L’Immigration
à venir
Chanson
française – L’Immigration à venir – Marco Valdo M.I. – 2018
Dialogue
Maïeutique
Dans
le fond, Lucien l’âne mon ami, tout est dit dans la chanson
elle-même, mais demande quand même un peu d’explication, car en
vérité, tout n’est pas dit dans la chanson.
Ah,
Marco Valdo M.I. mon ami, que me chantes-tu là ? On dirait du
verbiage, un discours vide de sens et pire encore, sans aucune
consistance. Bref, je n’y comprends rien et si tu voulais mieux
t’expliquer, j’en serais ravi.
Certes,
Lucien l’âne mon ami, je vais le faire à l’instant. Comme tu en
as sûrement entendu parler, un des problèmes qui préoccupe notre
petit monde qui se croit à l’étroit sur son continent, c’est
l’immigration. Elle inquiète énormément les gens et les
gouvernements et suscite chez certains des réactions xénophobes des
plus déplorables. On dirait qu’ils n’ont jamais pensé que
l’autre qu’ils rejettent à la mer (pour la plupart) pourrait
fort bien être eux-mêmes. Ils ont d’ailleurs tous été des
immigrés ; tout le monde vient d’ailleurs ou descend de gens
qui venaient d’ailleurs fuyant la misère, les guerres ou les
intolérances religieuses ou plus simplement, à la recherche d’une
vie meilleure. Ce raisonnement vaut tout autant pour les États-Unis,
sans parler de la Russie ou du sous-continent indien. Pour les
croyants monothéistes, je les renverrais volontiers aux exodes
bibliques. Et, comme tu le devines aisément, personne ne sait ce
dont demain sera fait. On a toujours des surprises.
Oh
oui, je sais tout ça, Marco Valdo M.I. mon ami, et j’ai vu et
entendu des choses épouvantables, mais elles ne m’étonnent pas,
car elles venaient de la bouche d’êtres humains. Mais, dis-moi,
quelle est donc cette nouvelle immigration, cette immigration de
l’avenir qu’annonce le titre ?
J’y
viens, Lucien l’âne mon ami, à l’instant. Commençons par le
commencement, si tu le veux bien. Pour une grande partie d’entre
elle, l’actuelle immigration vient parla mer, quand elle ne reste
pas dedans comme le raconte Le
Radeau de Lampéduse, par exemple. C’est d’ailleurs
de sous la mer que viendra la nouvelle immigration, ce sera celle des
mollusques et des poissons qui s’installeront dans les plaines et
les villes noyées par la fonte des glaces des pôles. Et, vois le
paradoxe, Lucien l’âne mon ami, les humains des côtes devront à
leur tour émigrer vers l’intérieur des terres et à ce moment,
ils deviendront eux-mêmes des immigrés.
On a
toujours de ces surprises, dit Lucien l’âne. L’histoire et la
nature ont en réserve – sans doute pour nous étonner – de ces
retournements de situations. Nous, en Wallonie, on vit à plus de 100
kilomètres de la Côte et suffisamment haut pour ne pas être noyés.
Par contre, il nous faudra sans doute accueillir les gens des pays
bas.
Certes,
mais revenons à ces futurs immigrés fuyant les côtes inondées et
se réfugiant sur les terres émergées, il ya une question cruciale
qui se pose. Auront-ils droit au même accueil que celui qu’ils
réservent actuellement aux immigrés d’autres lieux ? Seul
l’avenir le dira ou le montrera.
Oh,
dit Lucien l’âne en souriant, il est à espérer qu’ils
rencontreront une autre politique que celle qu’on connaît
maintenant. Mais quand même, ta chanson risque d’en indisposer
plus d’un. Pour dire la chose platement, tu leur mets leur nez dans
leur caca.
Cela
dit, Lucien l’âne mon ami, comme toutes les chansons que j’ai
écrites, celle-ci n’a pas d’autre prétention que de raconter
une histoire. Si par ailleurs, elle évoque des idées ou suscite des
réflexions, c’est une peu à la manière du Dieu de Plotin, par
entropie, comme une émanation rayonnante en surplus. Elle n’entend
rien à la théorie et aux raisonnements charpentés. Elle est
discrète, légère, une enfant qui traverse un square ombragé et
fleuri à la suite du bâton qui guide son cerceau ; on dirait
une Alice évanescente.
Oufti,
Marco Valdo
M.I., arrête-toi là, je t’en prie, tu nous soûles avec tes
divagations. Tiens,
va plutôt faire des gaufres ; tu auras chaud et surtout, tu
penseras à autre chose. Ensuite, après en avoir mangé deux ou
trois, on reprendra notre tâche et on tissera, en chantant le chant
des canuts, le linceul de ce vieux monde xénophobe,
hostile à lui-même, exclusif, ignorant de sa propre histoire et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Quand
les grandes glaces
Du
Groenland et de l’Antarctique
Seront
fondues et elles fondent déjà,
Devinez
ce qui se passera.
Les
mers et les océans
Grimperont
à l’assaut des continents.
Les
eaux s’élèveront
Et
partout s’insinueront.
Les
océans et les mers
Viendront
à l’intérieur des terres
Avec
les mollusques et les poissons,
Elles
s’arrêteront aux pieds des monts.
Quand
les grandes glaces
Du
Groenland et de l’Antarctique
Seront
fondues et elles fondent déjà,
Devinez
ce qui se passera.
Elles
rongeront les digues et les rivages,
Elles
mangeront les plaines et les paysages,
Elles
avaleront les campagnes et les villages.
Comme
les vieux navires et leurs équipages,
Les
villes s’en iront par le fond
Et
elles accueilleront des myriades de poissons,
Cette
nouvelle immigration,
Dans
les immeubles de vingt étages.
Quand
les grandes glaces
Du
Groenland et de l’Antarctique
Seront
fondues et elles fondent déjà,
Devinez
ce qui se passera.
Que
restera-t-il des rives de la Baltique ?
De
la Mer du Nord, de la Mer noire, de l’Adriatique ?
Qu’en
sera-t-il des grands deltas et de leurs habitants ?
Jusqu’où
ira la Méditerranée, jusqu’où ira l’Atlantique ?
Que
restera-t-il des plaines côtières d’Asie et d’Afrique ?
Et
de l’Amazone, du Mississippi, du Saint-Laurent
Et
des plaines côtières de l’Amérique ?
Nul
ne le sait à présent. Mais quand viendra le temps ?
Quand
les grandes glaces
Du
Groenland et de l’Antarctique
Seront
fondues et elles fondent déjà,
Devinez
ce qui se passera.
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