mercredi 31 mai 2017

REPENSE INVENTE

REPENSE INVENTE

Version française – REPENSE INVENTE – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienneRipensa inventaEnnio Rega2017

Je suis l’inconnue,
Votre passé qui doit être repensé,

Le nouveau début qui doit être inventé.


Nous sommes ceux qui ne portent rien, nous parlons des langues inconnues ;
Ceux qui ouvrent les bras et disent nous sommes ici aidez-nous !
Nous avons frappé à votre porte et ce fut épouvantable,
Votre démocratie est une énorme tromperie !

Conquête-reconquête, repense, invente !
Tout change.

Ne me demandez pas d’où je suis et d’où je viens,
Où je suis né, demandez-moi d’où je me sens.
J’adore le ciel et je suis soutenu des étoiles ;
À côté des maisons des autres, je vis seul resserré dans ma peau.

Conquête-reconquête, repense, invente !
Tout change.

Et je pars, je me bouge et je fuis, car je suis vivant ;
Je garde mes racines et le voyage et l’arrivée comme
Joséphine Baker danse reflétée dans les verres de Murano.
Le monde est un salon
mobile, l’homme est dans le mélange.

Je suis l’inconnue,
Votre passé qui doit être repensé,
Le nouveau début qui doit être inventé.
Je suis une révolution, car j’ai montré
Que ce que vous dites être,
Vous ne l’avez jamais été.


samedi 27 mai 2017

LES ENNEMIS SONT ENTRÉS DANS LA VILLE

LES ENNEMIS SONT ENTRÉS

DANS LA VILLE

Version française – LES ENNEMIS SONT ENTRÉS DANS LA VILLE – Marco Valdo M.I. – 2017
d’après
la version italienne – I NEMICI ENTRARONO IN CITTA' – Riccardo Venturi – 2017

Texte : Giorgios Skourtis
Musique : Giannis Markopoulos





La chanson « Μπήκαν στην πόλη οι οχτροί » fut écrite par Giorgios Skourtis en 1970, en pleine dictature, et mise en musique par un des plus importants musiciens grecs contemporains,. Elle fut interprétée par le Crétois Nikos Xylouris, qui trois ans après, ira la chanter parmi les étudiants du Polytechnique en révolte et en attente d’être massacrés. La chanson, en général, décrit bien ce qui arrive lorsque « les ennemis entrent en ville » : arrestations, meurtres, des déportations, pendant que la « majorité » rit, plaisante, il regarde les filles et crie hourra parce que l'« ordre » et la « sécurité » sont revenus.
Publié par Riccardo Venturi

Monologue de Lucien l’âne

Mon ami Marco Valdo M.I., qui a écrit la version française, dit Lucien l’âne, est pour le moment très pris par d’autres activités ; je parlerai donc pour lui afin de vous proposer une réflexion, si tant est qu’un âne comme moi puisse réfléchir et que vous aurez la patience de m’écouter. Voici de quoi il s’agit : J’aimerais souligner la parenté de cette chanson grecque de 1970 avec cette chanson allemande attribuée généralement à Bertolt Brecht et qui sans doute, trouve plus exactement son origine dans le texte de Martin Niemöller, pasteur de son état : Als die Nazis die Kommunisten holten (1945 ou antérieure), même si je garde l’impression que la source de ce poème de Niemöller est bien antérieure et devrait se trouver dans les récits d’origine religieuse, liés aux persécutions, qui font partie du fonds de la prédication, particulièrement dans les églises protestantes. À tout le moins, ça y ressemble beaucoup. Cette parenté tient à deux choses : le caractère progressif de l’histoire ici d’un quatrain à l’autre et cette dénonciation de la lâcheté, de l’indifférence d’un « nous », qui s’accommode finalement de tout régime en ignorant totalement le sort des persécutés ; un « nous » volontairement aveugle, sourd et muet, e « nous » pleutre, qui est très exactement le contraire de cet autre « nous » de la Résistance.

Par ailleurs, cette chanson me rappelle aussi Les loups sont entrés dans Paris (1964), où on trouve cette même progressivité de l’histoire et au fond, les mêmes « loups ».

Ainsi Parlait Lucien Lane.




Les ennemis sont entrés dans la ville,
Les ennemis ont forcé les portes
Et nous, dans nos quartiers, on riait ;
Oui, le premier jour, on riait.

Les ennemis sont entrés dans la ville
Les ennemis ont emmené nos frères,
Et nous, avec les filles, on parlait.
Oui, le jour d’après.


Les ennemis sont entrés dans la ville,
Les ennemis ont mis le feu en ville
Et nous, dans la nuit, on criait,
Oui, au troisième jour, on criait.

Les ennemis sont entrés dans la ville,
Les ennemis marchaient l’épée à la main
Et nous, on riait débiles.
C’était le lendemain.


