PAATRIIE
Version
française – PAATRIIE – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson
allemande – Faaterland
– Floh
De Cologne – 1983
Paroles :
Hansi Frank
Musique :
Dick Städtler et Vridolin Enxing
Une des dernières chansons du collectif politico-musical allemand Floh De Cologne, qui s’est dissous en 1983 après plus de 15 ans d’existence.
Mon
ami Lucien l’âne, je trouve toujours un peu de temps pour faire
une version française de chansons allemandes, surtout de celles qui
mettent au clair l’existence d’une « autre Allemagne »,
qui font entendre des voix allemandes contre la guerre, contre le
nationalisme, cette peste qui hante encore les populations de ce cœur
de l’Europe. Pas seulement elles, je te l’accorde, car ce mal est
universel ; mais nous nous en tiendrons là, je veux dire à ce
Faaterland que j’ai traduit par PAATRIIE pour lui garder sa saveur
de dérision. Quant à ce nationalisme allemand, dont on connaît le
caractère extrêmement redoutable, il faut rappeler encore et
toujours que les premières victimes de cette hydre germanique ont
été les gens d’Allemagne eux-mêmes ; les débordements hors
frontières sont venus plus tard ; précisément après que ces
gens d’Allemagne eurent été vaincus, laminés et pour tout dire,
éliminés ; tout avait commencé par des assassinats
individuels, effectués en douce, sous le manteau. Ce sont ces mêmes
gens d’Allemagne qui seraient à nouveau les cibles de cette « bête
immonde », si on la laissait à nouveau sortir de son trou et
déployer ses ambitions.
Évidemment,
Marco Valdo M.I. mon ami, il est important et salutaire de diffuser
ces voix allemandes qui mettent elles aussi en garde contre la
PAATRIIE, car elles montrent qu’il ne faut pas désespérer de
l’espèce humaine, même en territoire germanique. Mais aussi, car
elles permettent de corriger certain strabisme ou que sais-je ?,
certaine vision biaisée qui laisse a priori penser que toute
l’Allemagne, tous les Allemands sont des nationalistes invétérés.
Et puis, il est toujours bon de contrer ce discours haineux et
inclusif où qu’on soit, car la nation et son corollaire de la
patrie ne sont pas des exclusivités allemandes et sont tout aussi
toxiques dans n’importe quel coin du monde.
Comme
tu peux le présager, reprend Marco Valdo M.I., de ce que je viens de
dire et du titre de la chanson, il s’agit d’une interpellation
pleine d’acide ironique, lancée à pleine voix contre ce fondement
de tout nationalisme : la Patrie. Toutefois, rassure-toi, la
chanson ne formule pas un discours théorique – même si ce dernier
est bien là en arrière-plan, jamais directement exprimé et
toujours présent. Elle procède kaléidoscopiquement par petites
scènes, qui édifient ainsi les auditeurs ; des scénettes qui
montrent crûment où a mené dans le passé, cet attachement troupal
et grégaire à la Patrie, à la nation, ajoutons-y pour faire bonne
mesure au peuple et à la race et les résultats qu’on peut
attendre d’une telle dérive. Cependant, il y a la conclusion où
s’exprime clairement la position que la chanson propose de prendre
face (si j’ose ainsi dire) à la Patrie.
Fort
bien, dit Lucien l’âne. En effet, quand on lit la fin de la
chanson, on comprend que ce côté « face » serait plutôt
un côté « pile », ah, ah. Cela dit, nous devons à
présent reprendre notre tâche et recommencer à tisser le linceul
de ce vieux monde guerrier, national, patriote et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Mon
Papi avait une petite maison ;
En 41, une bombe frappa la maison ;
La maisonnette a brûlé avec Mamie
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
En 41, une bombe frappa la maison ;
La maisonnette a brûlé avec Mamie
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
Mon
oncle est tombé dans la boue
la plus noire,
Une salve lui avait arraché la mâchoire.
Personne n’a retrouvé cette partie
Dans la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
Une salve lui avait arraché la mâchoire.
Personne n’a retrouvé cette partie
Dans la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
Mon
grand frère était
avec Rommel
Ils firent de la bouille de sa cervelle
Alors, il perdit l’esprit
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
J’étais dans les bras de ma mère
Dans la ville, il y a eu une alerte
Elle s’est coagulée autour de ma vie
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
Pour la patrie.
Ils firent de la bouille de sa cervelle
Alors, il perdit l’esprit
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
J’étais dans les bras de ma mère
Dans la ville, il y a eu une alerte
Elle s’est coagulée autour de ma vie
Pour la Pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-pa-patriiiiie !
Pour la patrie.
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