vendredi 20 juillet 2018

La Résistance des Folles-Filles


La Résistance des Folles-Filles


Chanson française – La Résistance des Folles-Filles – Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux –
70
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel –
III, XXVIII)






Dialogue Maïeutique

L’autre chanson, la précédente chanson de cette Légende de Till ressuscité racontait en quelque sorte le rapt de Lamme par les Folles-Filles en délire, commence Marco Valdo M.I.

Oui, je me rappelle très bien de cet essaim de demoiselles attentant en riant à la vertu du bon Lamme, dit Lucien l’âne. Et je me souviens aussi de la vigoureuse dénégation du bonhomme et de son incroyable argumentation. A-t-on idée d’imaginer que le fait d’être marié le protégerait de l’hystérie de ces bacchantes ?

Et pourtant, le brave homme persistait dans la défense de sa virginité maritale, continue Marco Valdo M.I. Il tient bon même quand il se fait proprement déshabiller et tripoter de tous les côtés par cette horde en rut. Pour un peu, on parlerait de viol.

Ah, dit Lucien l’âne, juste une remarque à ce sujet, il se dit que dans les usines ou les ateliers ou les groupes essentiellement composés de femmes, où ce sont des femmes aussi qui dirigent, il arrive que les jeunes hommes soient amenés à de telles extrémités. Dans le fond, c’est toujours la question du pouvoir et de la domination qui se pose et comme on le voit, elle est réversible.

Cependant, reprend Marco Valdo M.I., et c’est la fin de la chanson précédente, Lamme finit par « céder à la jeunette. »

En effet, dit Lucien l’âne, on en était là, à l’épisode de la reddition de Lamme. Mais qu’en est-il réellement ? Et que va-t-il se passer ensuite ?

Je m’en vas te le résumer, dit Marco Valdo M.I. ; en premier lieu, pour ce qui est de Lamme, la chanson te dira la vraie raison de sa reddition. En gros, c’est un odieux chantage de la baesine qui pousse Lamme au crime d’adultère. Ensuite, il te faut regarder le titre, car il dit l’essentiel. Ces demoiselles, dont je te rappelle que c’est le jour de liberté et qu’elles ne veulent que des amoureux qu’elles choisissent à leur goût, vont être attaquées par la bande des oiseleurs de passage qui voudront à toute force « consommer ». L’affaire finit en pugilat et Till et Lamme interviennent aux côtés de ces dames pour repousser les prétentions de ces intrus.

Oh, oh, dit Lucien l’âne, voilà qui est intéressant. C’est une fin de soirée assez agitée à ce que j’entends.

Pour les détails, il faut voir la chanson, reprend Marco Valdo M.I. et maintenant,je voudrais réfléchir un peu à la chose, à cette résistance des Folles-Filles, qui est aussi un vrai moment de la Guerre de Cent Mille Ans. C’est une résistance à l’agression des mâles en rut, à l’oppression qui frappe ces femmes à plus d’un titre. D’abord comme femmes ; ensuite, comme folle-fille qui doit – comme n’importe quel travailleur – vendre sa capacité de travail ; comme folle-fille encore quand elles revendiquent leur temps libre et leur liberté de choix, mais soudain, je me rends compte que nous ne sommes pas là pour en dire trop…

Oui, Marco Valdo M.I. mon ami, d’autant que j’ai parfaitement compris et que je compléterai, s’il en est besoin. Mais avant de conclure, je voudrais te fredonner un petit bout de La Complainte des Filles de Joie, chanson de Georges Brassens qui décrit assez justement leur situation :

« Bien que ces vaches de bourgeois
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appellent des filles de joie
Les appellent des filles de joie
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent
Parole, parole
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent. »

Et maintenant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde vertueux, catéchisant, brutal, violeur, injuste et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane



Ainsi, Lamme s’était rendu à la jeunette,
Mais pas sans raison.
« La battrez-vous à cause de moi, cette gamine ? »
« Jusqu’au sang, répond la baesine. »

« Mignonne, dit Lamme, si cette belle peau
Doit souffrir le fouet et le martyre,
Doncques, j’aime mieux te choisir
Que de voir saigner ton dos. »

Alors, en son antre, la fée se dépêche ;
Alors, le tendre Lamme pèche.
Ainsi, le doux Lamme fait œuvre pie
Comme il fit toute sa vie.

Till regarde la grande fille brune.
Elle coquète et fait mine
De ne pas vouloir de lui.
Chantons, dit Till et ils s’enchantent de ris.

Soudain, pénètrent en la maison
Se bousculant, se pressant, se poussant,
Sifflant, grondant, hurlant, vociférant,
Tout un tas de joyeux garçons.

Avec leurs sacs et avec leurs cages,
Avec leurs hiboux tout éwarés,
Avec leurs petits oiseaux emprisonnés,
Ce sont les oiseleurs de passage.

Beaux florins nous avons,
Belles filles nous voulons !
Qui recule est chapon,
En Brabant, duc est bon.

Demain, nous serons chiennes esclaves,
Aujourd’hui, nous sommes femmes libres.
Les belles ricassent : aujourd’hui, nous nous refusons.
Demain, pour l’argent, nous nous vendrons.

Et la bataille commence
Et les belles se défendent.
Till et Lamme à la rescousse entrent
À coups de balai dans la danse.

Les ivrognes battus se lassent
Et dorlotés par les laides, les enlacent.
Quand tous, ruinés, sont chassés au matin,
Till et Lamme sont depuis longtemps en chemin.

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