lundi 10 septembre 2018

BERCEUSE DU CRÉMATOIRE


BERCEUSE DU CRÉMATOIRE
 
Version française – BERCEUSE DU CRÉMATOIRE – Marco Valdo M.I. – 2009
Version italienne – NINNA NANNA DEL CREMATORIO – Leoncarlo Settimeli – 2006
d’une chanson en yiddish de Aaron Liebeskind, traduite et chantée en polonais par
Alex Kulisiewicz






En 1942, Aaron Liebeskind, un jeune horloger de Bilgoraj en Pologne avait été contraint de connaître l’assassinat de sa femme, Edith, et de son fils de 3 ans au camp de concentration de Treblinka . Il supplia le contremaître du crématoire de le laisser passer la nuit à veiller le corps de son fils. Aaron s’agenouilla à côté du corps de son enfant et composa les paroles de sa berceuse dans sa tête. Durant la nuit, cet homme de vingt-quatre ans devint tout gris. Il réussit miraculeusement à s’échapper de Treblinka, mais il fut capturé à nouveau et envoyé à Sachsenhausen où il rencontra et devint l’ami d’ Alex Kulisiewicz. Aaron raconta à Alex son histoire et lui chanta la chanson en yiddish, qu’Alex traduisit immédiatement en polonais. La mélodie est celle d’un air populaire, bien connu en Pologne, composé par le fameux chantauteur russe, Alexander Wertyński (1889-1957). À Sachsenhausen, Liebeskind chantait avec une voix basse profonde dans le chœur illégal de Rosebery d’Arguto. Aaron Liebeskind fut parmi ces prisonniers juifs qui en 1942, furent transportés à Auschwitz-Birkenau. Il y mourut en 1942-1943. Pour commémorer la tragédie de son ami, Kulisiewicz chanta la « Berceuse » en polonais jusqu’à la fin de son séjour à Sachsenhausen (Avril 1945).
Aleksander Kulisiewicz (1918-1982) (dit Alex) était étudiant en droit dans la partie de la Pologne occupée par les Allemands quand, en octobre 1939, il fut dénoncé pour des écrits anti-fascistes, arrêté par la Gestapo et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, près de Berlin. Chanteur amateur et chantauteur, Aleksander Kulisiewicz composa 54 chansons durant les près de six ans de son emprisonnement à Sachsenhausen. Après la libération, il se remémora ces chansons ainsi que celles apprises de camarades prisonniers, dictant des centaines de pages de textes à son infirmière polonaise.



Crématoire porte noire
Qui à l’enfer mènera ;
On y traîne des corps noirs
Que la flamme brûlera.
On y traîne mon fiston
Aux cheveux d’or fin.
Avec en bouche tes mains,
Comment ferai-je, fiston ?

Oh, je me trompe et tu dors
Et alors mon fils, tu dors.
Fais dodo, mon petit et
Moi, moi, je te bercerai.

Et toi soleil, pourquoi tu te tais ?
Toi qui sais la vérité.
À peine, trois ans qu’il avait,
Mais ils n’eurent pas pitié.
Ses yeux de cimetière
Qui te regardent d’ici-bas
Font des larmes de pierre
Qui ne coulent pas.

Oh, je me trompe et tu dors
Et alors mon fils, tu dors
Fais dodo, mon petit et
Moi, moi, je te bercerai.

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