La Résistance des Folles-Filles
Chanson
française – La
Résistance
des Folles-Filles
–
Marco Valdo M.I. – 2018
Ulenspiegel le Gueux – 70
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVIII)
Ulenspiegel le Gueux – 70
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – III, XXVIII)
Dialogue
Maïeutique
L’autre
chanson, la précédente chanson de cette Légende de Till ressuscité
racontait en quelque sorte le rapt de Lamme par les Folles-Filles en
délire, commence Marco Valdo M.I.
Oui,
je me rappelle très bien de cet essaim de demoiselles attentant en
riant à la vertu du bon Lamme, dit Lucien l’âne. Et je me
souviens aussi de la vigoureuse dénégation du bonhomme et de son
incroyable argumentation. A-t-on idée d’imaginer que le fait
d’être marié le protégerait de l’hystérie de ces bacchantes ?
Et
pourtant, le brave homme persistait dans la défense de sa virginité
maritale, continue Marco Valdo M.I. Il tient bon même quand il se
fait proprement déshabiller et tripoter de tous les côtés par
cette horde en rut. Pour un peu, on parlerait de viol.
Ah,
dit Lucien l’âne, juste une remarque à ce sujet, il se dit que
dans les usines ou les ateliers ou les groupes essentiellement
composés de femmes, où ce sont des femmes aussi qui dirigent, il
arrive que les jeunes hommes soient amenés à de telles extrémités.
Dans le fond, c’est toujours la question du pouvoir et de la
domination qui se pose et comme on le voit, elle est réversible.
Cependant,
reprend
Marco Valdo M.I., et
c’est la fin de la chanson précédente, Lamme finit par « céder
à la jeunette. »
En
effet, dit Lucien l’âne, on en était là, à l’épisode de la
reddition de Lamme. Mais qu’en est-il réellement ? Et que
va-t-il se passer ensuite ?
Je
m’en vas te le résumer, dit Marco Valdo M.I. ; en premier
lieu, pour ce qui est de Lamme, la chanson te dira la vraie raison de
sa reddition. En gros, c’est un odieux chantage de la baesine qui
pousse Lamme au crime d’adultère. Ensuite, il te faut regarder le
titre, car
il dit l’essentiel. Ces demoiselles, dont je te rappelle que c’est
le jour de liberté et qu’elles ne veulent que des amoureux
qu’elles choisissent à leur goût, vont être attaquées par la
bande des oiseleurs
de passage qui voudront à toute force « consommer ».
L’affaire finit en pugilat et Till et Lamme interviennent aux côtés
de ces dames pour repousser les prétentions de ces intrus.
Oh,
oh, dit Lucien l’âne, voilà qui est intéressant. C’est une fin
de soirée assez agitée à ce que j’entends.
Pour
les détails, il faut voir la chanson, reprend Marco Valdo M.I. et
maintenant,je voudrais réfléchir un peu à la chose, à cette
résistance des Folles-Filles, qui est aussi un vrai moment de la
Guerre
de Cent Mille Ans.
C’est une résistance à l’agression des mâles en rut, à
l’oppression qui frappe ces femmes à plus d’un titre. D’abord
comme femmes ; ensuite, comme folle-fille qui doit – comme
n’importe quel travailleur – vendre sa capacité de travail ;
comme folle-fille encore quand elles revendiquent leur temps libre et
leur liberté de choix, mais soudain, je me rends compte que nous ne
sommes pas là pour en dire trop…
Oui,
Marco Valdo M.I. mon ami, d’autant que j’ai parfaitement compris
et que je compléterai, s’il en est besoin. Mais avant de conclure,
je voudrais te fredonner un petit bout de La Complainte des Filles de
Joie, chanson de Georges Brassens qui décrit assez justement leur
situation :
« Bien
que ces vaches de bourgeois
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appellent des filles de joie
Les appellent des filles de joie
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent
Parole, parole
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent. »
Bien que ces vaches de bourgeois
Les appellent des filles de joie
Les appellent des filles de joie
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent
Parole, parole
C’est pas tous les jours qu’elles rigolent. »
Et
maintenant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux
monde vertueux, catéchisant,
brutal, violeur, injuste et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Ainsi,
Lamme s’était rendu à la jeunette,
Mais
pas sans raison.
« La
battrez-vous à cause de moi, cette gamine ? »
« Jusqu’au
sang, répond la baesine. »
« Mignonne,
dit Lamme, si cette belle peau
Doit
souffrir le fouet et le martyre,
Doncques,
j’aime mieux te choisir
Que
de voir saigner ton dos. »
Alors,
en son antre, la fée se dépêche ;
Alors,
le tendre Lamme pèche.
Ainsi,
le doux Lamme fait œuvre pie
Comme
il fit toute sa vie.
Till
regarde la grande fille brune.
Elle
coquète et fait mine
De
ne pas vouloir de lui.
Chantons,
dit Till et ils s’enchantent de ris.
Soudain,
pénètrent en la maison
Se
bousculant, se pressant, se poussant,
Sifflant,
grondant, hurlant, vociférant,
Tout
un tas de joyeux garçons.
Avec
leurs sacs et avec leurs cages,
Avec
leurs hiboux tout éwarés,
Avec
leurs petits oiseaux emprisonnés,
Ce
sont les oiseleurs de passage.
Beaux
florins nous avons,
Belles
filles nous voulons !
Qui
recule est chapon,
En
Brabant, duc est bon.
Demain,
nous serons chiennes esclaves,
Aujourd’hui,
nous sommes femmes libres.
Les
belles ricassent : aujourd’hui, nous nous refusons.
Demain,
pour l’argent, nous nous vendrons.
Et
la bataille commence
Et
les belles se défendent.
Till
et Lamme à la rescousse entrent
À
coups de balai dans la danse.
Les
ivrognes battus se lassent
Et
dorlotés par les laides, les enlacent.
Quand
tous, ruinés, sont chassés au matin,
Till
et Lamme sont depuis longtemps en chemin.
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