mercredi 10 mai 2017

LES POMPIERS DE VIGGIÙ

LES POMPIERS DE VIGGIÙ
Version françaiseLES POMPIERS DE VIGGIÙ – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienneI pompieri di ViggiùGigliola Cinquetti 1975


Interprétations :









Dis-moi, Marco Valdo M.I., qu’est-ce que c’est que cette histoire des pompiers de Viggiù ? Je me souviens que tu m’en as parlé l’autre jour à propos d’une chanson d’Eduardo Bennato, qui si j’ai bonne mémoire s’intitulait : « Mesdames et Messieurs [[55008]]».
Tu as bonne mémoire, Lucien l’âne mon ami. À propos des pompiers de Viggiù, je te confirme qu’il s’agit de la délirante histoire d’une compagnie de pompiers d’un village situé au nord de Milan, près de la frontière suisse, histoire qui fut le sujet d’un film italien des années (1949). La chanson I Pompieri di Viggiù, dont le film s’était inspiré, est l’œuvre de l’instituteur, Armando Fragna. Pour moi, cette histoire me rappelle celle, nettement antérieure, que racontait cette inénarrable chanson française (1934) intitulée « Avec les pompiers ». D’ailleurs, je soupçonne fort qu’elle a dû servir de modèle à sa descendante italienne.
Ces Pompiers de Viggiù ont également eu droit aux honneurs d’un film, dont la chanson est le thème musical ; une chanson qui fut reprise par Gigliola Cinquetti : I Pompieri di Viggiù et par bien d’autres encore et non des moindres, tels le Quartetto Cetra.

Mais dis-moi, Marco valdo M.I., il me semble qu’il existe vraiment une commune de Viggiù et peut-être a-t-elle un corps de pompiers ?

Avant d’aller plus loin, je voudrais te préciser que toute cette histoire est purement imaginaire et que si la petite ville de Viggiù existe réellement, elle n’a jamais flambé et en tout cas, pas le jour de la constitution de son corps de pompiers et encore moins de la faute de ses « soldats du feu ».
Je te reprends ici, traduite de ma main, une partie de la longue notice que consacre (wikipedia) à la commune de Viggiù :« Il faut remonter à 1881 pour trouver l’idée de former un groupe volontaire pour un corps de pompiers à Viggiù. Jusqu’alors, pour donner l’alarme quand une cheminée, une ferme ou un bois prenaient feu, on sonnait le tocsin, et intervenaient ceux qui pouvaient. Avec des subventions privées et des volontaires, on acquit une pompe manuelle. Cependant, en attente de bouches d’incendie, il fallait utiliser l’eau des puits, dont Viggiù était heureusement très bien fourni.
Les premières tenues furent acquises chez les pompiers du groupe de Milan, le matériel fut fourni par l’Administration Communale de Viggiù ; les exercices se déroulaient dans la cour de l’école rue de Rome, où se trouvait le garage des pompiers. Les volontaires étaient à 90 %, les ouvriers carriers et marbriers du village. Pour les avertir, en cas d’incendie, en plus d’employer le tocsin, en 1928 un homme fut chargé parcourir le village en bicyclette en jouant une trompe d’appel. En 1939, on installa une sirène. Le détachement fut dissous en 1962.

Pendant la seconde guerre mondiale, réfugié à Viggiù, l’instituteur Armando Fragna composa la célèbre chanson devenue ensuite le leitmotiv du film I Pompieri di Viggiù. Les Viggiutesi (Vigioutais), qui aimaient tant leurs volontaires, et les volontaires eux-mêmes, n’apprécièrent pas d’être ainsi tournés en bourrique ; toutefois, il fallut se rendre à l’évidence et au succès qu’obtint la chanson. Et, après tant d’années, on peut affirmer que cette joyeuse chansonnette a contribué à répandre le nom de Viggiù ( et de ses pompiers) dans toute Europe et dans le monde entier.