Les ennemis sont entrés dans la ville
Les ennemis se mirent en civil
Et nous, encore toujours, on riait
Oui, le cinquième jour, on riait.


Les ennemis sont entrés dans la ville
Les ennemis ont pris le tribunal et l’hôtel de ville
Et nous, on criait « Vivat ! » et « Hourra ! »
Et nous, on criait « Vivat ! » et « Hourra ! »
Et depuis, chaque jour, Hourra !

Et depuis, chaque jour, Vivat !

Humains ! Trop Humains !

Humains ! Trop Humains !

Chanson française – Humains ! Trop Humains ! – Marco Valdo M.I. – 2017




LES SURVIVANTS


Dialogue maïeutique 


Comme tu le sais, Lucien l’âne mon ami, comme tu as l’habitude de le voir, je m’en vais – nouveau Till en route vers Rome – pèlerinant un pèlerinage tout au travers de ce labyrinthe des Chansons contre la Guerre et d’Internet et de leurs infinies extensions. Au cours d’une de mes dernières excursions électroniques, je m’en suis retourné visiter le blog de notre ami R.V., alias Ventu l’asocial, comme il aime à se définir lui-même. J’y jette régulièrement un regard pour… Pourquoi exactement ? Je ne le sais trop. Sans doute, car c’est Riccardo. Sans doute, car ce Ventu en mâche pas ses mots, ni ses phrases et fait rare de nos temps, a des idées claires, les yeux en face des trous et quand il se fâche, une faconde à faire pleurer la Joconde. Mais aussi…

Mais aussi quoi ?, Marco Valdo M.I. mon ami, j’aimerais bien le savoir.

Mais aussi, ce qu’on y trouve dans ce blog de R.V. et qui ne manque certes ni d’intérêt, ni de caractère, ni de style. Oh, je sais, le style en écriture est un concept suranné, dévalorisé, décrié et même, carrément détesté par ceux qui n’en ont pas. Mais, rien à faire, quand on a le bonheur de rencontrer un style, qui – je te le rappelle – cette manière particulière d’écrire (note qu’un style peut aussi être un style de vie… cependant, alors, c’est du fabriqué, du trucage, du placage, du maquillage, du tape-à-l’œil et pour tout dire, c’est un ersatz), on ne sait trop comment cela se fait, on y reste accroché, on y est comme retenu, attaché, scotché au texte.

Oui, je sais tout cela, Marco Valdo M.I. mon ami. Je dirais même que c’est un phénomène étrange que de voir des petits signes inanimés, alignés en rangs aussi disparates, tirer tellement l’attention à eux.

Tu vois, Lucien l’âne mon ami, si on en reste à l’effet d’attirance, phénomène affinitaire, on passe à côté de l’essentiel de ce qui fait le texte, matière impalpable et pourtant, si prégnante, car…

Car ? Car quoi ? Car quoi exactement ?, demande l’âne Lucien en roulant des yeux comme s’ils suivaient à la trace la périphérie des anneaux de Saturne.

Car quoi ? Tu me demandes quoi exactement ? Eh bien, Lucien l’âne mon ami, car ce qui est là sur le papier (idéalement !) ou sur l’écran contemporain, ce ne sont pas seulement les signes, c’est une pensée vivante, un organisme respirant, une voix complexe et un assemblage kaléidoscopique – et tu sais mon pendant immodéré pour ce procédé du kaléidoscope, dont je suis persuadé qu’il est la meilleure représentation possible de la pensée en train de se faire, processus qui me fascine. Donc, le kaléidoscope est ce procédé qui stimule la machine organique qu’est le cerveau, à qui il revient et à lui seul, tel un soliste de l’archet, d’interpréter ces petits riens bizarrement ordonnés : le déchiffrement, d’abord ; et puis, l’art de leur redonner un corps et un sens, fût-il multiple comme la splendeur :

« prendre et capter cet infini en un cerveau,
pour lui donner ainsi sa plus haute existence
dans l' infini nouveau
des consciences. »

J’arrête là.

Bonne idée, car je me demandais où tu allais ainsi sur les pas de Verhaeren et je me demande encore où tu m’emmènes, où tu m’entraînes, tel un petit oiseau multicolore et distrait.

Ça tombe bien, je m’apprêtais à te l’expliquer, Lucien l’âne mon mai. Donc, je lisais un texte de R.V. qu’il avait intitulé « Il genere umano – LE GENRE HUMAIN », dont je te joindrai la version complète ci-après et la version française que j’en ai tirée, et un bref article de presse italienne relatant l’affaire, qui a mis notre bon Ventu en colère. Tout cela servira d’introduction à une chanson (celle-ci) que je me prépare à écrire. Je dis : « Je me prépare », car là maintenant, je n’en ai pas encore en tête le premier mot. Je n’en connais même pas le titre…

Quelle idée ?, Marco Valdo M.I. mon ami. À quelle expérience curieuse vas-tu me faire assister ? Je me demande vraiment ce qui va pouvoir en sortir.

