DENDROCHRONOLOGIE
Version
française – DENDROCHRONOLOGIE –
Marco Valdo M.I. – 2019
Chanson
italienne – Dendrocronologia
– Deproducers
– 2017
De
la rencontre de quatre producteurs : Vittorio
Cosma, Gianni
Maroccolo, Max
Casacci et Riccardo Sinigallia
– est
né un projet novateur et rassembleur,
une combinaison sans précédent de musique et de science.
Deproducers est une sorte de collectif…
Les Deproducers ont l’intention de mettre
en
musique sur
scène
des conférences scientifiques racontées d’une manière rigoureuse
mais accessible.
Planetario,
le premier chapitre, remonte à 2012 et combine la musique aux
conférences spatiales de l’astrophysicien et directeur du
Planétarium de Milan Fabio Peri. Le tout avec les images originales
fournies par l’ESA pour le spectacle.
Botanica,
le deuxième chapitre, est né en 2016 et crée une bande sonore
organique et riche pour les incroyables révélations sur la vie
secrète des plantes, racontées avec rigueur par Stefano Mancuso, un
des plus grands neurobiologistes vivants.
Les
deux spectacles utilisent les visuels de Marino Capitanio et les mise
en scène de
Peter Bottazzi.
L’idée
de Deproducers est née de Vittorio Cosma, qui a décidé d’impliquer
certains des musiciens les plus respectés dans un projet qui allie
musique et science.
Un
matin, il décida d’entrer au Planétarium de Milan, où il
rencontra le directeur Fabio Peri, un scientifique ayant une
formation musicale importante. L’empathie est immédiate et le
professeur est aussitôt
impliqué dans le projet : c’est en fait la naissance de
Planetario.
L’astrophysicien
illustra les merveilles du cosmos et le mystère de sa naissance, les
constellations et leur mythologie, la relation entre l’homme et
l’infini, le tout véhiculé par une incroyable capacité à
emballer le public avec un langage simple et accessible.
Avec
lui, les quatre producteurs étendent un tapis sonore qui entraîne
l’auditeur au milieu du ciel, faisant du concert un véritable
voyage intergalactique.
Lors
d’une réunion publique organisée par Aboca, Vittorio Cosma
rencontre Stefano Mancuso en 2015. Encore une fois, l’empathie
immédiate mène à la genèse de l’idée de Botanique. Le
neurobiologiste s’intéresse à la communication qui a lieu entre
les plantes, en étudiant les modalités selon des critères
strictement scientifiques.
Devant
le public, une facette totalement inconnue du monde végétal est
révélée lors d’une rencontre populaire mais rigoureuse,
compréhensible pour tous.
Les
musiciens, submergés par les projections synchronisées créées par
Marino Capitanio, accompagnent le voyage en dessinant des univers
sonores palpitants et engageants qui améliorent la communication du
scientifique et captivent le public.
La
chronologie cosmique du voyage d’un rayon de lumière, racontée
dans Travelling,
trouve sa parfaite contrepartie dans ce morceau
consacré à la chronologie végétale : quelque chose qui nous
fait nous
sentir
infiniment petits, éphémères. Peu de différence entre notre
moyenne de quatre-vingts ans et les vingt minutes d’une bactérie,
par rapport aux espèces végétales qui ont vu non seulement tout le
flux de notre histoire connue et de notre préhistoire, mais aussi
l’aube d’une planète où l’espèce humaine était loin d’être
à venir. La botanique est un spectacle que les Deproducers
organisent depuis 2017 et, surtout, ils l’ont présenté dans de
nombreuses écoles sous la supervision scientifique du professeur
Stefano Mancuso, botaniste de renommée mondiale, professeur à
l’Université de Florence et directeur du Laboratoire international
de neurobiologie des plantes (LINV). [RV]
Dialogue
Maïeutique
Quel
curieux titre pour une chanson, dit Lucien l’âne. Je sais que je
le dis souvent, mais cette fois, c’est un titre d’une curiosité
curieuse et ne crois pas que je ne sais pas ce dont il s’agit. Tout
au contraire, pur mi, la chose est claire et c’est pour cela que je
trouve ce titre curieux et de plus, il attire la curiosité. Je sais
pertinemment qu’il s’agit de la chronologie de l’arbre et par
extension, de la chronologie par l’arbre. Littéralement, il s’agit
de la datation d’un arbre en comptant les anneaux que les années
passées une à une ont laissés à l’intérieur du tronc de
l’arbre et qui d’ailleurs en constituent la matière.
