Fanny
Chanson
française – Fanny – Marco Valdo M.I. – 2017
Voici,
Lucien l’âne mon ami, un portrait de femme, une femme telle
qu’elle est vue par un de ses soupirants, un de ses anciens amants,
peut-être ; ou simplement, une femme telle qu’un certains
hommes dans certaines conditions peuvent la rêver. Un songe, une
idée, un idéal, une idéale. Évidemment, on se demande si de ce
portrait, on tire le portrait d’une certaine femme ou celui d’un
certain genre de femme.
Moi,
à le lire, je me demande, s’il est vraiment possible que de telles
personnes existent chez les humains, demande Lucien l’âne un peu
interloqué. D’un autre côté, il est vrai que j’ai entendu dire
qu’il existait des ânesses très calmes et très rondes et douces
et assez nonchalantes et pour tout dire, passives ou placides. Je
dois pourtant à la vérité de dire que moi, les ânesses, je ne les
fréquente pas beaucoup ; je ne sais trop quoi leur dire et
elles ne me disent de toute façon, rien. Mais alors là, rien du
tout. Il faut dire aussi que je suis un âne un peu particulier et
d’un âge outrageusement canonique et même, au-delà de ces
saintes normes. Oh, Marco Valdo M.I. mon ami, excuse-moi, je t’ai
interrompu.
Ce
n’est pas bien grave, Lucien l’âne mon ami, car, comme tu le
sais, nous avons tout le temps. Pour ce qui est de cette femme qui
s’appelle Fanny, je ne pourrais te dire grand-chose d’autre que
ce qui est dit dans la chanson. Cependant, malgré son extrême
sobriété, on peut tirer plus qu’on l’imagine de ce petit texte.
Ainsi, en apparence, le physique, le mental et la psychologie de
Fanny vont de pair. Est-ce l’un qui entraîne l’autre ? Ou
l’inverse ? Ou une symbiose ?
Pour
répondre à cette question, Marco Valdo M.I. mon ami, il faudrait
probablement pouvoir remonter à son enfance et connaître également
sa vie, sa famille, les lieux où elle a vécu, etc. Il y faudrait
tout un roman, une chanson comme celle-ci ne pourrait y suffire.
Effectivement,
Lucien l’âne mon ami, c’est pour cela que la chanson a cette
forme caricaturale. Et puis, il n’est pas sûr que cette Fanny-là
existe ; elle pourrait être une poupée, une marionnette.
Peut-être,
Marco Valdo M.I. mon ami, est-elle un rêve, un fantasme, une
obsession. N’est-ce pas le genre de rêve, de personnage imaginaire
qu’un prisonnier longtemps tenu à l’écart de la vie réelle
avec ses rencontres, ses relations, ses contacts et tout son univers
de sensations, de sensualités, de sentiments, d’émotions et
d’envies pourrait poursuivre des heures, des nuits, des jours
entiers ?
Évidemment,
Lucien l’âne mon ami, qu’un homme longtemps privé de contacts
et de relations affectives et mis dans l’impossibilité d’en
avoir, se met à compenser ce manque en puisant des éléments dans
ses souvenirs, dans ses affects anciens, dans ses moments passés
pour se construire à l’aide de ces matériaux dématérialisés,
de ces bribes et morceaux de réel enfui, d’immatériel et
d’intangible, un monde fantasmé.
On
dirait, Marco Valdo M.I. mon ami, que tu décris la façon dont un
croyant édifie un paradis, dont il se construit un Dieu et toutes
les imaginations qui l’accompagnent.
On
dirait, Lucien l’âne mon ami, mais finalement, c’est assez juste
et c’est ainsi que l’homme, apeuré par le vide ou la taille
incommensurable de l’univers qui l’entoure, peuple le monde de
créatures fantomatiques. Elles n’ont sans doute d’autre réalité
que son imaginaire et servent à donner une forme à ses peurs. Pour
en revenir à Fanny et à sa passivité, on ne trouve de curieux
exemplaires dans notre monde actuel ; j’ai vu passer dans la
presse récemment l’histoire de ce Japonais, citoyen du pays du
Soleil Levant, qui s’était mis en ménage avec une poupée à
taille humaine et l’emmenait pique-niquer les dimanches d’été ;
par ailleurs, on annonce pour bientôt les femmes-robots, les
robots-femmes ou les robotes (on trouvera également l’équivalent
mâle), conçues pour tenir compagnie et chérir ces messieurs (ou
ces dames).
Où
donc s’arrêtera le flot de l’amour ?, dit Lucien l’âne
en souriant de toutes ses grandes dents. Mais de ce fait, notre Fanny
est un modèle, une anticipation, un prototype. Et finalement,
pourquoi pas, si ça peut désennuyer et désangoisser ceux qui s’y
attachent, grand bien leur fasse. Quant à nous, nous avons assez de
notre tâche et alors, reprenons-la et tissons le linceul de ce vieux
monde aphasique, aboulique, apeuré et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
l’ai trouvée
Et
maintenant
Je
l’ai perdue
Fanny
Fanny
est une femme
Merveilleuse
Elle
est elle
Énorme
Toute
blanche
Tendre
Accueillante
D’une
passivité
Absolue
Je
l’ai trouvée
Et
maintenant
Je
l’ai perdue
Fanny
Fanny
reste muette
Elle
ne bouge pas
Elle
se laisse embrasser
Et
T’engloutit
Elle
prend tout
Fanny
Merveilleuse
Fanny
Bien
et mal
Avec
son grand
Corps
blanc
Plein
De
mamelles
Elle
t’engloutit
Elle
se laisse embrasser
Je
l’ai trouvée
Et
maintenant
Je
l’ai perdue
Fanny
Fanny
est une femme
Merveilleuse
Elle
est elle
Énorme
Toute
blanche
Tendre
Accueillante
D’une
passivité
Absolue
Je
l’ai trouvée
Et
maintenant
Je
l’ai perdue
Fanny
Fanny
passivité.
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