La
Maumariée
Chanson
française – La Maumariée – Anne Sylvestre – 1968
Paroles et musique : Anne Sylvestre – 1968
Paroles et musique : Anne Sylvestre – 1968
Écrite
pour Serge Reggiani en 1968 et interprétée pour la première fois à
Bobino (Paris) – 1968
Anne Sylvestre :
https://www.youtube.com/watch?v=0p8SzaULmg8
Serge Reggiani :
https://www.youtube.com/watch?v=u5-u3JjE7eA
Dialogue
Maïeutique
Vois-tu,
Lucien l’âne mon ami, j’ai toujours du mal à commenter
certaines chansons d’Anne Sylvestre ou de Barbara.
Qu’est-ce
que tu me chantes là, Marco Valdo M.I. mon ami ? Du mal et
pourquoi donc ?
Du
mal, mon ami Lucien l’âne, car leurs chansons, leur voix, leur
ton, que sais-je, tout ça à la fois, ça me fait mal. Une douleur
profonde, insinuante et pénétrante, rien que d’y penser et dont
je n’arrive pas à me dépêtrer et si j’ai le malheur de les
écouter, c’est pire encore. Oh, ce n’est pas que je ne les aime
pas ; à vrai dire, je les aime trop et l’émotion, telle une
cascade sauvage et gigantesque se déverse en moi et m’emporte sans
que j’y puisse rien faire.
Et
alors, Marco Valdo M.I., qui t’oblige à les écouter ou même, à
t’en souvenir ?
Personne,
ni rien, Lucien l’âne mon ami, elles s’invitent toutes seules.
Soudain, elles sont là. D’aucuns disent que ce sont des chansons
sorcières et je le croirais volontiers, mais malgré tout, ce sont
de bonnes sorcières. Ah, si je commence à les écouter, il me faut
me faire violence à moi-même pour m’en échapper. Ce ne sont pas
les seules, évidemment ; c’est comme ça avec tant de
chansons. Celles de Brassens, Ferré, Brel, Lapointe et d’autres me
prennent aussi la mémoire et me poursuivent des heures, des jours
durant, mais elles ne font pas ce mal-là. Elles ne me noient pas
dans cette mélancolie qui m’enveloppe comme une brume de novembre.
Tiens, c’est comme le dimanche soir, ça me fout le bourdon.
Voilà
qui est déroutant, dit Lucien l’âne ; Cependant, qu’en
est-il de la chanson elle-même ?
Pour
ce que j’en sais, elle serait une réminiscence de chansons
anciennes, d’histoires qui se sont transmises de femme en femme
dans les provinces lointaines du Québec ou de n’importe quel
village de n’importe quelle province. C’est l’histoire
finalement banale d’une femme mal mariée, mariée contre son gré,
mariée de force… Comme ça s’est toujours fait et ça se fait
encore dans les sociétés patriarcales où la coutume, quand ce
n’est pas la loi, ou un Dieu ou un prophète ramène la femme à
moins qu’un homme et lui impose la soumission aux mots de la tribu.
Certaines femmes sont patientes, certaines s’en accommodent – ce
sont les plus résistantes ; d’autres mettent fin au supplice
en se suicidant – ce sont les plus douces. La maumariée de la
chanson est de celles-là.
Oh,
dit Lucien l’âne, quelle triste histoire ! Elle a dû se
demander comme Caussimon et Ferré après lui :
« …si
c’est utile et surtout,
Si
ça vaut le coup,
Si
ça vaut le coup,
De
vivre sa vie. »
Cela
dit, il me semble qu’il existe déjà une « autre
maumariée[[41577]] » au
destin guère meilleur. Pour le reste, même si elle doit t’écorcher
vif, écoutons cette chanson et puis, pour te consoler, tissons le
linceul de ce vieux monde mélancolique, triste, sinistre et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Maumariée,
oh maumariée !
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde.
Maumariée, oh maumariée !
Quand ils t’ont trouvée noyée
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde.
Maumariée, oh maumariée !
Quand ils t’ont trouvée noyée
Dans
le courant,
Entre tes draps de mousse,
Dans le courant,
Les yeux fermés, si douce,
Comme un jardin de fleurs,
Comme un jardin
Saccagé par l’orage,
Comme un jardin,
Comme une fleur sauvage,
Tu fuyais ton malheur
Entre deux eaux,
Entre deux eaux.
Et j’étais là, moi,
J’étais là,
Inutile et vain,
Avec mes deux mains.
Imbécile et froid,
Avec mes deux bras,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée,
Je t’aurais consolée.
Moi, maumariée,
Que j’aurais su t’aimer.
Et tous les hommes qui sont là
T’auraient ouvert portes et bras,
Tous auraient voulu empêcher
Cet irrémédiable péché.
Toi si blonde, maumariée,
Toi si blonde, mal aimée.
Maumariée, oh maumariée !
Quand tu t’es sauvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde,
Maumariée, oh maumariée,
Quand tu as désespéré,
Ne pouvais–tu,
Ne pouvais–tu m’attendre,
Ne pouvais–tu,
À cet instant comprendre
Que je courais vers toi,
Que je courais
Comme vers une source,
Ignorant que ma course
Me conduisait là–bas
Au bord de l’eau,
Au bord de l’eau
Et je suis là, moi,
Je suis là,
Avec mes deux mains
Qui ne tiennent rien.
Ton image en moi
Qui ne s’en va pas,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée.
Jamais je n’oublierai,
Moi, maumariée
Que j’aurais pu t’aimer.
Maumariée, oh maumariée,
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde, blonde, blonde…
Entre tes draps de mousse,
Dans le courant,
Les yeux fermés, si douce,
Comme un jardin de fleurs,
Comme un jardin
Saccagé par l’orage,
Comme un jardin,
Comme une fleur sauvage,
Tu fuyais ton malheur
Entre deux eaux,
Entre deux eaux.
Et j’étais là, moi,
J’étais là,
Inutile et vain,
Avec mes deux mains.
Imbécile et froid,
Avec mes deux bras,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée,
Je t’aurais consolée.
Moi, maumariée,
Que j’aurais su t’aimer.
Et tous les hommes qui sont là
T’auraient ouvert portes et bras,
Tous auraient voulu empêcher
Cet irrémédiable péché.
Toi si blonde, maumariée,
Toi si blonde, mal aimée.
Maumariée, oh maumariée !
Quand tu t’es sauvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde,
Maumariée, oh maumariée,
Quand tu as désespéré,
Ne pouvais–tu,
Ne pouvais–tu m’attendre,
Ne pouvais–tu,
À cet instant comprendre
Que je courais vers toi,
Que je courais
Comme vers une source,
Ignorant que ma course
Me conduisait là–bas
Au bord de l’eau,
Au bord de l’eau
Et je suis là, moi,
Je suis là,
Avec mes deux mains
Qui ne tiennent rien.
Ton image en moi
Qui ne s’en va pas,
Avec tout mon corps
Qui regrette encore,
Maumariée.
Jamais je n’oublierai,
Moi, maumariée
Que j’aurais pu t’aimer.
Maumariée, oh maumariée,
Quand ils t’ont trouvée,
Si blanche et dorée,
Blonde, blonde, blonde, blonde, blonde…
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