LA SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN
[NON À LA GUERRE !]
Version
française – LA
SEMEUSE QUI SEMAIT LE GRAIN [NON À LA GUERRE !]
– Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson
toscane (italien) – La
donnina che semina il grano [No alla guerra] – Caterina
Bueno – 1975
Extrait
du concert avec le chœur étrusque (col
Coro degli Etruschi),
Florence 1975 – belle
dans sa
première partie de la séquence guerre / soldats / maladies /
maladies / médecins / décès et dans sa
deuxième partie, [on
notera] le contraste
entre la guerre (on
mange mal on
dort sur le sol) et la
paix (dans un bon lit pour se reposer avec la belle brune, le champ
de fleurs)
J’avoue
une certaine incertitude sur le verset du champ de fleurs (bien que
je sois originaire de Toscane, j’ai du mal à comprendre les mots,
aussi parce que l’enregistrement n’est pas de grande qualité –
les corrections sont bienvenues). Quoi qu’il en soit, le sens me
paraît celui-là, et la condamnation de la guerre ne pourrait pas
être plus claire
Dialogue
Maïeutique
Il
te souviendra certainement Lucien l’âne mon ami, que l’autre
jour, on avait discuté
autour et à l’entour d’une chanson de Fabrizio De André, qui
s’intitulait Volta
la carta[[39290]] ; une
« filastrocca »
qui était tirée d’une comptine populaire ancienne
Oui,
oui, Marco Valdo M.I. mon ami, je m’en souviens très bien et
aussi, de cette conformation particulière de cette villanelle qui
prenait toutes les allures d’un tarot de divination. Ce qui, si
toutefois ma mémoire st bonne, nous avait ramenés au temps de
Charles VI dans le duché de Milan, au début du XVe
siècle.
Très
juste, Lucien l’âne mon ami, et si je te rappelle cette version
française de trois « filastrocche » se renvoyant l’une
à l’autre, c’est car en voici une autre. Je te disais bien qu’il
devait en exister d’autres déclinaisons et je te citais notamment
celle-ci.
Oui,
oui, interrompt Lucien l’âne, tu disais exactement ceci :
« On
a ici trois versions d’une même comptine italienne – en italien,
on dit filastrocca ; j’insiste sur le « ici », car
il en existe forcément d’autres ; par exemple, la version de
Caterina Bueno – La
donnina che semina il grano [No alla guerra], très proche de
CONCETTA. Sur le fond, toutes évoquent la guerre, les soldats, la
mort. »
Et
comme, dès lors, Lucien l’âne mon ami, cette version de Caterina
Bueno n’avait pas de version française, je me suis efforcé d’en
créer une. Je lui ai donné une forme légèrement modifiée,
m’appuyant entre autres choses, sur le commentaire introductif et
ses hésitations. De toute façon, quand on a à faire à des
versions diverses d’une cantilène dont on a perdu la trace
d’origine, quand on est en présence d’un thème interprété de
différentes manières, farci de variantes en tous genres, il s’agit
de fixer un peu les choses et de les présenter à sa manière. Ce
que j’ai fait.
Passons
sur tes légèretés par rapport à la forme, dit Lucien l’âne,
c’est une question d’adaptation et de sens de la rime. Je sais,
tu sais, il faut savoir ce qu’en disait Paul Verlaine. « Ô
qui dira les torts de la rime… ». Place alors au vague et à
l’imprécis, qui divaguent au gré des versions.
Tu
n’as pas tort, Lucien l’âne mon ami, il y a là tout un art
poétique. Le vague et l’imprécis, ainsi dans les versions
italiennes : la jeune personne qui sème est successivement une
donna, une donnina, une donnetta ; elle sème le grain, elle
sème le lin. On a donc toujours la semeuse avec toute sa symbolique
de vie et de mort, mais encore et encore le vilain bêche la terre,
c’est son destin. Pour ce qui est de la guerre, elle est partout et
chez Caterina Bueno, personne ne veut y aller :
Car
à la guerre,
On
n’a rien à manger,
Car
à la guerre, on dort à terre.
Nous,
à la guerre, on ne veut pas aller.
Somme
toute, conclut Lucien l’âne, c’est une bonne résolution ;
encore, faut-il pouvoir s’y tenir ; c’est tout le dilemme de
la désertion. Quant à nous, on est trop vieux maintenant pour qu’on
cherche à nous recruter pour ces jeux idiots et dangereux. Ce n’est
pas à plus deux mille ans que je serai rappelé. Cependant, dans la
Guerre de Cent Mille Ans, on ne sait jamais, ils seraient
bien capables de forcer tout le monde à la faire – les jeunes, les
vieux, les enfants, les femmes et s’ils y arrivaient, même les
morts, souviens-toi de La
Légende du Soldat mort – ces fauteurs de guerre,
grands amateurs de profits, de puissance, de privilèges et de
pouvoir. Des malades, ce sont des malades du cerveau, moi, je te le
dis. Enfin, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde militaire, amateur de guéguerres, brutal, stupide et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
semeuse sème le grain.
Tournez
la carte : on voit le vilain,
Le
vilain bêche la terre.
Tournez
la carte : c’est la guerre,
La
guerre avec tous ces soldats.
Tournez
la carte : les malades sont là,
Les
malades avec toutes leurs douleurs.
Tournez
la carte et voici le docteur.
Le
médecin soigne les douleurs.
Tournez
la carte : voilà Concetta,
Concetta
ferme la porte et s’en va.
Tournez
la carte : la mort est là.
Non,
non, à la guerre,
Je
ne veux pas aller.
Non,
non, à la guerre,
Je
ne veux pas aller.
Car
on n’a rien à manger
Et
on dort à terre.
Non,
non, à la guerre,
Je
ne veux pas aller.
Non,
non, à la guerre,
Je
ne veux pas aller.
Ma
belle brune, c’est le moment.
Si
tu veux venir avec moi, c’est le moment
D’aller
se coucher,
Dans
un bon lit, pour se reposer.
D’aller
se coucher,
Dans
un bon lit pour se reposer.
Tu
dormiras tout à l’heure
Dans
un champ de fleurs
Avec
quatre belles, pour te consoler ;
Avec
quatre belles, pour te consoler.
Ma
belle brune, c’est le moment.
Si
tu veux venir avec moi, c’est le moment
D’aller
se coucher,
Dans
un bon lit, pour se reposer.
D’aller
se coucher,
Dans
un bon lit pour se reposer.
Car
à la guerre,
On
n’a rien à manger,
Car
à la guerre, on dort à terre.
Nous,
à la guerre, on ne veut pas aller.
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