ÉMIGRANT VIENT, ÉMIGRANT VA
Version
française – ÉMIGRANT VIENT, ÉMIGRANT VA – Marco Valdo M.I. –
2019
Chanson
italienne – Emigrante
che vien emigrante che va – anonyme – s.d.
Gli
emigranti
Raffaello
Gambogi (1874-1943)
|
Chanson
d’émigration, je n’ai pas réussi à comprendre si c’est du
calabrais ou du sicilien. Elle devrait remonter à l’émigration du
Sud de l’Italie après l’unification de l’Italie (fin du
XIXième siècle), qui a d’abord transformé les peuples
du Sud en brigands, puis en émigrants.
Dialogue
Maïeutique
Vis
donc, Lucien l’âne mon ami, cette chanson anonyme. Anonyme comme
les gens dont elle raconte l’histoire et une histoire terriblement
vraie. Elle raconte le temps où les gens du Sud, je veux dire du sud
de l’Italie en train de se faire, ont dû massivement fuir leur
pays, leurs villages, leurs montagnes, leurs campagnes et leurs
villes. Pendant longtemps, ce fut le lot des laissés pour compte de
la modernité.
Oh,
dit Lucien l’âne, je sais ça, j’ai vu ça, on les reconnaissait
sur les routes à leur valise, à leur baluchon et pas seulement en
Italie. Des régions entières se sont ainsi dépeuplées, les hommes
partaient d’abord, espérant faire fortune là-bas. Ce fut rarement
le cas. On dit que pour la seule Italie – sans compter l’émigration
intérieure du sud vers le nord, des campagnes et des montagnes vers
les villes, avec le temps, il y en a autant dehors que dedans. Un
peuple entier en exil…
Tu
as raison, Lucien l’âne mon ami, et ce n’est pas fini, cette
hémorragie continue. Par exemple, par les autres, similairement, se
sont vidées l’Irlande, la France, la Suède, les Balkans, des
régions entières d’Allemagne, d’Europe centrale, de Russie et
d’ailleurs et les anciens migrants installés là-bas, perdant
toute mémoire, font barrage et repoussent ces nouveaux venus. À
présent, pareil mouvement touche l’Afrique, l’Asie, sans pour
autant cesser ici. Et puis, il y a ceux qui sont partis là-bas pour
chercher la fortune et n’ont pu trouver même un simple travail et
qui sont revenus plus pauvres encore qu’ils n’étaient partis :
émigrants à l’aller, et au retour, comment les nommer ?
À
mon sens, dit Lucien l’âne, on devrait les nommer des
« réfugiés », certains diront « économiques »,
mais tous les « réfugiés » sont des réfugiés
politiques. On ne saurait séparer l’économique du politique.
C’est une tromperie. Il suffit de considérer les choses pour ce
qu’elles sont dans cette Guerre
de Cent Mille Ans que les riches (et les puissants) font aux
pauvres pour accroître leurs richesses, conserver le pouvoir,
renforcer leur puissance, augmenter leurs profits et maintenir leur
domination. C’est ça le sens du mot politique, c’est à ça
qu’elle sert la politique tant que dure cette guerre, tant qu’il
faudra protéger les privilèges de certains. Mais pourquoi épiloguer
plus longuement, tissons le linceul de ce vieux monde riche,
méprisant, méprisable, avide, assassin et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Un
jour, de mon pays, je suis parti ;
Émigrant
en terre étrangère, je suis parti.
Ma
mère pleurait et j’ai laissé
Ma
femme et plus beau que le soleil, un fils à peine né.
Émigrant
vient, émigrant va.
Émigrant
vient, émigrant va.
Ta
vie est un enfer, émigrant va,
Ta
vie est un enfer, émigrant sera…
Les
yeux pleins de larmes, je suis parti
Embrassant
ma famille et mes amis.
Dans
une valise, mes rêves, j’ai emportés ;
Émigrant
dans une usine, je me suis retrouvé.
Émigrant vient, émigrant va.
Émigrant vient, émigrant va.
Émigrant
vient, émigrant va.
Ta
vie est un enfer, émigrant va,
Ta
vie est un enfer, émigrant sera…
Suant
un bœuf, travaillant nuit et jour,
Je
souffrais de la nostalgie du retour.
Un
soir, j’ai rencontré une fille fort belle
Et
je suis tombé amoureux d’elle.
Émigrant
vient, émigrant va.
Émigrant
vient, émigrant va.
Ta
vie est un enfer, émigrant va,
Ta
vie est un enfer, émigrant sera…
La
nuit, je pensais, et je ne dormais pas.
Je
voulais m’enfuir, mais je ne pouvais pas.
J’entendais
une voix d’enfant si loin de moi,
Qui
chantait : reviens papa, reste près de moi.
Émigrant
vient, émigrant va.
Émigrant
vient, émigrant va.
Ta
vie est un enfer, émigrant va,
Ta
vie est un enfer, émigrant sera…
Écoute,
mon fils, mes mots banals.
Dis
à maman que je t’aime,
Je
te demande pardon, si je t’ai fait mal.
La
distance est le vrai problème.
Sois
content, mon fils, petit trésor de papa,
Car
demain le bonheur reviendra chez toi.
Sois
content, mon fils, petit trésor de papa,
Car
demain chez toi,
le bonheur reviendra.
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