LE PHARE
ou
LA STATUE DE LA LIBERTÉ
Version française – LE PHARE ou La STATUE DE LA LIBERTÉ– Marco Valdo M.I. – 2019
The
Lighthouse – Il faro – Le Phare est d’actualité, car il nous parle de
l’immigration, de la traversée de l’océan qui se faisait dans le passé
d’Europe vers l’Amérique, et la traversée de la mer d’aujourd’hui qui se
fait d’Asie et d’Afrique vers la Grèce, vers l’Italie et vers
l’Espagne.
"Eh
bien, la comparaison est vite faite. Les Italiens étaient traités en
Amérique exactement comme les étrangers sont traités aujourd’hui en
Italie, c’est-à-dire comme des bêtes. Proposer ces questions à
l’auditeur vise à le faire plus compatir à la solitude et aux réalités
difficiles que vivent les étrangers qui arrivent. Le Phare raconte la
solitude que les Italiens ont vécue à l’étranger, en abandonnant leur
foyer et c’est une solitude que beaucoup de nos compatriotes vivent
encore aujourd’hui en Europe. Je dis cela en tant qu’Italien à
l’étranger. La communauté italienne en Angleterre est énorme, elle
correspond à une ville italienne. Je sais ce que cela signifie d’être
dans un pays où votre langue n’est pas parlée et où il est difficile de
s’intégrer culturellement. Le Phare parle de ce sentiment d’aliénation,
de solitude.
Dialogue maïeutique
Vois-tu,
Lucien l’âne mon ami, c’est le destin de celui qui s’égare dans le
dédale des langues étrangères afin d’en rapatrier des morceaux dans sa
langue usuelle (pas nécessairement maternelle ; pas nécessairement
paternelle ; pas même scolaire, rien que la langue dont il use
habituellement) que de rencontrer des histoires qui se ressemblent dans
des langues multiples et partant, dans des mondes multiples.
Eh, Marco Valdo M.I. mon ami, où veux-tu donc en venir avec ces circonlocutions ?
À
ceci, mon ami Lucien l’âne, qu’au moment où je transpose Il faro de
Petralana en Le Phare, je suis précisément en train de lire tut un roman
sur ce sujet de l’arrivée de l’émigré à New York, via Ellis Island.
Fort
bien, répond Lucien l’âne, tout un roman, en voilà une histoire. Sans
doute un coïncidence comme il y en a tant. Mais au fait, de quel roman
parles-tu ?
Comme
tu peux l’imaginer à partir de mes circonlocutions préliminaires,
Lucien l’âne mon ami, ce n’est pas une histoire italienne ; elle n’est
pas écrite en italien ; elle est racontée en allemand par un émigré et
comme presque toujours en cas, elle est partiellement autobiographique.
Comme pour les Italiens, les Russes, les Tchèques, les Polonais, les,
les, les, arrivés par la même voie, le nom que les désigne est le même,
ce sont des « aliens », tel est le mot étazunien qui les désigne.
Cependant, tout ne serait pas dit si je ne précisais que ce roman parle
des émigrés des années 30-44 du siècle dernier ; quant à l’auteur, c’est
celui-là même que j’ai surnommé dans « À l’Ouest » et qui apparaît en
compagnie d’Orages d’Acier, alias Ernst Jünger, un autre romancier
allemand, nettement plus belliqueux toutefois ; tu auras donc reconnu
Erich Maria Remarque.
Pour
me souvenir des chansons, je m’en souviens très bien, dit Lucien l’âne,
d’autant qu’elles figurent dans les petits livres des Histoires
d’Allemagne que tu as si joliment publiés depuis, précisément dans Le Rêve de Guillaume. Pour prouver ma bonne mémoire, je te les cite : Boue, bombe, bruit et brouillard ; Casques à pointe et casques d’acier ; À la prochaine !; Alerte au gaz ! Gaaz ! Gaaaz !, et bien entendu, La Der des der. Et donc, ce roman, dis-moi comment il s’intitule.
Oh,
Lucien l’âne mon ami, il ne porte pas un titre très original, mais
pourtant terriblement lourd de signification. Il s’intitule en langue
originale : « Das gelobte Land », autrement dit, la terre promise et de
son titre français : « Cette terre promise ». Et de fait, l’Amérique –
et pas seulement les Zétazunis – a longtemps été considérée ainsi. Isaac Asimov dans son autobiographie « I, Asimov » – et en français, « Moi, Asimov », raconte aussi son arrivée – surtout celle de ses parents (car à ce moment, il était un petit enfant de 3 ans) émigrés de Russie. Et je pense qu’il doit y en avoir plein d’autres comme ce roman d’une émigration retournée vers une autre Terre promise qu’est « Le dernier Paradis » d’Antonio Garrido (titre d’origine : El ultimo Paraïso). Mais passons, on n’en finirait pas. Une
dernière chose cependant, il est curieux de remarquer que la Statue de
la Liberté elle-même est une émigrée française, qui eut bien du mal à se
faire accepter sur son île face à Manhattan ; elle faillit même ne pas
se faire, car les financiers locaux voulaient la tatouer de leurs noms
au prétexte qu’ils donnaient de leurs sacrés dollars. À tel point qu’elle dut s’exposer en morceaux : la tête et même un bras avec son flambeau, pour convaincre des donateurs anonymes.
Oh, la
pauvre, elle a dû faire le trottoir en quelque sorte, mendier pour
pouvoir être admise, c’est vraiment une émigrée et encore, elle est
cantonnée sur une île au large comme tous les émigrés venus par la mer,
pauvre femme. Mais, dit
Lucien l’âne, comme tu le sais, les histoires de Paradis et de Terre
promise se passent toujours très mal. Moi, je me contente d’aller où les
sabots me conduisent et de grignoter les chardons du chemin. Pour le
reste, tissons le linceul de ce vieux monde aux sempiternelles
promesses, menteur, hâbleur, versatile et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Le champ de la mer comme une plaine face aux grues
Les remorqueurs s’en vont les yeux pleins de lanternes
Brassant l’écume dans le noir
Sous la statue de votre liberté.
Mais, je ne vois pas de liberté sur ces trottoirs,
Pas plus aujourd’hui que dans le passé.
Je n’entends plus aucun son,
Sans whisky à m’embrouiller,
Sans vin à bercer ma chanson.
Et cette nuit, je vais la passer seul, sans façon,
Dans le Bronx, sur le trottoir, couché.
Sans whisky à m’embrouiller,
Sans vin à bercer ma chanson.
Cette mer m’embrasse comme un frère,
Elle porte en elle des plaintes dans toutes les langues,
Soudain, vient un regret étrange,
Celui de n’avoir pas fumé ensemble.
Un tourbillon inquiétant, un vent doux,
Une caresse inconnue m’appellent en dessous ;
L’eau de mer, cette mère pardonne tout.
La prière ne convient plus
Et à ceux comme moi, elle n’a jamais convenu ;
Aux gens comme moi, elle n’a jamais convenu.
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