Certes, dit l’âne Lucien en riant, c’est d’ailleurs ainsi, j’en suis persuadé que tu as eu connaissance de l’existence de cette petite ville au pied des Alpes.

Cela dit, son succès s’explique de différentes façons.
Je te rappelle d’abord pour mettre les choses bien en tête que cette chanson est née en exil du croisement de deux chansons françaises du milieu des années 1930 : Avec les pompiers (1934) et Tout va très bien, Madame la Marquise (1935), chansons pour lesquelles on peut émettre un commentaire « politique » du même ordre, mais bien évidemment rapporté aux temps considérés
D’abord au premier degré, par la façon burlesque dont elle dépeint les pompiers et leur catastrophique et héroïque première intervention, le jour-même de la constitution de leur escouade. Comme dans la version française, tout le village a flambé en quelque sorte, grâce aux pompiers et à leur sublime incompétence. C’est donc une chanson comique et sa drôlerie a fait beaucoup pour sa diffusion.
Ensuite, comme dans la chanson française d’origine, il y a un double sens, immédiatement perceptible et lui aussi, terriblement moqueur, plein d’essence d’ironie. Ce double sens est éminemment politique et très, très critique vis-à-vis des autorités. En l’occurrence, vu la date à laquelle elle fut conçue, il ne fait doute qu’elle raconte – à sa manière – l’histoire du fascisme. Dès lors, elle peut être comprise comme une allégorie de toute formation de matamores accédant au pouvoir.
Enfin, cette canzone entre temps est tombée dans le fonds commun des chansons qui hantent la mémoire populaire de sorte qu’Eduardo Bennato, auteur-compositeur et chanteur napolitain de grande envergure, dans une chanson de 2016, fait directement allusion aux « glorieux pompiers de Viggiù » (une commune de 5800 habitants située à 850 km de Naples) et cette référence renvoie évidemment elle aussi au monde politique contemporain – et à mon sens, pas seulement en Italie.

Voilà qui justifie amplement l’insertion de ces chansons (l’originale italienne et sa version française – ainsi que j’espère l’autre chanson française : Avec les Pompiers sera elle aussi bientôt présentée ici) dans un site des chansons contre la guerre. Quant à nous, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde tremblotant, flamboyant, flambant, incendié, incendiaire, inflammable et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane







Par la volonté du Vicomte et du Roi
Sur l’avis du Baron,
On a formé la section
Des Pompiers de Viggiù, ce jour-là.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

Et aux frais du Marquis,
On a acheté les uniformes requis
Avec bicornes à larges bords,
Avec panaches rouge, bleu et or.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

Comme il fallait les former,
On a allumé un feu de bois
Tout le groupe s’est aligné
Et a crié « Hip hip Hourra ! ».
Vive par-ci, vive par-là,
Vive en haut, vive en bas.

Vive les Pompiers de Viggiù !
Quand ils passent,
Les cœurs s’enflamment.
Vive leurs panaches or, bleu et rouge !
Vive les pompes
Des Pompiers de Viggiù !

Ils affrontèrent l’incendie
Avec leurs pompes-arrosoirs,
Mais à leur grand désespoir,
L’eau était en pénurie.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

Mais leur Chef, homme de confiance,
Eut une idée vraiment bizarre :
Il emplit d’essence
Le grand réservoir.
Pompe ici, pompe là,
Pompe en haut et pompe en bas.

Et sans hésiter
dans le village incendié,
Dans les fumées, s’est précipité
Tout le peloton des Pompiers.
Vive par-ci, vive par-là,
Vive en haut, vive en bas.

Vive les Pompiers de Viggiù !
Quand ils passent,
Les cœurs s’enflamment.
Vive leurs panaches or, bleu et rouge !
Vive les pompes
Des Pompiers de Viggiù !


Vive les Pompiers de Viggiù !
Vive leurs panaches or, bleu et rouge !
Vive les pompes
Des Pompiers de Viggiù !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire