dimanche 11 août 2019

LES ÉPIROTES

 

LES ÉPIROTES


Version française – LES ÉPIROTES – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la traduction de Riccardo Venturi
d’une
Chanson grecqueΟι ΗπειρώτισσεςGiorgos Katsaros / Γιώργος Κατσαρός – 1973

Texte : Pithagoras – Πυθαγόρας
Musique : Giorgos Katsaros - Γιώργος Κατσαρός
Interprète : Marinella - Μαρινέλλα
Album / ’Αλμπουμ: Αλβανία [Alvanía]


 
Femmes épirotes en guerre - 1914



LES FEMMES D’ÉPIRE DANS LA RÉSISTANCE GRECQUE 1940-1944


« Les mères grimpaient les pentes comme la Vierge Marie. Portant leur bénédiction sur leurs épaules, elles se dirigèrent vers leurs fils. Chargées comme elles l’étaient, le vent les malmenait et soulevait leurs foulards soufflant sur leurs cheveux, fouettant leurs vêtements. Mais elles marchaient comme des hommes dans les hautes montagnes, pas après pas d’une pierre à l’autre, montant à la file, jusqu’à ce que vous les perdiez de vue, cachées dans les nuages, toujours la tête haute. »

La contribution des femmes d’Épire pendant la Seconde Guerre mondiale, l’occupation allemande et la Résistance a été vraiment précieuse et est remémorée en Grèce encore aujourd’hui. Les femmes d’Épire se retrouvèrent au front, combattant l’ennemi de toutes leurs forces, dans des conditions d’adversité extrême. Et puis, pendant l’occupation allemande et la Résistance grecque, elles aidèrent autant que possible les combattants grecs dans la lutte contre les occupants. En particulier dans les villages montagneux d’Épire, les femmes se sont montrées dignes des champions de ces idéaux qu’elles sentaient en danger. Ayant perdu l’aide des hommes, tous engagés dans le combat, elles ont pris la responsabilité de veiller à leur protection et celle de leurs familles.

