La Main d’Hilbert
Chanson
française – La
Main d'Hilbert
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 97
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, IV)
Ulenspiegel le Gueux – 97
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, IV)
Dialogue
Maïeutique
Cette
fois aussi, Marco Valdo M.I. mon ami, il te faudra expliquer ce titre
tant il est étrange et réfrigérant. Quoi ! Que veut dire
cette « main d’Hilbert » ? Serait-elle séparée
de son corps ? Ah, il me souvient que le dit Hilbert est porté
disparu, tenu pour mort et même, on connaît son assassin.
Ah,
Lucien l’âne mon ami, tu as bien résumé
la situation. Hilbert
est mort assassiné par Joos Damman, son ami, celui qui se fait
passer pour Hans auprès de Katheline. Sans doute, ce meurtre avait
pour objet une sordide question d’argent – la possession des sept
cents carolus d’or que le tandem avait récupérés dans le fond du
jardin de Katheline. Oui, c’est bien de la main de cet Hilbert
disparu qu’il s’agit.
Justement,
réfléchit Lucien l’âne, s’il a disparu, il me semble que ses
mains ont disparu avec lui ; une main ne se promène quand même
pas toute seule.
En
effet, mon ami Lucien l’âne, comme tu le dis si bien, une main ne
se promène pas toute seule et si elle est seule, c’est qu’on l’a
séparée de son corps. Ce sont là choses certaines et un
raisonnement impeccable. Mais dans la chanson, comme tu vas t’en
apercevoir, il y a un raisonnement inverse et caché quant à son
objectif réel et c’est Nelle qui va
mener la manœuvre.
Au
fait, Marco Valdo M.I. mon ami, quel est le but réel de Nelle et
quelle est son idée ?
D’abord,
Lucien l’âne mon ami, ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est
que Nelle
a pris résolument la défense
de sa mère Katheline, laquelle est folle et subjuguée par son amour
mal placé. Ensuite, que pour défendre Katheline, il est
indispensable de ne laisser aucun doute quant à la culpabilité de
Joos Damman dans l’assassinat d’Hilbert et que le premier
objectif est de retrouver le corps d’Hilbert, preuve du crime.
Nelle pense que Katheline sait où est le corps ; la difficulté
est de l’amener à révéler l’endroit où il est enterré. C’est
une difficulté car Katheline ne veut pas trahir son bien-aimé.
C’est là que la ruse de Nelle se révèle efficace : elle
suggère à sa mère que Hans, son amant diabolique, veut qu’elle
lui porte la main gauche d’Hilbert. Et pour
ce faire, c’est ici qu’intervient le raisonnement inverse, il
faut séparer la main du corps, dès lors, déterrer le corps et
donc, aller à l’endroit du crime. C’est ce que va faire
Katheline, poussée par sa folie et suivie
par le Bailli et ses juges. Une fois, le
mort déterré, il ne reste plus qu’à couper la main gauche
d’Hilbert et la porter à Hans, alias Joos Damman en sa prison.
Ainsi
éclairci le
mystère de la main d’Hilbert, conclut Lucien l’âne, tissons le
linceul de ce monde funèbre, macabre et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Nelle
dit à sa mère, « Ce matin,
Hans
ton mignon réclame la main
Gauche
d’Hilbert, il faut la chercher. »
Katheline
répond : « J’irai la couper ! »
Et
Katheline s’en va au champ,
Elle
marche vite et fièrement.
Nelle
porte une bêche, elle porte un couteau ;
Les
officiers la suivent comme des corbeaux.
Katheline
dit : « J’étais cachée là.
Hilbert
était laid, Hans, tu es beau.
Tu
auras tantôt sa main ; elle est là
Où
la terre éponge l’eau. »
Là,
près de la digue, sous la lune,
Quelle
terrible dispute, quelles colères.
J’entendais
tout de la dune,
J’ai
vu ton poignard le mettre à terre. »
Elle
prend la bêche et dit soudain :
« Ami
Hilbert, Hans mon seigneur
M’ordonne
de couper ta main.
Ne
me cherche pas malheur ! »
Elle
casse la glace, creuse découvrant
La
forme d’un corps sur le dos étendu.
C’est
un jeune homme au visage blanc,
D’un
habit de gros drap gris vêtu.
Son
épée repose à côté de lui,
En
sa poitrine, un poignard est planté.
Katheline
coupe la main sans hésiter
Et
la remise dans son étui.
Le
Bailli mande de le déshabiller.
Le
cadavre d’Hilbert dépouillé,
Tous
peuvent voir ôter le poignard.
On
couvre le mort de sable sans retard.
Le
cortège rentre en procession funéraire.
Katheline
s’en va devant, joyeuse commère,
Porter
la main à Hans en sa prison.
Nelle
pleure, il n’y aura pas de pardon.
Comme
sorcière coupable de conjurations,
Par
le Bailli en personne constatées,
Katheline
à peine entrée, est appréhendée
Et
dans la cave, à double tour, enfermée.
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