Martin Néfertiti
Chanson
française – Martin Néfertiti –
Marco Valdo M.I. – 2017
Néfertiti en Reine,
Hiératique, proche, contemporaine
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À
l’origine de cette chanson, dit Marco Valdo M.I., il y a une
histoire racontée par Carlo Levi dans son livre « La doppia
notte degli tigli » – « La double Nuit des Tilleuls » ;
un titre qui, pour celui qui sait l’interpréter, est de la plus
grande clarté. Cependant, il faut le décoder.
Oh,
dit Lucien l’âne en souriant, comme je connais Carlo Levi et ce
qu’il a écrit, je sais de quoi il s’agit et je m’en vais te le
décoder en deux temps, trois mouvements. Commençons par les
tilleuls. Comme le récit de Carlo Levi est celui de son voyage en
Allemagne en 1959 et que la rue la plus célèbre de Berlin et sans
doute, d’Allemagne s’appelle « Unter den Linden » –
« Sous les Tilleuls », j’imagine a priori qu’il
s’agit de ces tilleuls berlinois, qui furent plantés pour border
une allée cavalière. Quant à cette « doppia notte »,
cette « double nuit », il s’agit de celle qui
s’abattait chaque soir sur Berlin, ville qui était divisée en
deux parties respectivement dénommées Berlin Ouest et Berlin Est.
Je laisse de côté le sens symbolique de cette « double
nuit ».
Tu
laisses de côté l’aspect symbolique, dis-tu mon ami Lucien l’âne,
mais je te signale qu’en disant que tu le laisses, tu le fais
ressortir encore plus. De toute façon, tu l’avais déjà évoqué
dans ta réflexion. Le symbole est exactement ce que tu as rappelé
de Berlin, cette double ville à la double vie, nantie d’un Est et
d’un Ouest, comme l’Allemagne, double pays elle aussi en ce
temps-là.De cet Est et cet Ouest, il en sera question dans la
chanson, laquelle y ajoutera un Nord et un Sud. Ce qui permet de
raconter l’histoire de Martin et de Néfertiti en quatre parties :
Est, Ouest, Sud et Nord. Pour en revenir un instant à la partie
symbolique – et comment l’ignorer s’agissant d’une histoire
qui mêle le monde contemporain et la plus haute Antiquité, une
histoire qui, sans le dire expressément, évoque la division du
monde encore en actes aujourd’hui ; une division qui à
l’époque – sur fond de potentiel nucléaire, de fusées
intercontinentales et e guerre atomique potentielle se cristallisait
autour de Berlin au double foyer.
J’imagine
tout ça, dit Lucien l’âne. D’ailleurs, les fusées et les
rumeurs de guerre atomique courent à nouveau autour de la Terre.
Quant à la guerre et aux affrontements, ils n’ont jamais cessé.
La folie humaine est endémique.
Soit,
Lucien l’âne mon ami, prenons en note et passons outre. Ainsi,
notre chanson est une histoire d’amour impossible entre la belle
impératrice d’Égypte Néfertiti (morte en 1333
avant Zéro) et son soupirant éperdu (qui vit peut-être encore)
dénommé Martin, tombé amoureux lors de la visite qu’il lui fit
au Muséum de Berlin-Est. C’est une ballade onirique qui se balance
dans la tête de Martin. Dans la tête de Martin, il y a une pensée
qui sinue, s’insinue, se contorsionne, se tourne et se retourne
autour de l’idée de Néfertiti, entrevue seulement sous la forme
d’une sculpture et d’une tête colorée. Tout le reste est
l’imaginaire de Martin en pleine révolution. Martin est hypnotisé,
« stregato », ensorcelé par cette tête femme, d’il y
a plus de 3000 ans.
« Néfertiti
en Reine,
En
déesse souveraine :
Hiératique,
proche, contemporaine,
Du
Nil ancienne,
Sans
voile, vient
Rappeler
le monde ancien »
Et
toi, Marco Valdo M.I., toi qui t’entretiens avec un âne dont on ne
sait quel âge il a, mais certainement plusieurs milliers d’années
et quasiment chaque jour sans que cela ait l’air de te chagriner ou
de te tournebouler le ciboulot, de te tourniller la comprenette. Bien
plus, on dirait que tu y trouves tes aises à nos dialogues et puis,
moi, je le trouve fort beau ce rêve perpétuel de Martin, on dirait
qu’il joue le boléro de Néfertiti. Alors, nous, notre tâche,
qu’on pourrait imaginée développée à la manière du boléro de
Monsieur Ravel, composé pour une superbe danseuse russe, est de
tisser sans fin, en revenant toujours sur elle-même et en
s’amplifiant de son propre mouvement, telle la navette du canut, le
linceul de ce vieux monde gris, ennuyeux, racrapoté, ridé et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
À
l’Est, Néfertiti en petite statue,
Impératrice
entièrement nue :
Seins
de fille, mains sur le giron
Cuisses
pleines, ventre rond,
Néfertiti,
petite et nue,
Debout
en petite statue.
Martin
rêve d’amour
Toutes
les nuits.
Jour
après jour,
Au
cœur de la nuit,
Toujours,
Martin
songe à Néfertiti.
À
l’Ouest, Néfertiti, la pharaonne
Enfant
de Thoutmosis étonne :
Joconde
ou Madone ?
Suave
idole universelle,
Au
sourire de miel,
Se
pose en mystère éternel.
Martin
rêve d’amour
Toutes
les nuits.
Jour
après jour,
Au
cœur de la nuit,
Toujours,
Martin
songe à Néfertiti.
Au
Sud, Aménophis, Akhénaton :
Long
visage, long menton,
Innovateur
dissident,
Raffiné,
purifié, élégant.
Néfertiti
Akhénaton
Enfants
incestués,
Enfants
d’Aton.
Martin
rêve d’amour
Toutes
les nuits.
Jour
après jour,
Au
cœur de la nuit,
Toujours,
Martin
songe à Néfertiti.
Au
Nord, Néfertiti en Reine,
En
déesse souveraine :
Hiératique,
proche, contemporaine,
Du
Nil ancienne,
Sans
voile, vient
Rappeler
le monde ancien.
Martin
rêve d’amour
Toutes
les nuits.
Jour
après jour,
Au
cœur de la nuit,
Toujours,
Martin
songe à Néfertiti.
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