LE CHANT DES SANS-ABRI
Version
française – Marco
Valdo M.I. – 2019
Chanson
allemande – Das Lied Der Obdachlosen – Bertolt
Brecht – 1932
Paroles
de Bertolt Brecht
Musique
de Hanns Eisler
Avec
Solidaritätslied, une autre chanson de Brecht-Eisler, incluse à
l’origine
dans la bande sonore du film « Kuhle Wampe, oder Wem gehört
die Welt" (« Ventre
vide, ou
À
qui le monde appartient »)
réalisé en 1932 par Slatan Dudow sur un scénario de Brecht et
Ernst Ottwald.
Obdachlos Berlin 2019 |
Je
pense que « Das Lied Der Obdachlosen – LE CHANT DES
SANS-ABRI » devrait accompagner les séquences du film dans
lequel, après le suicide de son frère au chômage, la protagoniste
Anni et ses parents sont expulsés de la maison et sont obligés de
rejoindre d’autres personnes expulsées et au chômage dans un camp
de tentes et de baraquements à la périphérie de Berlin que ces
mêmes habitants ont appelé « Kuhle Wampe ». Les
producteurs du film ont cependant préféré retirer le morceau de la
bande sonore afin de ne pas tomber sous la censure, car il s’agissait
essentiellement d’une satire de l’article 115 de la Constitution
allemande de 1919, qui dit : « La demeure de tout Allemand
est pour lui un lieu d’asile et est inviolable. Les exceptions ne
sont admissibles qu’en vertu de la loi. »
La
censure frappa malgré
tout et durement
le film :
projeté dans 14 cinémas de la capitale en mai 1932, « Kuhle
Wampe »
fut immédiatement retiré pour offense au gouvernement et à
l’administration de la justice. En effet,
le film dénonçait clairement l’inefficacité des mesures
gouvernementales pour le travail et contre le chômage et la
bureaucratie judiciaire sourde aux demandes légitimes de protection
et de justice des classes défavorisées. Dudow, Brecht et Ottwald
ont notamment été contraints de couper court à une scène dans
laquelle était
dénoncé un décret d’urgence qui réduisait les allocations de
chômage et une
autre dans lequel un juge s’est montré indifférent aux
manifestations d’Anni pour l’expulsion qui avait eu lieu. « Kuhle
Wampe »
eut
aussi des problèmes du point de vue de l’offense à la religion et
à
la pudeur : la scène dans laquelle un groupe d’ouvriers se
baignent complètement nus dans la rivière tandis qu’en
arrière-plan le clocher d’une église sonne
les heures fut
coupée et, surtout, la scène qui
regrettait que
le crime d’avortement fut
introduit dans le code pénal, fut
éliminée (la
protagoniste Anni tombe enceinte, puis avorte) et dans laquelle était
présentée la publicité pour une marque connue de préservatifs
de
l’époque…
( Bertolt
Brecht en el mercado donde se compran las mentiras, di Angel
Ferrero, Barcellona)
Nous,
on voulait avoir un abri.
Ils
ont dit : « Allez donc vite là-bas ! »
Nous,
on criait comme des corbeaux :
Nous,
on voudrait avoir un abri.
C’est
plein de gens partout là-dedans.
Réfléchissez-y,
il faut régler ça,
Car
on ne peut pas continuer comme ça.
Nous,
on voulait trouver un emploi.
Ils
ont dit : « Faites la queue ! » :
L’entreprise
était déjà en faillite,
Et
devant attendaient des gens
Et
ils nous ont demandé, où on pouvait trouver quelque chose.
Réfléchissez-y,
il faut régler ça,
Car
on ne peut pas continuer comme ça.
Nous,
on a dit : « Allons nous baigner.
L’eau
était aussi bien à nous.
Quand
nous, on a nagé
On
a voulu retourner et ils ont demandé :
Qu’allez-vous
faire à présent ?
Réfléchissez-y,
il faut régler ça,
Car
on ne peut pas
continuer comme
ça.
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