BERCEUSE DU CRÉMATOIRE
Version
française – BERCEUSE DU CRÉMATOIRE – Marco Valdo M.I. – 2009
Version
italienne – NINNA NANNA DEL CREMATORIO – Leoncarlo Settimeli –
2006
d’une
chanson en yiddish de Aaron Liebeskind, traduite et chantée en
polonais par
Alex
Kulisiewicz
En
1942, Aaron Liebeskind, un jeune horloger de Bilgoraj en Pologne
avait été contraint de connaître l’assassinat de sa femme,
Edith, et de son fils de 3 ans au camp de concentration de Treblinka
. Il supplia le contremaître du crématoire de le laisser passer la
nuit à veiller le corps de son fils. Aaron s’agenouilla à côté
du corps de son enfant et composa les paroles de sa berceuse dans sa
tête. Durant la nuit, cet homme de vingt-quatre ans devint tout
gris. Il réussit miraculeusement à s’échapper de Treblinka, mais
il fut capturé à nouveau et envoyé à Sachsenhausen où il
rencontra et devint l’ami d’ Alex Kulisiewicz. Aaron raconta à
Alex son histoire et lui chanta la chanson en yiddish,
qu’Alex
traduisit immédiatement en polonais. La mélodie est celle d’un
air populaire, bien connu en Pologne, composé par le fameux
chantauteur russe, Alexander Wertyński (1889-1957). À
Sachsenhausen, Liebeskind chantait avec une voix basse profonde dans
le chœur illégal de Rosebery d’Arguto. Aaron Liebeskind fut parmi
ces prisonniers juifs qui en 1942, furent transportés à
Auschwitz-Birkenau. Il y mourut en 1942-1943. Pour commémorer la
tragédie de son ami, Kulisiewicz chanta la « Berceuse »
en polonais jusqu’à la fin de son séjour à Sachsenhausen (Avril
1945).
Aleksander
Kulisiewicz (1918-1982) (dit Alex) était étudiant en droit dans la
partie de la Pologne occupée par les Allemands quand, en octobre
1939, il fut dénoncé pour des écrits anti-fascistes, arrêté par
la Gestapo et envoyé au camp de concentration de Sachsenhausen, près
de Berlin. Chanteur amateur et chantauteur, Aleksander Kulisiewicz
composa 54 chansons durant les près de six ans de son emprisonnement
à Sachsenhausen. Après la libération, il se remémora ces chansons
ainsi que celles apprises de camarades prisonniers, dictant des
centaines de pages de textes à son infirmière polonaise.
Crématoire
porte noire
Qui
à l’enfer mènera ;
On
y traîne des corps noirs
Que
la flamme brûlera.
On
y traîne mon fiston
Aux
cheveux d’or fin.
Avec
en bouche tes mains,
Comment
ferai-je, fiston ?
Oh,
je me trompe et tu dors
Et
alors mon fils, tu dors.
Fais
dodo, mon petit et
Moi,
moi, je te bercerai.
Et
toi soleil, pourquoi tu te tais ?
Toi
qui sais la vérité.
À
peine, trois ans qu’il avait,
Mais
ils n’eurent pas pitié.
Ses
yeux de cimetière
Qui
te regardent d’ici-bas
Font
des larmes de pierre
Qui
ne coulent pas.
Oh, je me trompe et tu dors
Et
alors mon fils, tu dors
Fais
dodo, mon petit et
Moi,
moi, je te bercerai.
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