Le Joueur de Rommelpot
Chanson
française – Le Joueur de Rommelpot– Marco Valdo M.I. –
2018
Ulenspiegel le Gueux – 33
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, VI et X)
Ulenspiegel le Gueux – 33
Opéra-récit en multiples épisodes, tiré du roman de Charles De Coster : La Légende et les aventures héroïques, joyeuses et glorieuses d’Ulenspiegel et de Lamme Goedzak au Pays de Flandres et ailleurs (1867).
(Ulenspiegel – II, VI et X)
« Le
Joueur de Rommelpot », en voilà un titre et un fameux, Marco
Valdo M.I. mon ami. Cependant, je n’en suis pas désarçonné parce
que je sais – et depuis fort longtemps – ce qu’est un rommelpot
et j’en ai souvent entendu jouer dans les rues, sur les places, aux
marchés des villes et des villages. D’ailleurs, ce rommelpot des
pays de Till n’est autre qu’un tambour à friction, un tambour au
centre de la peau duquel on passe un bâton qu’on frictionne pour
produire un son assez étrange au demeurant. Un son que je
qualifierais volontiers de grognement ou de grondement.
En
effet, Lucien l’âne mon ami, il me semble que tu connais et très
bien le rommelpot. Laisse-moi, avant e te rendre la parole,
t’indiquer que ce titre renvoie aussi à un tableau de Frans Hals,
un de ces peintres de ce temps-là (16ᵉ siècle) qui ont marqué
l’art du portrait et de la maîtrise de la lumière banale, lequel
en montrant les gens tels qu’ils étaient dans la vie et dans la
ville, redonna à la peinture une dimension humaine, qu’elle avait
perdue tant elle s’était égarée dans les hautes sphères et la
religiosité. Pour en revenir au rommelpot, je suis persuadé que tu
l’as rencontré ailleurs dans tes pérégrinations.
Bien
sûr, répond Lucien l’âne, et j’allais justement te faire la
litanie des noms – tous plus bizarres – de cet instrument
populaire encore aujourd’hui dans les pays de Hainaut, de Brabant,
d’Anvers, de Flandre et voisins. Ouvre bien tes oreilles, car c’est
curieux et surprenant :morupa, namalua, ngouloubé, brummtopf,
rummelpot, cuica, puerca, marrana, dingwinti, mbala,zambomba,
ximbomba, chicharra, pan bomba,braù, brame-topin, bramadèra,
petadou, pignatou, jackdaw, köcsögduda, caccarella, cupa-cupa,
rabbaba, zafzafa, bandaska, buhai, bugai, furruco et peut-être
encore d’autres dont je n’ai pas trouvé trace.
Pour
être curieux et surprenant, Lucien l’âne mon ami, ce fut curieux
et surprenant et j’en suis tout abasourdi. Je ne te demanderai pas
de répéter. Cela dit, la canzone ne se résume pas à cette
parenthèse musicale ; elle est même terrible, effrayante, car
elle raconte les premiers pas de la répression systématique que
l’occupant espagnol et ses religieux catholiques vont mener contre
la population, dont une bonne partie se convertit au protestantisme –
luthérien d’abord, calviniste, ensuite ; sans compter ceux
qui n’ont jamais cru à rien et ne se sont jamais soumis à une
église ou à une religion. Je rappelle à toutes fins utiles que
Jean Calvin était originaire de la région. Ce qui se passe ensuite
est la toile de fond des aventures de Till et sera dit dans les
chansons qui suivent.
Rommelpot
ou pas, dit Lucien l’âne, il nous faut conclure et reprendre notre
tâche qui est de tisser le linceul de ce vieux monde répressif,
religieux, absurde, ennuyeux et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Dans
la Lune, chercher ta femme ?
Quelle
idée, t’en as de belles !
Commence
déjà par commander l’échelle,
L’ami
Lamme.
Voici
le joli mois de mai,
Son
ciel bleu, ses joyeuses hirondelles ;
Les
enfants jouent à la marelle ;
Le
vent rit mauve et violet.
Oh,
le beau mois de mai !
Les
gamines font la ronde dans la prairie
Au
son perçant des fifres aigrelets
Et
chantent un chœur de filles.
Dans
les villes et les villages insouciants,
Les
gamins aux jeux innocents,
Autour
du joueur de rommelpot souriant,
Font
chorus au tambour grommelant.
C’est
le mois de l’amour tendre ;
Les
pigeons roucoulent sur les toits.
C’est
le moment de pendre
Et
de brûler les gens pour la foi.
Il
est revenu le temps des inquisiteurs
Avec
leurs nobles faces et leur pâleur ;
Ils
sont revenus pleins de candeur
Traquer
l’hérétique avec ardeur.
Il
est revenu le temps du lilas :
On
pend par ci, on brûle par là.
Et
à la fin, car telle est la loi,
Des biens des morts héritera le roi.
Au
mois des roses qui est juin,
Les
sermons ont commencé.
Les
apôtres prêchent dans les prés,
Sur
les buttes, sur les rivières, dans les jardins.
Les
déserts sont fort peuplés.
Sur
terre, on les entoure de chariots,
Des
barques d’hommes armés
Les
protègent dans les marigots.
Arquebusiers
et mousquetaires
Gardent
les routes et les fossés.
De
la terre des pères.
Ainsi,
se répand la parole de liberté
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