Moi aussi, Lucien l’âne mon ami, et tu comprendras que cette fois, je ne puis rien, strictement rien te dire de cette chanson encore à concevoir.

Peu importe finalement puisqu’on aura au moins devant les yeux le texte de R.V., « Il genere umano » et sa version française.

« Avec des cœurs de flamme et des lèvres de miel,
Ils disaient simplement le verbe essentiel »

Toutefois, il nous faut reprendre notre tâche et tisser, tisser le linceul de ce vieux monde humain, trop humain, brutal, trop brutal, brute, brute, trop brute, barbare, trop barbare, imbécile, trop imbécile, xénophobe, trop xénophobe et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Mercredi 10 mai 2017
Publié par Riccardo Venturi


Vous vous étonnez ? Vous êtes abasourdis ? N’êtes-vous pas convaincus ? Moi non. Pas du tout. C’est tout à fait normal ; logique, même.

Tout à fait normal et logique, car je l’ai entendu de mes oreilles, apertis verbis, et même pas une seule fois. Et pas seulement dans les quartiers où il y a les Tziganes.

Ainsi, comme s’ils parlaient du temps qui fait ou d’un match de foot. Des personnes très normales. La maman avec la poussette. Le retraité et le jeune. Il faut les brûler tous, même les enfants. Surtout les enfants qui ensuite grandissent. Surtout les enfants qui volent eux aussi.

Ah, j’oubliais : les enfants, on les enlève aussi, donc il faut les brûler tout petits.

Je suspecte fort que des propositions du genre vous les avez entendues vous aussi, vous aussi. Et j’ai même l’impression qu’un ou l’autre d’entre vous ne les a pas seulement entendues, mais les a même émises.

Le président de la république a déclaré qu’il s’agit d’un fait « en dehors du genre humain ». Erreur absolue. Il s’agit d’une chose pleinement au dedans du genre humain, et seulement de celui-ci. Je n’ai pas connaissance de tapirs qui aient pris un cocktail molotov et l’aient lancé dans un camping-car de lémures. Ni même de fouines qui aient mis le feu à un poulailler. J’en arrive à reconsidérer les moustiques.

Le genre humain, par contre, sous peu s’époumonera sur les réseaux sociaux. Certain pour stigmatiser, certain pour justifier. D’aucun pour s’indigner, d’aucun pour exulter comme au stade. L’un pour s’opposer, l’autre pour s’impliquer. Celui-là anonyme et celui-ci avec nom et prénom.

Le genre humain peut très bien concevoir la haine. La haine se dévoile même ainsi. En prenant une bouteille incendiaire et en mettant le feu au camping-car des Tziganes. Il y a les enfants dedans ? Patience, si ça tombe, ils brûlent mieux.

Et non seulement, ils brûlent mieux. Ils servent mieux. Les enfants sont à usage multiple. Ils servent aux horreurs médiatiques et servent aux carrières politiques. Ils servent aux modérés et servent aux extrémistes. Ils servent aux guerres et servent aux paix. Ils servent au photographe et servent la maman avec la poussette. Ils servent au peuple et servent au pouvoir. D’un enfant, véritablement, on ne jette rien.

Ensuite, c’est clair, il y a enfant et enfant. En principe, ils se divisent en deux catégories : ceux qui quand ils meurent mal font les photos avec leurs poupées abandonnées, et ceux qui quand ils meurent mal sont seulement des misères diversement acclimatées (le camping-car de Rome, le quartier syrien, le fond de la mer).

Si j’étais un enfant, je commencerais à m’inquiéter sérieusement et à chercher à faire un peu cause commune. Mais s’il vous plaît. Il ne faut pas le dire. Il y a tant de ces bons enfants, d’écolière set d’écoliers, qui donneraient obéissants et sans moufter un coup de main à leur maman et à leur papa pour incendier le camping-car des Tziganes.

Et alors, comme on voit, tout est très normal et très logique, comme on disait au début. Et très humain. Un signe de parfaite humanité. Qui que ce fut, il a éliminé trois potentiels voleurs de nos très précieux objets. Il a éliminé deux morveuses tziganes et une jeunette de vingt ans, déjà sûrement voleuse déclarée ainsi que les enfants de merde d’autres voleurs et mendiants. Il a porté son aide au maintien du décorum urbain. Il a agi contre la dégradation et pour la sécurité. Le genre humain, justement.

