LES INQUISITEURS
Version française – LES INQUISITEURS – Marco Valdo M.I. – 2019
d’après la version italienne de Riccardo Venturi
d’une
Chanson
portugaise – Os
inquiridores – José Saramago – 1966
Comme
on
sait,
José Saramago a également écrit les Poèmes
possibles (Poemas possíveis). Ils ont été publiés en 1966 par
Portugália Editora, deux ans avant l’accident domestique (il
semble que ce soit une chute dans la baignoire) qui a entraîné la
mort du dictateur Salazar. Certains des Poèmes Possibles de Saramago
(voir
notamment Paula Oliveira : https://www.youtube.com/watch?v=QmfzTswF60s)
ont
été mis en musique et chantés par Manuel Freire ; voir
Ouvindo
Beethoven,
le célèbre Beethoven du Jour des Surprises (qui serait arrivé
quelques années plus tard, exactement huit, le 25 avril 1974 ; et ce
fut une assez bonne surprise). Le
présent Poème
Possible ,
par contre, je ne sais pas s’il
a
jamais été mis en musique par qui que ce soit ; mais comme j’ai
tant de fois été
démenti
, qui sait si celle-ci ne l’a
pas été.
Il
parle d’Inquisiteurs.
On croit maintenant
que
les Inquisiteurs appartiennent à un passé très lointain, on pense
à Torquemada ou Bernardo Gui du « Nom
de la Rose »,
on imagine des tortures horribles et imaginatives, pourtant les
Inquisiteurs ne sont jamais partis. Église ou État, souvent
des
deux, ils sont toujours là pour nous scruter, nous espionner, nous
dicter, nous réprimer et, bien sûr, nous torturer ;
maintenant nous leur avons volontiers fourni des outils
technologiques impensables, devenant nous-mêmes,
dans la pratique, les
inquisiteurs et les
bourreaux de nous-mêmes. Et oui, il y a des inquisiteurs, des poux
de toutes les couleurs. Mais faites attention. J’ai
mis ce
poème
dans la catégorie
« anticléricale ».Mais,
en portugais, « inquiridores » ne signifie pas seulement
« inquisiteurs » ;
cela signifie aussi « enquêteurs ». C’est un terme
juridique normal et actuel. En portugais, inquisiteurs
et enquêteurs sont la même chose ; de
quoi réfléchir.
[R.V.]
Les
poux infestent le monde :
Il
n’y a pas une peau qu’ils ne sucent,
Il
n’y a pas de secret d’âme qu’ils n’épient,
Un
rêve qu’ils ne mordent et ne pervertissent.
Sur
nos reins poilus, ils s’amusent
De
toutes couleurs, ils nous menacent :
Il
y en a des bruns, des verts et des jaunes,
Il
y en a des noirs, des gris et des rouges.
Et
tous se bagarrent, tous mangent,
De
concert, voraces, ils n’entendent
Laisser
comme restes de leur dîner,
Sur
le désert terrien
que des os
décharnés.
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