jeudi 13 avril 2017

CHANSON SYRIENNE

CHANSON SYRIENNE


Version françaiseCHANSON SYRIENNE – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson italienne – Syrian SongAnonimo Toscano del XXI secolo – 2017

Texte: Anonimo Toscano del XXI Secolo, 12 avril 2017
Musi
que et arrangement : Ensemble “Syria Unite”
(Barack Obama, Hillary Clinton, Donald Trump,
Vladimir P
outine, Bashar al-Assad, Recep Tayyip Erdoğan)
E
xécution sommaire par l’Orchestre “Islamic State Iraq and Syria” - Raqqah
Chœur de l’Union Européenne de Strasbourg




Cher Anonyme toscan du siècle présent,

Nous aimons beaucoup les anonymes, surtout quand on les connaît et plus encore quand ils demeurent – nous espérons que la mort de l’Anonyme n’est là qu’une feinte, qu’un tour de magie pour faire naître une canzone syrienne, dénonçant sans désemparer les anathèmes et les morts. Ce pourquoi, nous te saluons.
Pour la version française de la chanson, nous nous sommes efforcés de la rendre au plus près et au plus poétique – ce qui ne peut jamais faire de tort, surtout aux morts. Jacques-Bénigne Bossuet s’en était fait une spécialité ; nous recommandons spécialement son Oraison funèbre d’Henriette d’Angleterre – et son inénarrable : « Madame se meurt, Madame est morte » et sa citation si biblique, si énorme, si drôle d’Ezéchiel, prédisant la ruine de Jérusalem. Écoute, ô Anonyme, le dire du prophète : «Le Roi pleurera, le Prince sera désolé, et les mains tomberont au peuple de douleur et d'étonnement. ».
Ne sentez-vous pas vos mains tomber à la seule idée de ce qu’un jour l’Anonyme lui-même quittera ce monde ?
Quant à nous, déjà, nous n’avons plus de voix, plus de souffle, le cœur nous faut.

Mais cependant, courage, reprenons notre tâche et tissons le linceul de ce vieux monde mort, mortel, morticole, mortifère, mortifiant, mourant et cacochyme.

Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane


Il n’y a plus d’avril, il n’y a pas plus de mai ;
Je suis mort,
enfant ou vieil homme,
Femme ou animal, pierre ou fourrage,
Terre ou ciel,
seau ou charrue.

On m’a étouffé dans cet avril
Comme
tu seras étouffé en mai ;
Je suis mort de mort hostile,
Mon frère n’est plus qu’un portrait.

Je suis mort de mort de l’air
Et mon frère d’
une mort copiée ;
Je suis mort de mort ordinaire
Et ma
sœur par la mort usée.

Je suis morte de mort dépareillée,
Ma fille de mort
truquée ;
Je suis mort
e scannée,
Ma mère est morte en tissant
à la veillée.

Je suis mort déchiqueté et gazé,
Et tu es mort a
justé dans ton look ;
Je suis mort baveux et allongé
Et tu es mort
sur Facebook.
Je suis mort vraiment ou feint,
Et tu es mort pour tout ou
pour rien;
J’
ai l’air d’un mort-vivant,
Et tu es mort
comme un président.

Je suis mort des politiques intérieures
Et tu es mort pour
des raisons supérieures,
C’est que la mort, c’est pas le top
Entre une arme chimique et Photoshop.

Et je suis morte pour les rebelles
Et tu es mort
d’une fusillade,
Je suis mort
dans une poubelle
Et tu es mort
e d’une twittade.

Et je suis morte envoyée au diable
Comme si j’étais un
e sorte de spam,
Et tu es mort
à table
Tout était déjà sur Instagram.


J’oubliais que je suis mort
Aussi d’intempestives analyses ;
Toi, tu es morte à raison ou à tort
Car tu ne les as pas comprises.

Le résultat : nous sommes tous morts,
Vrais et inventés, réunis
dans le merdier
Des jeux
merdeux d’autres morts
Qu
i, vivants, savent seulement tuer.

Nous sommes morts de tous ces jeux.
Morts
de la route, morts d’on ne sait quelle chose.
Morts
par erreur ou morts sous le feu,
Morts instantanés ou morts prenant la pose.

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