jeudi 19 juillet 2018

LE CULTE


LE CULTE
Version française – LE CULTE – Marco Valdo M.I. – 2018
d’après la version italienne – CULTO de Riccardo Venturi – 2018
d’une chanson polonaise – KultGrzegorz Dąbrowski – 2018


 
Et pour la vieillesse, le culte du Rosaire



Dialogue Maïeutique

Lucien l’âne mon ami, depuis Alfred Jarry (1873-1907), on n’en finit pas de découvrir l’étrangeté de la Pologne, pour ne pas dire sa bizarrerie. Étrangeté et bizarrerie qui touche particulièrement ses figures les plus célèbres. On vit même récemment encore un Polonais promener sa robe dans les allées du Vatican et sur les avenues du monde entier. On en a fait – en Pologne – tout un culte. Mais enfin, pour le Polonais moyen, ce n’est pas rédhibitoire. Par exemple, on peut naître Polonais, être un homme et vivre en Pologne tout en participant à la grande fête commune de la vie, nonobstant ce vieux monde cacochyme. J’en tiens pour preuve notre ami Krzysiek.

Certes, Marco Valdo M.I., il doit bien y avoir des Polonais heureux. Aleksandar Petrović avait bien rencontré des Tziganes heureux. Cependant, sans être aussi informé de la Pologne que le Père Ubu qui, dans sa grande sagesse, disait : « S’il n’y avait pas de Pologne, il n’y aurait pas de Polonais ! », j’ai ouï dire que la Pologne était affectée d’une sorte de maladie du culte et du rite qui lui a souvent valu de glorieuses heures et certains héros de dimensions peu ordinaires.

Lucien l’âne, tu es perspicace ou devin, car c’est de cela même que parle la chanson qui, comme il ressort de sa langue, est véritablement polonaise et tout à fait contemporaine. Je m’en vais te montrer à coups de citations rapides que la Pologne, disons officielle, a montré fort souvent un esprit digne du père du Roi Ubu . Pour mieux comprendre, allons voir le moment originel quand Ubu lui-même (c’est le début d’Ubu Roi ou Les Polonais, la pièce que Jarry publia en 1896) se refuse à tuer le roi Venceslas pour lui succéder, la Mère Ubu, son épouse, qui connaît bien aussi certaines ambiances de ces lieux, lui suggère, mais voyons les répliques :

« PÈRE UBU
De par ma chandelle verte, le roi Venceslas est encore bien vivant; et même en admettant qu’il meure, n’a-t-il pas des légions d’enfants ?
MÈRE UBU
Qui t’empêche de massacrer toute la famille et de te mettre à leur place ?
PÈRE UBU
Ah ! Mère Ubu, vous me faites injure et vous allez passer tout à l’heure par la casserole.
MÈRE UBU
Eh ! pauvre malheureux, si je passais par la casserole, qui te raccommoderait tes fonds de culotte ?
PÈRE UBU
Eh vraiment ! et puis après ? N’ai-je pas un cul comme les autres ?
MÈRE UBU
À ta place, ce cul, je voudrais l’installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l’andouille et rouler carrosse par les rues. »

Et dans la présentation de la pièce, l’auteur prévient : « Le scène se passe en Pologne, c’est-à-dire nulle part. »

En Pologne, c’est-à-dire nulle part, c’est-à-dire, autrement dit, à peu près n’importe où, dit Lucien Lane. N’importe où dans notre monde ubuesque où les Chefs d’État font un concours à qui égalera Ubu. Je ne donnerai aucun nom mais puisqu’on a cité la Pologne, citons les États : USA – qui mène la course à l’imbécillité, la Russie – ex-URSS, la Turquie, le Congo (RDC), l’autre aussi, mais c’est moins voyant, la Syrie, la Chine, l’Inde … J’arrête là, je n’en finirais pas. Mais avec cette excursion dans la Pologne d’Ubu, on ne sait toujours pas de quoi cause la chanson.

Ho, Lucien l’âne mon ami, ne dis pas cela, car avec Ubu, on ne s’est pas égaré du tout. La chanson évoque le culte sous toutes ses formes ; j’ajoute, évoque et critique vertement le Culte et on comprend son auteur, puisqu’il est Polonais et que pour ce qui est du Culte, comme je l’ai dit plus haut, la Pologne ne craint personne, surtout depuis qu’après avoir connu un général-Président, sa tête est affublée d’un essaim de culs bénits qui la feront – si on ne les retient pas à temps – tomber dans le trou du Culte national et catholique.

Soit, cette perspective de national-catholicisme, Marco Valdo M.I. mon ami, n’a rien de réjouissant, d’autant qu’un même goût pour le Culte s’est développé chez certains de ses voisins. Mais passons à la chanson et puis, reprenons notre tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde ubuesque, réactionnaire, nationaliste, passionné de culte et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Le culte de la Bentley, le culte de l’Église
Le culte de l’Armée et le culte du Prêtre

Le culte du Chef, le culte de la Liberté
Le culte du Commandement et le culte du Pouvoir

Le culte de l’Honneur, le culte de la Hiérarchie
Le culte de la Démocratie et le culte du Parti

Le culte du Football, le culte de la Série
Le culte de l’Indépendance, le culte de la Race blanche

Le culte de l’Histoire, le culte de la Politique
Le culte de la Science, le culte de la Musique pop

Le culte de la Télévision, le culte des Célébrités
Le culte des Acteurs, le culte des Stylistes

Le culte de la simulation, le culte du silicone
Le culte du lifting, le culte des corps rajeunis

Le culte d’Internet, le culte de l’Écran
Le culte de la Consommation, le culte de la Pub.

Le culte de l’Argent, le culte du Bien-être
Le culte du Luxe, le culte du Crédit.

Le culte de la Vitesse, le culte du Progrès
Le culte de la pilule et du Relax.

Le culte de la Bouffe et le culte de la Danse
Et pour la vieillesse, le culte du Rosaire.

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