Treize personnes dans un camping-car : mais comment se peut-il ? Et ne pouvaient-ils pas « aller travailler » ? Et une maison ? Halte ! Les maisons se donnent d’abord aux Italiens. Genre les parents de Gianfranco Fini ou le ministre Scajola, à son insu. Et ensuite les tziganes ne sont-ils pas « nomades » ? Et vivent dans les roulottes. Et puis, comme le savent aussi les enfants, leurs roulottes sont tirées par des Mercedes (volées, naturellement). « Ils ont tous de ces grosses bagnoles dont je rêve… » (dit le père de famille qui s’est endetté jusqu’au cou pour acheter un SUV à cinquante mille euros).

Entretemps, l’imagination s’élance. S’imaginer, que sais-je, que les enfants tziganes du camping-car de Rome rencontrent ailleurs, dans le néant, les deux enfants liquidés à coups de marteau par leur papa ex-carabinier de Trente, celui propriétaire de l’appartement à un million d’euros.

S’imaginer tout bonnement les enfants juifs exterminés dans les camps de concentration qui rencontrent les enfants tziganes exterminés dans les camps de concentration.

Il suffit d’un peu d’imagination, cependant. Si non, ensuite, quelqu’un m’accusera d’être un « boniste ». Loin de moi, l’idée. Une fois je me disais « rêveur », maintenant finalement, je suis devenu réaliste. À la bonne heure, réaliste à cinquante-quatre ans.

Le réalisme le plus rigoureux m’impose de dire que c’est ainsi et qu’autrement maintenant, ce ne peut être. Dévoilons ainsi le nazi qui est en chacun de nous, et tout sera plus clair, moins hypocrite. Soyons les nazis noirs, les nazis modérés, « moi, je ne suis pas nazi, mais », les nazis rouges, les nazis anarchistes, les nazis de la porte à côté, les nazis à tache de léopard, les nazis gais, les nazis tristes, les nazis à Pontida, les nazis Posse, les nazis par légitime défense, les nazis intelligents, les nazis idiots, les nazis adultes et les nazis enfants.

Et comme ils sont humains, les nazis ! L’humanité à son état pur.

Xenoradio

Dans un camping-car, vivait un couple et leurs 11 enfants. Ils étaient Roms, autrement dit, des Tziganes [[7525]]. Le véhicule, garé sur le parking d’un supermarché, fut « incendié » de nuit vers 3 heures du matin. On enquête sur l’origine de cet incendie volontaire.

à Centocelle (Rome)

Deux fillettes et une jeune fille roms mortes dans un incendie.

Des milliers de « twites », messages enflammés, tristesse et violence embarrassante sur les réseaux sociaux. « Les Tziganes ne sont sympathiques à personne », twite Serena, « Dieu m’épargne de connaître des gens qui commettent et justifient certains actes ». « Aux bonistes, je dis qu’il ne peut être permis à personne de vivre à 11 dans un camping-car », écrit Luca, tandis qu’un autre dépasse l’imaginable : « Excusez, mais c’étaient des Roms. Ils l’ont cherché », « les parents sont sortis les premiers, les enfants, ils ont tant d’enfants » et encore, « vive le feu dans ces cas !!» et aussi un désolant : « Bof, tant d’histoire pour trois voleuses à la tire en moins » : deux gamines et un jeune fille. Trois noms pour retrouver la raison : « Angelica, 4 ans, sa petite sœur Francesca et Élisabeth, morte à 20 ans. Nous avons tous perdu. », twite Roberto avec une pointe d’amertume.


Destin de migrants,
Fatalité des Gitans,
Les Tziganes ont brûlé.
Logique et normalité,
Les bons usages
Mènent au carnage.
Simple xénophobie :
Ici, on incendie
Les itinérants et les mendiants.

Les murmures des bonnes gens
Courent, courent, courent.
Comme s’ils parlaient du temps,
D’un match, de l’étape du jour,
Le vieux, le jeune et la maman
Disent, disent, disent,
Sans détour et sans gant,
Incendions-les tous, même les enfants.

Humains, trop humains !
Faudrait se lever bien tôt
Pour trouver un animal qui aussi bien
Qu’Amaury, abbé de Citeaux,
Légat du pape romain,
Avec autant de haine pousse
Ces paroles de bon chrétien :
« Tuez-les tous !
Dieu reconnaîtra les siens. »

Quand les enfants roms incendiés
Rencontreront
Les enfants juifs brûlés
De leurs incendiaires, ils diront :
Ils ont des pieds, ils ont des mains,
Ils nous ont liquidés ainsi
Ces braves gens nazis,
Car ils sont humains,
Humains, trop humains !

Destin de migrants,
Fatalité des Gitans,
Les Tziganes ont brûlé.
Logique et normalité,
Les bons usages
Mènent au carnage.
Simple xénophobie :
Ici, on incendie
Tous les errants, même les enfants.