DIVERGENCES
Version
française – DIVERGENCES
– Marco Valdo M.I. - 2019
Chanson
italienne – Differenza
di idee – Società
del Chiassobujo – 2010
C’est
une belle histoire. Et je suis heureux d’être tombé dessus
un
premier mai ensoleillé. Sortir
le
disque du plastic,
le
mettre dans
le lecteur et entendre
dès les premières notes que ce n’est pas l’habituel
produit.
Puis les mots commencent, le chant, on
réalise
que les mots qui se déroulent doucement
ne sont pas d’aujourd’hui, ils ne sont up-to-date
(pas
plus mal
!), Mais ont une patine d’ancien, une naïveté de base qui est
faite
de bons, de simples, de beaux sentiments.
Mais la
langue
est recherchée,
aussi ancienne
soit-elle,
et de plus, elle
se mêle à merveille à la musique qui, à son tour, sent les
mélodies déjà entendues qui
ont leurs racines dans la grande culture populaire. C’est
le moment de
s’arrêter et de mieux regarder à quoi nous avons à
faire.
Le titre de l’album ressemble déjà à un film de Lina
Wertmuller
: "Jacopo
Bordoni
: maçon, poète, rebelle". Mais c’est
encore
mieux avec l’interprète qu’est la Società
del Chiassobujo Sur la couverture, il y a une vieille photo et
un monsieur avec une grande moustache qui nous regarde avec des yeux
attentifs.
Ce
monsieur est Jacopo Bordoni, un vrai poète maçon, né le 30 août
1860 et mort le 27 novembre 1936 à Poppi, Casentino, dans la
province d’Arezzo. "Jacopo Bordoni est un maçon de Poppi : un
vrai et authentique maçon, aux mains rugueuses, au front brûlé,
aux paupières et aux moustaches blanc de chaux, qui survit avec
trente sous par jour et déjeune comme si sa truelle était inactive.
Qui naît à Poppi naît poète, tout comme pour ceux qui ne sont pas
complètement opposés à être dominés par le paysage, y aller le
deviennent un peu plus. Poppi est la ville de la ballade, de la
ritournelle, de la légende mélancolique, dont les vers dans la
douceur endormie de leurs cadences se perdent entre les champs et les
berges de l’Arno. Peu d’autres régions d’Italie sont aussi
sensibles que le Casentino, où un esprit particulier, souvent âpre
et amer, se mêle à la tristesse et à la langueur tragiques de
l’âme chantante du peuple.
Et
c’est ainsi que nous retrouvons entre nos mains un véritable joyau
de chansons populaires qui, en partie ont été écrites maintenant,
en partie à la fin du XIXième siècle et en partie il y
a plus longtemps encore. Un voyage dans l’esprit sain d’une
époque qui fut en un lieu qui est (encore). Mais qu’en même
temps, tout en y étant, il devient aussi une potentialité : un
lieu féerique et suspendu, un macondo à l’italienne, où le
miracle est encore possible. Et ce disque sent le miracle.
Nous
sommes dans le domaine de la grande musique populaire, où les
mérites sont partagés entre beaucoup de gens : la voix de
Lanini, les arrangements de Giuntini, les interventions
instrumentales ponctuelles de tous les autres, la musique, encore une
fois par Lanini, mais surtout les paroles de Jacopo Bordoni, un vrai
maçon, un vrai poète et un vrai rebelle : un socialiste de
ceux d’autrefois imprégnés d’idéaux nobles dans ces
"Differenze di idee" – « Divergences » quand
il décrit l’hiver du riche et celui des pauvres. Certes, des vers
plutôt naïfs, mais combien vrais !
(Résumé
du commentaire italien)
Et
tombent tombent les flocons blancs
Légers, silencieux, fantastiques, minces ;
Ils s’encourent loin, portées par les vents
Les blancs flocons légers… silence.
Légers, silencieux, fantastiques, minces ;
Ils s’encourent loin, portées par les vents
Les blancs flocons légers… silence.
sont
les voix des rudes paysans :
Des plaines ni des monts, des monts ni des plaines,
On entend seulement la funeste cantilène,
Des pins et des sapins sous la tempête se tordant.
Des plaines ni des monts, des monts ni des plaines,
On entend seulement la funeste cantilène,
Des pins et des sapins sous la tempête se tordant.
Le
riche de son lit
se lève, et s’exclame,
Regardant par la vitre : – Quel beau panorama !
Ici au dedans, au chaud, l’hiver est délectable,
Il est plein d’images, c’est un tableau de choix. -
Regardant par la vitre : – Quel beau panorama !
Ici au dedans, au chaud, l’hiver est délectable,
Il est plein d’images, c’est un tableau de choix. -
Et
s’en va
murmurant que les
lambeaux neigeux
Sont les guirlandes des mystiques amoureux ;
Les tours, les palais lui paraissent plus beaux,
Modelés de marbre dans leurs chapiteaux.
Sont les guirlandes des mystiques amoureux ;
Les tours, les palais lui paraissent plus beaux,
Modelés de marbre dans leurs chapiteaux.
Et
il chante ; – L’hiver
qui blanchit tout le créé,
Étend un voile candide sur les prés !
L’hiver, avec la bombance, est un charme infini,
Qui renforce le corps, qui entrouvre l’esprit.
Étend un voile candide sur les prés !
L’hiver, avec la bombance, est un charme infini,
Qui renforce le corps, qui entrouvre l’esprit.
L’été
nous amollit les
membres, et nous rend bêtes,
Une touffeur accablante nous brise la tête ;
L’été nous cuit aux feux de l’enfer,
Notre bien-être est ici dans l’hiver. -
Une touffeur accablante nous brise la tête ;
L’été nous cuit aux feux de l’enfer,
Notre bien-être est ici dans l’hiver. -
Le
pauvre, dans sa
froide bicoque,
Avec l’eau gelée au fond de son broc,
S’exclame : – Quelle triste neigée dans le pré ;
Quel voile funéraire, quel hiver damné !
Avec l’eau gelée au fond de son broc,
S’exclame : – Quelle triste neigée dans le pré ;
Quel voile funéraire, quel hiver damné !
Quelle
bise coupante, quelle furie de vent,
Quels jours d’ineptie, quel froid, quel tourment !
S’il continue ce temps de chien
Sifflant, neigeant, que mangerai-je demain ? -
Quels jours d’ineptie, quel froid, quel tourment !
S’il continue ce temps de chien
Sifflant, neigeant, que mangerai-je demain ? -
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