jeudi 24 août 2017

LE ROLAND

LE ROLAND


Version française – LE ROLAND – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienne – L'OrlandoSergio Endrigo – 1970
Interprétation : Il Parto delle Nuvole Pesanti




Comme tu le sais, dit Marco Valdo M.I., j’ai un ami qui s’appelle Roland.

Oh oui, certainement, répond Lucien l’âne en présentant un visage d’âne réjoui, je sais même que tu avais écrit une chanson à propos de son grand-père ; bizarrement d’ailleurs, comme tu l’avais signalé, elle t’était venue en italien.

C’est bien de ce Roland-là qu’il s’agit ; ta mémoire ne te trompe pas, Lucien l’âne mon ami. Quant à la canzone-chanson, elle s’intitulait en italien : « Il nonno d’America » et en français, « Le grand-père d’Amérique ». Tout aussi curieusement, elle a été publiée sous son titre français. Eh bien, c’est encore à ce Roland-là que je pensais en faisant cette version française de L’Orlando  de Sergio Endrigo. Rien qu’en lisant le titre de l’originale italienne, j’étais déjà content. Et je m’en suis trouvé encore mieux quand j’ai découvert – car tu le sais, une chanson dans une autre langue ne me devient claire que lorsque j’ai établi ma version personnelle, celle que je fais précisément pour comprendre – ce que donc, elle racontait.

Et au fait, dit Lucien l’âne dans un souffle, que contait-elle ?

Elle disait, Lucien l’âne mon ami, la guerre stupide que les religions et les religieux engendraient dans le temps et encore aujourd’hui. Dans le temps, c’est-à-dire au temps de la chanson qui était celui de Charlemagne et aujourd’hui, un temps où certains fantasment de nouvelles confrontations.

Maie enfin, Marco Valdo M.I. mon ami, cette confrontation, ces affrontements sont absolument absurdes et e peuvent mener qu’à des absurdités. Décidément, j’ai longtemps été trop optimiste, quand je m’imaginais que l’homme allait atteindre à l’humanité et aurait laissé aux oubliettes de l’histoire toutes les calembredaines religieuses.

En effet, réplique Marco Valdo M.I., comme bien d’autres, tu es un peu trop optimiste et à m avis, simplement, car tu ne tiens pas assez compte de la durée, des temps différents qui gouvernent les changements. La durée d’une vie d’homme, à condition bien sûr qu’on le laisse vivre, est de l’ordre de quelques dizaines d’années. Pour les grands groupes humains, l’amplitude est celle du siècle ou pour certains, sous doute même, du millénaire. Ceci a des incidences sur les changements et la capacité des hommes vivants de changer les choses. En clair, la durée est une contrainte majeure qu’on en peut compenser par la force.

Oh, Marco Valdo M.I., je sais bien tout cela ; je l’avais juste oublié pour un moment ; je devais avoir le sens égaré par je ne sais quel espoir que j’ai toujours à l’esprit et au ventre, de ce que l’homme atteigne à l’humanité et quand ici, je dis l’homme, il faut comprendre « tous les hommes » ou en tout cas, suffisamment d’hommes et de manière suffisamment profondes. Cela arrive parfois pour certains ; le malheur évidemment, c’est que ce ne sont là encore que des exceptions contredites par l’immense majorité attachée à ses crédulités anciennes ou ce qui complique encore les choses, nouvellement inventées. Mais comme il n’est pas de notre ressort d’ainsi philosopher et qu’il est fort probable qu’on nous le reproche, brisons là et reprenons notre tâche qui est principalement, de tisser le linceul, tels les canuts ou les Parques, le linceul de ce vieux monde crédule, croyant, fanatique et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Oyez bonnes gens ce que disent les Chrétiens des féroces Musulmans.
Les Maures arrivent, on voit déjà le croissant
Sur les murs de Palerme, de Grenade et de Barcelone.
Ils ne parlent pas latin,
Ils ont la peau sombre,
Ils ont coupé en morceaux un sacristain,
Le Pape les craint,
Ils ne savent pas le
Notre Père,
Ils détruisent les vignes,
Ils ne mangent pas le cochon,
Ils ont des femmes par cent et par mille,
Ils portent des pantalons.
Guerre, guerre !
Au nom du Seigneur.
De la France à l’Angleterre,
Pour la foi et pour l’honneur,
Les attend,
L’épée à la main face aux cimeterres,
La terreur des Mahométans
Le preux Roland.

Et que disent des Chrétiens, les fidèles de Mahomet ?
Voilà les fous en cavale
Avec panaches et plumets,
L’évêque à cheval
Et derrière, les pauvres.
Ils jurent
en latin et en franc,
En saxon et en allemand,
Ils écrasent les parasites,
Sur leur menton sans barbe,
Ils boivent les vignes,
Ils mangent les cochons et les ongulés,
Ils ont cent concubines,
Mais leur femme est sous clé.
Guerre, guerre !
D
e La Mecque au bout de la Terre,
Tous prêts à donner notre sang
Et nous couperons la tête
Aux ennemis du Prophète
Et au Roland.

Roland était un tremblement de terre,
Le chevalier sans peur, une force de la nature ;
Avec son épée Durandal, il cassa mille têtes
En mille guerres saintes.
Il sauva des reines blondes
Du dragon et du géant,
Mais
entretemps,
L’Empereur Charlemagne
L’a fait paladin ;
Il oublie les amis
pour les femmes et le vin.
Guerre guerre !, mais
tout à l’heure,
Roland tombe amoureux, c’est tragique !
La belle Angélique
L’a touché en plein cœur.
Sa force l’abandonne et maintenant
Il n’en retrouve autant qu’avant,
Car il a l’amour en tête,
Le preux Roland
Et dans le doux combat,
Même un grand
soldat
Peut perdre la tête totalement.
Sur le champ, on l’a vu
Courir à moitié nu.
Vraiment fou, il fulmine ;
Son ennemi se tient en sa poitrine.
Et
les Maures foncent par cent et par mille,
Et gardent la tête froide.
Quand dans la maison, il n’y a pas de chat,
Tous les rats font la fête.
Guerre, guerre !,
mais Roland n’y vient pas :
L’un dit qu’il est un lâche,
Et l’autre dit qu’il ne l’est pas.
Mais un seul homme au monde,

C’est évident,
Sait la vérité de tout cela.
Roland.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire