Hans le Blême
Chanson
française – Hans
le Blême
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 95
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, III)
Ulenspiegel le Gueux – 95
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – IV, III)
Champ derrière les dunes - sous la neige |
Dialogue
Maïeutique
Durant
que Till et Lamme s’en vont sur les mers combattre l’Espagnol,
comme tu vas l’apprendre ici même Lucien l’âne mon ami, la vie
se poursuit au village dont ils sont partis et naturellement, sous
le manteau de la guerre, continue l’histoire de Nelle
et de Katheline, sa mère. Nelle, à présent, est une jeune femme et
Katheline s’enfonce plus encore en sa folie, conséquence de ses
supplices. Voilà où nous en sommes en cette fin d’hiver.
Je
vois ça d’ici, dit Lucien l’âne, la plaine maritime, ses
polders, ses digues, ses haies, ses canaux et ses dunes qui se
finissent d’une plage que vient lécher la mer du Nord, le tout est
couvert de neige et de glace. Les jours vacillent, on entend au loin
le pas du printemps. Soit, mais quel est cet étrange Hans le Blême,
qui donne le titre à la chanson et dont jusqu’ici, nul n’avait
jamais parlé ?
Ah,
dit Marco Valdo M.I., tout comme sous le manteau de la guerre, la
paix continue ; inversement, sous le manteau de la paix, la
guerre continue. Ceci tient, Lucien l’âne mon ami, ce que depuis
longtemps tu avais compris, au fait que guerre et paix sont deux
états de la même chose ; l’une et l’autre se compénètrent
et ne forment qu’un continuum. Ainsi, j’en viens à Hans le Blême
dont la chanson trace le portrait et dévoile peu à peu l’identité.
Je ne peux dès lors t’en dire plus à son sujet. Si ce n’est
qu’il s’agit d’un personnage particulièrement odieux, un fort
contre les faibles, un fier contre les modestes, un lâche, un
menteur, un louvoyeur, une véritable anguille quand il se voit
contraint d’assumer ses paroles et ses actes.
Oh,
Marco Valdo M.I. mon ami, j’insiste quand même ; dis-moi qui
il est.
Si
tu y tiens vraiment, Lucien l’âne, je ne saurais te le refuser. Il
s’agit de ce mystérieux personnage qui vînt certaines nuits chez
Katheline et qui avait, par ruses et promesses, poussé la pauvre
folle à lui révéler où étaient cachés les sept cents carolus
d’or, héritage de Claes le charbonnier et les avait volés. Par
ailleurs, on apprend que c’est le père de Nelle et que ce noble
personnage entre ce jour à cheval dans le village comme un des
membres de la suite du Bailli. Pour la suite, reporte-toi à la
chanson.
Oui,
voyons la suite, dit Lucien l’âne, et puis, tissons le linceul de
ce vieux monde vénal, corrompu, tricheur, escroc et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Neiges
et glaces sur le monde,
Au
premier mois où le veau gèle
Au
ventre de la vache qui vêle,
Neiges
et glaces se confondent.
Les
gamins et les chats
Vont
à la chasse aux moineaux,
Pauvre
gibier, maigre repas
Quêtant
miettes et eau.
« Hans,
mon cœur tire à toi,
Le
feu brûle mon visage.
Où
sont tes baisers si froids ?
Quand
reviens-tu, mon Roi mage ? »
Un
coureur, grelots à la ceinture,
Passe
à toute allure.
Il
crie : « Voici venir le Bailli !
Qu’on
rassemble le pays ! »
Passe
le cortège des officiers,
Suivi
d’une troupe de nobles gens,
Tous
de velours et de fourrures parés,
Tous
bons amis du Bailli, caracolant.
Au
milieu, un bec de vautour, poil roux, joues blêmes,
Costume
vert aux fils d’or, manteau de velours noir,
Couvert
d’une toque verte au plumeau noir,
Porte
fier sa bouche mince et son air de carême.
Katheline,
de joie affolée, fend le cortège,
Stoppe
le cheval du blême cavalier,
Rit
et crie : « Hans, te voici, mon aimé,
Tu
es le plus beau des soleils sur la neige. »
Le
bailli fait halte et toute la troupe de gentilshommes.
« Que
me veut cette gueuse ? », demande le blême.
Tenant
la bride à deux mains, elle dit : « Mon homme,
Emmène-moi
au bout de la terre, je t’aime !
Ne
t’en reva pas, reste là !
Mon
aimé, j’ai tant pleuré pour toi.
Regarde,
Nelle, notre enfant ! »
Il
lève son fouet menaçant.
« Va-t-en,
femme, dit le blême,
Je
ne te connais pas ! »
Il
pousse son cheval, la renverse et même,
Lui
ouvre la tête d’un seul pas.
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