Gare au Garou
Chanson
française – Gare
au Garou
– Marco Valdo M.I.
– 2018
Ulenspiegel le Gueux – 88
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XLIII)
Ulenspiegel le Gueux – 88
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XLIII)
Ah,
dit Lucien Lane, qui arrive claudiquant à pas lents, ce titre me
semble inspiré directement du « Gare au gorille ! »,
antienne du Gorille
que composa et chanta Georges Brassens. Sans doute, le plus célèbre
Gorille de tous les temps ; et à propos de gorilles, en
restera-t-il encore sur Terre dans quelque temps ? Car, on les
chasse odieusement. Cela dit, j’imagine que ce titre est un clin
d’œil de connivence et c’est fort bien, mais est-elle aussi
drôle, ta chanson ? ; je ne le sais pas, car je ne l’ai
pas encore vue, mais j’en doute.
Elle
ne l’est absolument pas, dit Marco Valdo M.I., car elle conte la
chasse au loup-garou que va mener Till dans ces dunes proches de la
plage, un lieu ordinairement empreint de paix et de sérénité, où
depuis un certain temps – dans la nuit du samedi au dimanche –
les gens sont assassinés. Tous ont la nuque brisée et au col des
morsures de longues et pénétrantes dents. La dernière personne en
date est Betkine, une jeune fille victime d’un meurtre
dans les dunes. Cela posé, le « Gare au garou ! »
s’impose, mais à l’inverse du « Gare au gorille ! »,
son avertissement, sa menace s’adresse au garou, c’est l’annonce
faite au garou que sa fin approche à pas de loup.
Bien,
dit Lucien l’âne, en se dandinant pour trouver la bonne position.
Qu’en est-il alors de la chanson ? Que raconte-t-elle ?
Eh
bien, reprend Marco Valdo M.I., elle rapporte la suite des événements
qui fait escorte à la découverte du cadavre d’une jeune fille
assassinée dans les dunes qui longent la Mer du Nord du côté de
Knokke. On a ramené le corps à la maison communale de son village,
on l’autopsié et le bruit s’est répandu qu’il s’agit de
l’œuvre d’un loup-garou. Le loup-garou – comme on sait – est
un personnage mythique qui incarne dans le monde paysan toute
l’angoisse, toute la frayeur refoulées.
Évidemment,
dit Lucien l’âne, car c’est l’incarnation du loup en humain ou
de l’humain en loup. Et des histoires de loup-garou, le monde
féodal en était plein ; le monde romantique aussi – pour ne
parler que de l’Europe ancienne. Je ne connais pas les loups-garous
des autres continents ; ils doivent avoir d’autres apparences.
Dans le réel, tout au long de mes pérégrinations, je n’en ai
jamais, au grand jamais rencontré un seul ; tout comme je n’ai
jamais rencontré de farfadet, de lutin, de gnome, de démon, d’ange
ou de dieu ; ce sont des fantaisies de l’imagination.
Donc,
dit Marco Valdo M.I., à l’idée du loup-garou, l’imagination
s’emballe et on – c’est vraiment de « on » qu’il
s’agit – décrète la chasse au loup-garou. Tout le monde crie au
loup, mais de tous ces crieurs du devoir, personne ne se présente
pour aller véritablement à la chasse au garou – sauf la mère de
l’enfant et ses frères. Simplement, surgissent alors quelques
réflexions plus raisonnables et notamment, l’idée que l’assassin
mystérieux ne saurait se résumer à un garou – lequel se
préoccupe comme le vampire essentiellement de sang frais, car le vol
apparaît comme le véritable mobile de ces assassinats. D’autre
part, Till intervient qui se porte volontaire et pas trop certain de
ne pas avoir à faire à un garou, il s’es confectionné un piège
à loup comme on en faisait à l’époque. Il s’en va seul
affronter le tueur et le reste est dit dans la chanson.
Oui,
Marco Valdo M.I., laissons dire la suite à la chanson et reprenons
notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde lâche, traître,
pervers, assassin et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
La
population s’est rassemblée
Devant
le corps de Betkine assassinée.
Femmes,
enfants, hommes, tous pleurent
Et
se lamentent d’un si grand malheur.
Et
Toria, la mère de la morte
Geint
et crie d’une voix forte :
« Je
chasserai le garou jusqu’à tant
Que
je le tuerai de mes dents. »
Des
femmes dans son vœu la soutiennent,
Par
prudence, d’autres la retiennent.
Avec
son homme et ses frères, Toria s’en va
Par
plage, dune et vallée et ne le trouve pas.
Le
bailli dit : « Un loup-garou boit le sang,
Mais
ne vole pas les habits d’argent. »
À
la recherche des sols et des habits de l’enfant,
On
arrête les bélîtres et les mendiants.
Mais
tout ça ne donne rien.
Till
alors s’en vient chez le bailli
Et
dit : ce garou est un humain ;
J’en
délivrerai le pays.
Till
forge un piège secrètement,
Puis
s’en va, dit-il, chasser la mouette.
Sur
la plage, il ouït le flot déferlant
Et
va voir le curé en tête à tête.
J’ai
besoin d’aide pour cette nuit ;
Quelques
hommes courageux, ça suffit.
Tous
ont peur, à venger l’enfant, personne ne t’aidera
Sauf
ses deux oncles et sa mère Toria.
Ce
soir, le vent souffle d’Angleterre.
Till
marche dans le sentier maudit,
Ses
pas sont hésitants, il cherche la terre.
Il
zigzague et titube en ivrogne accompli.
Till
pose le piège sur le chemin
Il
avance un peu et bande son arbalète.
Il
chante faux un vrai refrain
Et
veille en tanguant comme une bête.
Soudain,
un pas lourd et ferme ;
D’un
coup, un bruit de fer, un cri
Le
piège se referme.
Le
loup-garou est pris.
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