En
effet, Lucien l’âne mon ami, c’est un curieux titre qui
cependant correspond exactement à ce que tu en disais. C’est une
chanson « scientifique » ; disons plus justement,
une chanson de « vulgarisation scientifique » et c’est,
en son genre, une réussite.
Et
c’est également une très bonne idée, reprend Lucien l’âne.
Cela manquait. À côté de la chanson d’amour, on avait déjà –
dans le désordre le plus absolu – la chanson politique, la chanson
contre la guerre, la chanson sociale, la chanson poétique, la
chanson épique, la chanson historique, la chanson chronique, la
chanson romantique, la chanson comique, la chanson magique, la
chanson enfantine, la chanson religieuse, que sais-je encore ?,
mais pas vraiment de chanson scientifique, du moins se revendiquant
telle.
Tu
as résumé le propos, dit Marco Valdo M.I., et je n’y ajouterai
rien grand-chose. Sauf qu’il me faut avouer une petite incartade de
ma part : j’ai ajouté un vers à la chanson d’origine et
franchement, je ne le regrette pas, car il manquait. C’est le vers
final qui exprime le rapport temporel et vital entre l’homme et les
autres espèces et au-delà entre la vie biologique – telle qu’on
la connaît sur Terre (pléonasme de renforcement) et le reste de
l’univers. Nous sommes tous – à savoir ces vivants énumérés
dans la chanson – des précaires, des êtres de hasard dont le
destin est lui-même hasardeux. Pour mieux encore préciser cette
pensée, nous savons (plus ou moins) notre passé et nous pourrions
le connaître beaucoup mieux, beaucoup mieux le documenter ; ça,
c’est de l’ordre du possible. On peut le retracer, au moins dans
ses grandes lignes, mais ne nous pouvons augurer du futur. On peut
savoir les bonds du hasard passés ; on ne peut que subodorer
ceux du futur qui sont rigoureusement livrés à eux-mêmes. En ce
sens, il n’y a pas de futur, il n’y a que des potentialités de
futur. L’avenir est enfant de hasard ; même sil existe dans
le passé de ce hasard-là des nécessités qui le contraignent. Le
hasard ainsi considéré est la rencontre de potentialités infinies
avec d’infinies nécessités. Pour en quelque sorte arriver à
cristalliser certains futurs, il faut en réduire très
considérablement la durée, l’ampleur et la complexité. Ce qui
est notamment une des raisons de cette phrase :
« Du
moins, tant qu’il y aura des hommes… »
Arrêtons
là, dit Lucien l’âne, j’ai le tournis. En attendant, tissons le
linceul de ce monde infini, hasardeux, énorme, à notre échelle,
ridiculement minuscule et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Les
bactéries peuvent vivre 20 minutes.
Un
papillon peut vivre 12 heures, une puce d’eau peut vivre une
semaine.
Les
rongeurs peuvent vivre en moyenne deux ans, un chat quinze,
Un
cheval peut arriver à dépasser les vents.
L’espérance
de vie moyenne d’un être humain est d’environ 80 ans.
Les
oiseaux comme les perroquets, les hiboux, les faucons peuvent vivre
jusqu’à 100 ans.
Les
éléphants, les baleines et autres grands mammifères peuvent
survivre au siècle.
Les
tortues géantes des Galápagos peuvent vivre jusqu’à 200 ans.
Mais
parmi les végétaux,
il y a des espèces d’arbres, comme Pinus
longaeva,
qui peuvent vivre jusqu’à plus de 4 700 ans.
Leur
naissance précède l’invention de la première forme d’écriture
alphabétique, qui accompagne toute l’histoire de l’homme jusqu’à
nos jours.
Ils
étaient là quand les Pyramides et le Sphinx ont été construits.
Ils
étaient là avant l’essor de la civilisation grecque, la fondation
de Rome.
Ils
étaient là avant Jésus-Christ, avant Bouddha, avant Mahomet et
avant Confucius.
Ils
étaient là lors de la chute de l’Empire romain et au couronnement
de Charlemagne.
Ils
étaient là avant l’invention de la presse, la découverte de
l’Amérique,
Avant
Copernic et avant la théorie de la gravitation universelle.
Ils
étaient là et ils ont survécu à la Révolution industrielle, la
Révolution française, Napoléon.
Ils
étaient là lors de la pose des premiers câbles télégraphiques et
des câbles électriques.
Ils
étaient là et ils ont été traversés par les premiers signaux
radio, survolés par les avions,
Et
ils ont survécu à deux guerres mondiales et aux radiations
nucléaires.
Ils
ont vu l’homme sur la Lune.
Et
ils continueront d’être témoins de notre évolution.
Du
moins, tant qu’il y aura des hommes…
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