La Fête chez Stevenine
Chanson
française – La
Fête chez Stevenine
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 78
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXV)
Ulenspiegel le Gueux – 78
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXXV)
Dialogue
Maïeutique
Ah,
Lucien l’âne, mon ami, je suis content de te voir, car je viens de
terminer cette chanson que j’ai intitulée « La Fête chez
Stevenine », une drôle de fête, comme on le verra. Pour
resituer la chose, Stevenine est la baesine (en français, la
patronne) de l’Arc-en-Ciel, un établissement rempli de dames et de
demoiselles dort accueillantes pour autant que le visiteur ait de
quoi payer, si tu vois ce que je veux dire.
En
somme, dit Lucien l’âne, ce sont des commerçantes.
En
effet, mais pas seulement, Lucien l’âne mon ami, ce sont aussi
pour certaines d’innocents appâts, pour d’autres d’authentiques
traîtresses. Pourtant, tu as raison, ce sont des vendeuses d’amour
et la baesine Stevenine, qui est assez âgée, se contente de vendre
les charmes des autres et accessoirement, de vendre les clients aux
autorités et principalement, s’ils sont des réformés ou des
Gueux. Elle partage cette honteuse mission et les fruits qui en
découlent avec la Gilline. Donc, Till et Lamme s’étaient
fourvoyés dans cet endroit mal famé, dans cette souricière que
Stevenine leur avait préparée : Lamme cherchant sa femme et
Till, l’aventure. Et si Lamme, comme d’habitude, ne trouve pas sa
femme ; Till par contre y trouve l’aventure et quelle
aventure. Heureusement, le baes (en français : le patron) de
l’Abeille, une auberge accueillante aux Gueux, a été averti du
danger et vient à leur secours avec les Sept, qui ici sont sept
bouchers particulièrement costauds et bien équipés de leurs grands
coutelas. Au moment où commence la canzone, le baes vient de glisser
à l’oreille de Till qu’il est là pour les sauver et lui indique
la phrase pour déclencher l’action : Faire clinquer les
verres. Faire clinquer les verres est une coutume locale qui consiste
à casser tout dans l’estaminet en tapant les verres sur les tables
et en répétant sur un mode particulier, cette phrase rituelle. Le
reste est dit dans la chanson.
Eh
bien, dit Lucien l’âne, il ne reste plus qu’à la découvrir et
…
Pas
tout à fait cependant. Lucien l’âne mon ami, tu vas trop vite. Je
dois encore te dire deux ou trois choses. La première, c’est te
faire noter cette apparition des Sept, qui renvoie au mystérieux
message du Roi du printemps. La deuxième, c’est que cette canzone
est l’exposition, la mise en scène de l’action à venir. Les
personnages se mettent en place et s’installe une tension
dramatique : la Stevenine provoque Till et se réjouit
ouvertement, tout comme la Gilline, de ce que le piège se referme ;
elles sont sûres de leur fait et de toucher la récompense. Le reste
est à venir.
C’est
bien ce que je disais, reprend Lucien l’âne, attendons la suite et
pour ce qui nous concerne, tissons le linceul de ce vieux monde
vénal, piégé, mortifère et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
« Baes
sauveur ? Vraiment ?
Nous
sauver de quoi ?
De
la potence assurément
Où
Stevenine nous envoie. »
« Les
Sept sont là,
Sept
pour te sauver,
Sept
fort bouchers,
Sept
amis pour toi.
Faire
tinter les verres et s’amuser !
Trinquer,
manger, rire, chanter !
Faire
clinquer les verres et tout casser !
La
fête peut commencer. »
Les
Sept saluent la belle Gilline
Ils
crient : « À boire et à manger ! »
Les
Sept s’entendent à truffer
Les
happe-chair et Stevenine.
Et
les filles disent tout bas :
« L’espionne,
trop belle, a mené,
Pour
cent carolus, aux bourreaux du roi,
Plus
de trente réformés. »
Till
dit : « Je paie à manger et à boire
Dans
des verres qui sonnent,
Des
verres sur pied qui carillonnent,
Des
verres qui clinquent dans le noir. »
Et
les Sept crient : « À boire, Stevenine,
Dans
des verres qui sonnent ! »
« L’oiseau
est en cage !, chante la Gilline,
Et
pour lui déjà, le glas sonne. »
« Buvons ! »,
disent les Sept ; « Buvons ! », dit Till.
« Pas
de cage pour l’oiseau indocile !
À
boire du vin et du meilleur :
Pour
Gilline, trinquons tous en chœur ! »
« Till
a les yeux brillants du cygne,
Si
on les donnait aux cochons, dit Stevenine.
On
le brûlera, on le marquera ;
Par
quatre galères, on l’écartèlera. »
« En
la mer, répond Till, on me jettera.
De
mes bras, de mes jambes, les requins se régaleront
Et
les restes de mes restes resteront
Pour
le festin qui t’étouffera ! »
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