Version
française
– ATTENTION,
COLONEL !
– Marco
Valdo M.I.
– 2017
Chanson
italienne – Attento,
Colonnello! – Dario
Fo – 1973
Texte
et musique : Dario Fo
Ces
derniers temps, souviens-toi Lucien l’âne mon ami, on avait
rencontré deux chansons qui mettaient en scène un colonel. Enfin,
ce n’était pas à chaque fois le même colonel, mais – disons-le
ainsi – la figure, la silhouette, le personnage du colonel nous
était apparu.
Pour
sûr que je m’en rappelle, rétorque Lucien l’âne en riant. Il y
avait La
Chanson du Colonel et La
Chanson du Colonel (et du régiment au couvent),
qui m’avait bien fait rire.
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, j’en ai trouvé une encore, mais en
italien, cette fois. J’en ai donc établi une version française.
Le titre italien « Attento, Colonnello ! » est
facile à comprendre ; il signifie « Attention,
colonel ! » ; elle a cependant une
caractéristique un peu particulière, que je m’en vais
t’expliquer. Il te souviendra que La Chanson du Colonel (et du
régiment au couvent), qui t’a tant faire rire, était tirée d’une
opérette du XIXième siècle – La Femme à Papa, un
titre qui donne à comprendre le genre léger auquel elle se
rattache ; un genre d’autant plus prisé en ce temps-là du
fait qu’il n’y avait pas encore de comédies musicales ou de
films du même genre que l’on peut voir à présent.
En
effet, dit Lucien l’âne ; mais encore.
Celle-ci
– « Attento, colonnello ! » – est tirée d’un
spectacle de Dario Fo, intitulé Guerra di popolo in Cile – Guerre
du peuple au Chili ; spectacle qui date de 1973, année
historique pur le Chili, où une révolution (relativement)
tranquille était en cours et donnait les plus grandes espérances au
peuple, jusqu’au moment – le 11 septembre où tout fut détruit
par un coup d’État militaire. La suite fut sanglante et Pinochet
s’installa au pouvoir dans le feu et dans le sang.
Ce
qui m’amène à parler du spectacle théâtral pratiqué par Dario
Fo, genre également pratiqué au Chili, qui s’inscrit dans une
lignée, une forme de spectacle et de théâtre révolutionnaire qui
s’est développé à partir du début du XXième siècle,
spécialement en Allemagne et en Russie. Après la deuxième Guerre,
il s’est développé sous le nom de théâtre populaire. En Italie,
il se développa notamment à Milan avec Giorgio Strelher et Dario
Fo.
Ho,
Marco Valdo M.I. mon ami, ce n’est pas l’heure, ni le lieu de
faire un cours sur le théâtre populaire. Ici, il est surtout
question de chanson.
Tu as
raison, Lucien l’âne mon ami, je me laissais encore entraîner par
mon indécrottable habitude de la digression. Que le grand Sterne,
nous en préserve ! Donc, la chanson Attento,
colonnello ! ; j’y viens dans sa liaison avec le
théâtre, car son auteur et son interprète est principalement un
homme de théâtre, de théâtre-action, de théâtre « engagé »,
d’un théâtre qui une volonté d’expression politique ; un
théâtre qui a rompu avec le modèle classique – tant dan son
contenu, que dans sa forme, que dans ses instruments – dont la
chanson. C’est un spectacle qui se place volontiers dans la
perspective de la Guerre
de Cent Mille Ans et qui dans cet affrontement se situe délibérément du côté des
pauvres. En ce sens, ce théâtre et la chanson qu’il porte en lui
sont des armes.
Je
comprends bien tout ça, Marco Valdo M.I. mon ami, d’autant qu’il
m’est arrivé d’en voir et même d’y figurer. Ainsi, le
spectacle, la chanson comme instrument de spectacle et comme armes,
l’image est exacte. Quant à nous, trêve de considérations, il
nous faut reprendre notre tâche et tisser le linceul de ce vieux
monde militaire, guerrier, oppresseur et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Attention
à vous, Colonel !
Et
ne venez pas vous lamenter
De m’avoir appris à tirer : pan pan !
Vous m’avez enseigné ce qu’est un obturateur,
Comment on met un chargeur,
De m’avoir appris à tirer : pan pan !
Vous m’avez enseigné ce qu’est un obturateur,
Comment on met un chargeur,
Attention
à vous, Colonel !
Vous
me dites de tirer
Sur l’ennemi et de le tuer,
Mais qui est l’ennemi pour un prolétaire,
Vous avez oublié de le préciser.
Sur l’ennemi et de le tuer,
Mais qui est l’ennemi pour un prolétaire,
Vous avez oublié de le préciser.
Attention
à vous, Colonel !
Vous me dites de tirer,
D’apprendre à tirer, vous m’avez enseigné
Ce qu’est un obturateur,
Comment on met un chargeur,
Vous me dites de tirer,
D’apprendre à tirer, vous m’avez enseigné
Ce qu’est un obturateur,
Comment on met un chargeur,
Et
badababoum !
Attention
à vous, Colonel !
Vous devriez étudier davantage
Étudier l’histoire, apprendre par cœur
Ce qui s’est passé en ’19 à Turin
Et à Milan, quand les ouvriers ont pris les usines
Le fusil à la main,
Et que vous avez envoyé les soldats
Avec l’ordre d’arrêter les ouvriers,
Et qu’au contraire, les soldats aux ouvriers se sont unis,
Ils ont distribué les fusils
Et contre les carabiniers et les fascistes, ils ont tiré.
Vous devriez étudier davantage
Étudier l’histoire, apprendre par cœur
Ce qui s’est passé en ’19 à Turin
Et à Milan, quand les ouvriers ont pris les usines
Le fusil à la main,
Et que vous avez envoyé les soldats
Avec l’ordre d’arrêter les ouvriers,
Et qu’au contraire, les soldats aux ouvriers se sont unis,
Ils ont distribué les fusils
Et contre les carabiniers et les fascistes, ils ont tiré.
Attention
à vous, Colonel !
Qui lors de la révolution bolchevique a tiré
Vous n’aurez pas de peine à le deviner
Et lors de la révolution rouge des Chinois
Qui a tiré contre les troupes des bourgeois.
C’étaient des paysans, c’étaient des prolétaires
Qui avaient servi comme militaires
Dans l’armée régulière.
Qui lors de la révolution bolchevique a tiré
Vous n’aurez pas de peine à le deviner
Et lors de la révolution rouge des Chinois
Qui a tiré contre les troupes des bourgeois.
C’étaient des paysans, c’étaient des prolétaires
Qui avaient servi comme militaires
Dans l’armée régulière.
Attention
à vous ! Colonel !
Il vous faut étudier davantage
Et ne pas vous lamenter
De m’avoir fait apprendre à tirer.
Attention à vous ! Badababoum !
Il vous faut étudier davantage
Et ne pas vous lamenter
De m’avoir fait apprendre à tirer.
Attention à vous ! Badababoum !
Boum !
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