Les services que les femmes d’Épire ont rendus pendant la Seconde Guerre mondiale étaient si importants que la victoire de l’armée grecque n’aurait pas été possible sans leur précieuse contribution. Au matin, elles préparaient le chemin pour les troupes et la nuit, elles cousaient des vêtements pour les soldats. Les femmes ont estimé que ce n’était pas seulement une obligation, mais une question d’honneur d’offrir leur hospitalité et de coudre des vêtements pour les soldats de l’Armée grecque de libération. 300 soldats, par exemple, ont trouvé refuge (10-15 par maison) dans le village de Tsepelovo à Zagoria. Les femmes étaient tellement enthousiastes à l’idée de fournir de la nourriture et des vêtements aux soldats qu’elles ont abattu tous les animaux du village, la seule source de production dans la région. À Lepiana, dans le district d’Arta, un village situé au-dessus des montagnes de Tzoumerka, les habitants ont été réveillés par le bruit des canons. « Nous nous sommes réveillés dans la peur. Les canons tonnaient comme s’ils étaient à côté de nos maisons… Mais le pire, c’était les avions. Ils étaient trop nombreux… Ils allaient bombarder Arta… », dit Marigoula Houliara, l’une des femmes qui se souvient encore de l’horreur de la guerre, au cours de laquelle de nombreux hommes de sa famille ont été tués. Et elle ajoute : "… Un jour, des camions de l’armée arrivèrent au village. Ils apportaient du coton et ils nous l’ont donné. Ils nous ont dit d’en faire des chaussettes et des pulls pour l’armée. Chacun d’entre nous a offert les morceaux de tissu que nous pouvions trouver dans nos maisons. Couvertures, tapis de laine, n’importe quoi… » Des femmes, des personnes âgées et des enfants ont entrepris de faire des routes et de construire des ponts en peu de temps, comme les 6 kilomètres de la route du village de Kapesovo à Zagoria. « Nos soldats avançaient après la victoire de Pindos. Lorsqu’elles atteignirent la rivière Vogiousas et que les femmes courageuses de Pindos réalisèrent que les rapides ne permettraient pas aux ouvriers du génie de travailler, elles firent spontanément quelque chose qui se répéta plus tard pour les rivières Kalamas et Drinos : elles se jetèrent à l’eau et, se saisissant par les épaules, elles firent une sorte de barrage, réduisant l’intensité des rapides pour aider ceux qui devaient construire le pont. »
Le transport et les soins des soldats blessés étaient à charge des femmes. Elles portaient les blessés du front à l’arrière, bandait les blessures, réconfortaient et encourageaient. Souvent, elles les emmenaient dans leurs propres maisons, converties en logements et en hôpitaux. Dans le visage bouleversé de la femme d’Épire, chaque blessé et chaque soldat pouvait voir sa mère, sa femme, sa sœur ou même un camarade. Dans sa correspondance du front, P. Palaiologos déclare : « …les femmes portaient les blessés dans leurs bras. Elles ont mis les prisonniers de guerre blessés sur le dos de leurs mules et les ont accompagnés à l’arrière… »
La contribution la plus importante des femmes a probablement été le transport d’armes, de nourriture, de vêtements, etc. jusqu’au front, où les moyens de transport de l’armée ne pouvaient pas arriver en raison du mauvais temps et des routes accidentées. Dans les montagnes enneigées, les femmes d’Épire ont écrit leur propre histoire, se frayant un chemin dans la neige et transportant des munitions pour les troupes grecques : « … J’ai rencontré des femmes portant des munitions. Une avait 88 ans… La neige, la glace, le froid glacial ne semblaient pas leur faire peur. Elles voulaient tous offrir à l’armée tout ce qui n’était pas possible pour les moyens de transport de l’armée. Des femmes vraiment admirables. Différentes des femmes de la ville ! »
Les femmes portaient des canons et des munitions dans les montagnes avec l’aide de soldats qui les attachaient avec des cordes épaisses autour de leur taille et les tiraient. Et ils continuèrent à grimper, esquivant pierres et arbustes saillants, les genoux courbés sous la lourde charge.
De nombreux épisodes surprenants en disent long sur la force de l’âme féminine et leur sacrifice. À Tsepelovo, les soldats grecs, affamés et pieds nus, ont demandé des renforts de Ioannina, mais ils ne pouvaient venir. Les femmes ont immédiatement été appelées pour porter de la nourriture, des bottes, des fusils et des canons à l’avant. Les femmes de Pindos devinrent une légende, elles étaient aux côtés des soldats et de nouveau firent revivre la légende des femmes grecques, des femmes spartiates, des femmes de Souli et de toutes ces héroïnes qui combattirent pour l’honneur et la liberté de leur pays. Elles furent honorées par d’illustres auteurs, poètes, écrivains, Grecs et étrangers, contemporains et plus tardifs ; elles sont encore honorées par toute la nation grecque. Au sommet d’une colline, près du village d’Asprageli de Ioannina, la statue de la « Femme Pindos » se détache majestueusement là où 68 ans auparavant les femmes d’Épire se battirent pour une seule cause : conquérir leur propre part de liberté.



Les femmes d’Épire
Vont dans la neige
Et portent des grenades.
Mon dieu, comme tu les as trempées
Et elles ne sont pas inquiètes.

Les Femmes d’Épire,
Merveilles de la nature.
Ennemi, pourquoi n’as-tu pas demandé
Qui vous alliez occuper ?
Femmes de Ioannina, femmes de Souli,
Merveilles de la nature.
Ennemi, pourquoi n’as-tu pas demandé
Qui vous alliez occuper ?

Femmes des confins,
Filles, âgées, mariées,
Flammes dans les vents du nord,
Vous serez les remparts,
Les mères de la liberté.

Les Femmes d’Épire,
Merveilles de la nature.
Ennemi, pourquoi n’as-tu pas demandé
Qui vous alliez occuper ?
 Femmes de Ioannina, femmes de Souli,
Merveilles de la nature.
Ennemi, pourquoi n’as-tu pas demandé
Qui vous alliez occuper ?

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