lundi 20 août 2018

FRÉQUENCES


FRÉQUENCES


Version française – FRÉQUENCES – Marco Valdo M.I. – 2018
Chanson italienne – Frequenze Claudio Lolli – 2009
Texte : Claudio Lolli
Note introductive du disque « Lovesongs »
Récitatif lors des spectacles
Accompagnement musical de Nicola Alesini et Claudio Capodacqua










Ce n’est pas une « chanson » au sens strict, mais plutôt la note introductive à un disque de chansons d’amour de 2009, Lovesongs, composé de 8 chansons pêchées parmi les nombreuses écrites par Claudio Lolli (la plus ancienne, Quello che mi resta, est de 1972 ; la plus récente, Dita de 1997). Accompagné par Nicola Alesini et Claudio Capodacqua, ses éternels copains de voyage, Claudio Lolli en a fait un récitatif lors les spectacles basés sur le disque, il y a quelques années. Nous le reproposons, seulement aujourd’hui, en présentant délibérément le texte comme s’il était en vers, justement ce jour où Claudio a commencé son voyage dans le Très vaste Néant, où ne le concernent plus ni le Maintenant, ni l’Ici.

On pourrait parler de l’Amore ai tempi del fascismol’Amour au temps du fascisme. Au temps du légisme plus seulement « padan », mais « national » ou « souverainiste » ; au temps de la xénophobie, au temps de la haine « sociale », au temps des coups de feu contre les immigrés, des ports fermés, des démocratures. Au temps, en un mot, de la guerre. Car il s’agit bien de guerre, en acte, en évolution quotidienne. Nous ne savons pas si des chansons, d’amour ou d’autre nature, peuvent être des « anticorps », comme le préconise Claudio Lolli ; à dire la vérité, il existe des tonnes de chansons « d’amour » qui sont entièrement intégrées au système de la haine, ordures préconditionnées, prédigérées et pré-évacuées qui se fond parfaitement dans la haine propagée et sa guerre et s’en font le véhicule populaire. Exactement comme, sur les « réseaux sociaux », on voit des petits cœurs, des chatons, des petites phrases, des vers de chansons et des stupidités diverses de celui qui s’apprête à massacrer sa fiancée, à inviter à tirer sur l’immigré, « à les rejeter à la mer », à brûler le camp rom et à applaudir au geste de Traini (Luca Traini, 28 ans, fasciste, auteur d’une fusillade raciste en février 2018) de Macerata. Non, nous ne savons vraiment pas si une, huit ou mille chansons d’amour, même écrites et chantées par Claudio Lolli, peuvent être des « anticorps ». Il ne faut jamais oublier que, maintenant comme toujours, l’amour n’est pas seulement au temps du fascisme et de Salvini, mais aussi et surtout au temps de l’imbécillité diffuse, capillaire, inculquée et exploitée à merveille sur les Fréquences du Rien. [RV]



Imaginez un garçon
Vers la fin des an
nées ’60
Qu
i n’arrive pas à dormir,
Il n’
y réussit jamais.
Que peut-
il y faire ?
Une des premières radios portables,
Un casque improbable
Et il écoute, toute la nuit.
Mais personne n’
émet
Et ce qu’il capte
Ce sont des sons en ondes courtes
Qu
i vont et viennent,
Des langues incompréhensibles.
Vers
six heures du matin, finalement
Le
s trompettes de Radio Tirana,
Mais il est trop tard,
il faut se lever,
Il faut aller à école,
À cette inutile école.

FRÉQUENCES.

Imaginez, quelques années après,
Le même garçon, un peu
grandi,
Avec la même radio et un casque un peu meilleur,
Qu
i tourne la roulette magique de la syntonie
Il trouve un monde qui
émet,
Qu
i a envie d’émettre :
Mille
radios libres, Radio Alice,
Q
ui semblent parler de lui et qui l’appellent,
L’invitent à parler à autres,
Une injection extraordinaire d’énergie.

Aujourd’hui,
Aujourd’hui, rien de tout cela,
Aujourd’hui, l’enfer.
À la fin de Malebolge, Dante
Mit les semeurs de zizanie,
Les fo
menteurs de haine,
Les dispensateurs de d
ésamour.
Branchez-vous sur Radio Padania Libre
Et vous comprendrez très bien,
Si vous ne l’avez
pas encore compris,
Ce
qu’est la haine moderne, contemporaine,
Ce qu’est notre colonne sonore infâme.

FRÉQUENCES.

Alors,, il nous faut des anticorps
Et ce disque, sensiblement anti
ligue et passionnel
Veut être un véritable
Anticorps politico-érotique
Contre la haine
ordinaire aujourd’hui diffuse
Parmi les êtres humains de n’importe quel
le race, sexe, couleur.
Il sera banal, évangélique,
Œcuménique et ingénu.
Mais parler d’amour
Aujourd’hui peut avoir une vale
ur subversive.
L’amour aujourd’hui
Est une marchandise précieuse et rare
Et nous voulons en être les cambrioleurs
Et l’offrir aux pauvres
Et
rançonner les riches.
Lovesongs.
Parce que les fréquences
Ce sont surtout
Les fréquences
Du
cœur.

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