconcilient.
Comme tu le comprends, cette histoire derrière l’anecdote est plus
significative
que ce qu’on en a fait : il suffit de se souvenir qu’en
1949, il y avait deux Allemagne, dont la jeunesse était séparée
par les conflits de la génération antérieure.
Ah,
Marco Valdo M.I. mon ami, toi et ton penchant à la digression. Je
t’en prie, revenons à Sinbad et sa chanson, car je n’en sais
toujours rien. Par
ailleurs, je suis persuadé que Riccardo a tout comme toi pensé à
Gian Piero testa, qu’il connaissait personnellement. Mais tant
qu’on y est, ne dirais-tu pas quelques mots de la chanson ?
Donc,
on a deux versions françaises et comme tu peux le voir, Lucien l’âne
mon ami, elles sont sensiblement différentes – et c’est un bien,
même si elles viennent toutes les deux de la même source : la
traduction en italien de la chanson grecque de Lefteris Papadopoulos,
grand
parolier grec et la chose à son importance, comme on va le voir,
fils d’un réfugié grec qui avait été chassé de la Grèce
d’Asie par les Turcs.
Ainsi,
la chanson s’intitule Sinbad le Marin logiquement, du fait qu’il
n’y est nullement question de Sinbad – comme l’aurait soutenu
Raymond Queneau qui disait que le titre du roman de Boris Vian
« L’Automne à Pékin » était parfait puisque
le roman ne parle
ni de l’automne, ni de Pékin.
Comment
ça ?, dit Lucien l’âne, un peu ahuri.
Certes,
reprend Marco Valdo
M.I., Sinbad a raconté ses aventures maritimes extraordinaires, mais
enfin, il n’était pas Grec et en outre, il vivait en un temps où
les Vénitiens étaient encore des pêcheurs dans la lagune et
n’avaient
pas encore d'empire maritime ; la Sérénissime viendra
quelques siècles plus tard. Il en va de même pour les Sarrasins. En
plus, je rappelle que les histoires marines de Sinbad se déroulent
dans l’Océan indien et les alentours – comme celles de Sandokan. Pas
en Méditerranée ; et puis, Sinbad est un Perse de Bassorah ;
aujourd’hui, cette ville est passée à l’Irak. Comme on peut le
voir, la chanson chante une tout autre histoire.
Sans
doute, dit Lucien l’âne, mais ne pourrais-tu préciser ?
En
fait, vois-tu Lucien l’âne mon ami, cette songerie de Sinbad
raconte l’histoire séculaire des Grecs et de leur délivrance par
apport à deux dominations : la vénitienne et la turque. Quant
au Saint Constantin, il n’est pas évoqué par hasard, car il
s’agit de l’empereur Constantin
– Imperator
Caesar Flauius Valerius Aurelius Constantinus Pius Felix Inuictus
Augustus, Germanicus Maximus, Sarmaticus Maximus, Gothicus Maximus,
Medicus Maximus, Britannicus Maximus, Arabicus Maximus, Adiabenicus
Maximus, Persicus Maximus, Armeniacus Maximus, Carpicus Maximus,
fondateur de
Constantinople, capitale de l’Empire « orthodoxe » et
« grec » – anciennement, Byzance, devenue l’actuelle
Istanboul, la plus grande métropole de l’actuelle Turquie et sa
véritable capitale économique et culturelle. Comme on le sait, la
Grèce actuelle – comme tous les Balkans – a réussi à se
libérer de l’occupation et de la domination turques (ottomanes), mais au prix de
terribles amputations.
Bof,
dit Lucien l’âne, les siècles n’ont pas fini de s’écouler ;
les empires naissent, grandissent, s’étiolent et meurent. Ainsi va
le monde mal mené dans cette Guerre
de Cent Mille Ans,
dont nul ne sait le début, ni la fin. Alors, tissons le linceul de
ce vieux monde, où pourtant nous vivons et que quand même, pour le
temps qu’on y passe, nous aimons, un vieux pauvre monde malmené,
déchiré, exploité, absurde et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Par
le tuyau d’ivoire
de ma pipe,
Les
galères lentement nagent,
Et
les équipages vont à l’abordage,
Et
les pirates traquent le vin,
Dans
le troquet d’un port lointain.
Mer
mer amère,
Pourquoi
devrais-je t’aimer ?
Sarrasins
et Vénitiens, en tas,
Capturent
et lient au mat
Le
capitaine Yannis en personne, moi,
Le
rebelle, le valeureux, le fier,
Le
puissant homme des mers.
Mer
mer amère,
Pourquoi
devrais-je t’aimer ?
Et
là, dans l’incendie du massacre,
Je
mords les cordes, je les détache.
Et
par Saint Constantin,
Je
les jette tous dans la fournaise,
Les
mains liées sur les reins.
Mer
mer amère,
Comment
ne pas t’aimer ?
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