Version
française – GRIGNES CONTRE LA GUERRE – Marco Valdo M.I. – 2017
Tu
vois, Lucien l’âne mon ami, comme à l’ordinaire, ce titre te
semble bizarre et certainement, il l’est.
En
effet, Marco Valdo M.I., mon ami, ce titre est bizarre et comme à
l’ordinaire, j’aimerais que tu me l’expliques.
Il
est bizarre et je vais te l’expliquer, mais avant, Lucien l’âne
mon ami, je me dois de te signaler qu’il aurait été encore plus
bizarre si j’avais tenté de le traduire – disons, littéralement
– de l’italien. Cela aurait donné quelque chose comme :
« Prouts contre la guerre », mais des prouts faits avec
la bouche en esquissant une grimace avec les lèvres ou en sortant la
langue. Note en passant que des « langues contre la guerre »
n’auraient pas eu meilleur effet.
Oui,
sans doute, dit Lucien l’âne en ouvrant des yeux éberlués. C’eût
été un peu trop amphibologique ; personne n’y aurait rien
compris.
Maintenant,
reprend Marco Valdo M.I. qui avait été interrompu, venons-en au
titre que j’ai choisi et à ce mot « Grigne » qui
t’intrigue. Qu’est-ce qu’une grigne ? Une grigne, sache-le
si tu ne le sais pas déjà, est une grimace, un plissement du visage
autour de la bouche, qui signifie une dérision, un mépris, un
désappointement, une dépréciation, une amertume. Pour donner le
sens du mot italien « pernacchia », il faut y ajouter le
bruit d’un souffle, comme un vent sonore sorti de la bouche, sans
qu’il puisse être confondu avec le rot, qui a des origines plus
alimentaires, étant un trop plein de gaz surgi de l’œsophage.
Traduisons : un prout simulé par la bouche. Figure-toi que je
ne suis pas le seul à avoir rencontré cette difficulté
d’expression en français. Ainsi, Georges Feydeau, qui en matière
de prouts théâtraux peut passer pour un expert, avait exprimé
l’équivalent français de « pernacchia » (on était en
1914) en disant : « Il faisait prouter ses lèvres ».
À
propos de Prout, dit Lucien l’âne très amusé, j’ai bien ri
quand on m’a conté ce congrès de géographes, où les géographes
de langue française ont refusé catégoriquement de changer le nom
du fleuve Prout, qui coule en Europe centrale sur près de 1000
kilomètres et qui sert de frontière moldavo-roumaine ; ces
géographes primesautiers trouvaient cette dénomination trop drôle.
Ces
géographes sont des farceurs, continue Marco Valdo M.I. et en ce qui
me concerne, comme tu le vois, pour rendre le sens de pernacchia en
français, j’ai choisi grigne, qui signifie un pli du visage, une
grimace pour marquer le mécontentement, la tristesse aussi. Bref, à
ton œil scintillant à ton front noir comme une étoile de première
grandeur sur le coup de minuit, je vois que tu as compris.
Je
résume, dit Lucien l’âne, cette chanson, ce sont des grimaces de
mécontentement, lancées à la figure de la guerre et elles sont les
bienvenues. Célébrons-les et par la même occasion, trinquons à
Trincale. Maintenant, reprenons notre tâche et tissons le linceul de
ce vieux monde triste, méprisable, belligérant et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l’âne.
Un
homme dans le monde est mort,
Hier au soir est mort,
Mort de faim, dans la mine est mort.
Le travail l’a tué,
La faim l’a tué ;
Il y a déjà trop de morts sans la guerre,
Il y a déjà trop de morts par toute la Terre.
Hier au soir est mort,
Mort de faim, dans la mine est mort.
Le travail l’a tué,
La faim l’a tué ;
Il y a déjà trop de morts sans la guerre,
Il y a déjà trop de morts par toute la Terre.
Qui
font les héros.
La
guerre est un crime,
La guerre est une crétine,
C’est une manœuvre ultime,
C’est une grande rapine.
La guerre est une crétine,
C’est une manœuvre ultime,
C’est une grande rapine.
Dans
le monde, un homme
Mourra demain.
Il faut le sauver maintenant,
Il doit rester vivant.
De guerre, ni de faim
Mourra demain.
Il faut le sauver maintenant,
Il doit rester vivant.
De guerre, ni de faim
Il
ne doit mourir,
Dans le monde, un homme
Est déjà condamné.
Où qu’il se trouve, il faut le sauver.
C’est un être humain,
C’est un être sacré,
Jamais plus la guerre demain !
Dans le monde, un homme
Est déjà condamné.
Où qu’il se trouve, il faut le sauver.
C’est un être humain,
C’est un être sacré,
Jamais plus la guerre demain !
Ce
ne sont pas les médailles
Qui font la paix.
Meurt un homme,
Peut-être toi, sait-on jamais ?
Réplique par des grignes,
Réponds par des rires,
Ne fais pas la guerre !
C’est toi qu’on met en terre.
Qui font la paix.
Meurt un homme,
Peut-être toi, sait-on jamais ?
Réplique par des grignes,
Réponds par des rires,
Ne fais pas la guerre !
C’est toi qu’on met en terre.
Qui
font les héros.
La
guerre est un crime,
La guerre est une crétine,
C’est une manœuvre ultime,
C’est une grande rapine.
La guerre est une crétine,
C’est une manœuvre ultime,
C’est une grande rapine.