mardi 23 octobre 2018

Épilogue en Queue de Poisson

Épilogue en Queue de Poisson


Chanson française – Épilogue en Queue de Poisson – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
100
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
IV, VI)





Dialogue Maïeutique


Décidément, mon cher ami Marco Valdo M.I., tu as le chic pour les titres exotiques. Qu’est-ce que c’est encore que cet « Épilogue en queue de poisson » ? À le lire, on ne peut deviner de quoi il est question.

Pourtant, Lucien l’âne mon ami, ce titre en vaut bien un autre et d’ailleurs, comme je vais te le montrer, il n’est pas abscons au point de ne pouvoir exposer exactement son objet. Ainsi en va-t-il de l’épilogue qui serait, selon le très sérieux CNRTL (Centre National des Ressources textuelles et lexicales), qui en propose trois définitions que je te résume :
– un petit discours de fin pour demander au public son approbation (on verra dans la chanson que le public approuve)
– une dernière partie, conclusion d’un discours…
ou – ce qui termine une affaire, une histoire, une aventure.
Et quelle que soit la définition retenue, c’est ce qu’est réellement cette chanson qui conte la fin définitive de Joos Damman, l’amant crapuleux et diabolique de la bonne et folle Katheline.

Soit, dit Lucien l’âne, me voici renseigné quant à l’épilogue ; mais que diable vient faire dans cette galère cette queue de poisson ?

Pareillement, dit Marco Valdo M.I., l’explication se découvre en réfléchissant au sens de cette expression. Qu’est-ce donc qu’une queue de poisson et que vient-elle faire ici ? Une nouvelle fois, faisons confiance au site savant susmentionné qui indique : « Finir, se terminer en queue de poisson : tourner court, avoir une fin abrupte et décevante par rapport à ce qui précède. » Et comme on pourra le constater, la fin de Joos Damman est en effet abrupte et décevante… pour ce dernier.

À ma grande consternation, dit Lucien l’âne, je ne peux que constater que vu de cette manière, le titre est fort clair. D’ailleurs, cet ignoble personnage ne valait guère mieux qu’une telle fin. Il reste que je suis fort désireux de savoir ce qu’il en est de la bonne Katheline, dont – si je me souviens bienc’est également le procès en sorcellerie. Va-t-elle, elle aussi, être jetée aux feux de l’enfer ?

À cela, dit Marco Valdo M.I., je te répondrai « aujourd’hui peut-être ou alors demain. »

Je patienterai donc jusque-là, dit l’âne philosophe. En attendant, tissons le linceul de ce vieux monde finissant, diabolique, exténuant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



On compare les écritures des deux lettres :
Celle trouvée dans la gibecière,
Envoyée à Hilbert par Joos le faux frère
Et celle de Hanske à sa mignonne sorcière.

Damman a écrit la première,
La seconde est signée du diable froid ;
Et les témoins au nombre de trois
Les disent issues d’une main, similaires.

Un gentilhomme sous serment déclare :
« Je connais les familles du mort et de l’accusé.
Je reconnais les trois Poissons des Ryvish estampillés
Sur la poignée de l’épée et du poignard.

Mais d’où vient cet autre poignard ? »
« Du trou dans le cœur d’Hilbert. »
« Donnez-le-moi à voir ;
C’est la Tour des Damman, c’est clair. »

Et le Bailli énonce le jugement :
« Joos Damman est voleur, sorcier,
Affoleur de femmes et meurtrier,
Crimes de lèse-majesté assurément. »

Et l’accusé nie et sans remords,
Sur la femme dévie la sentence de mort :
« Faites mourir la sorcière, seule coupable
De tous ces maux épouvantables ! »

« Je ne fus jamais sorcier,
Je jouais un jeu, le jeu du diable ;
Il n’y a rien là d’abominable
Ni matière à me condamner.

De Satan lui-même, du démon,
Pour ses jeux vicieux,
Cette femme me rêvait l’incarnation.
C’était son péché contre Dieu. »

Personne n’est dupe. Écoutez-le bien,
Dit Nelle, ce meurtrier trop rusé
Et le peuple crie : « Mort à ce chien ! »
Et torturé, le condamné finit avouer.

En fin, Damman est de noblesse dégradé
Et devant la commune, brûlé
À petit feu et tout vif encore ;
Et peuple dit : « Il l’a méritée cette mort ».

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