RÉSISTANCE EST
UN DEVOIR
Version française – OÙ RÈGNE LA VIOLENCE, LA RÉSISTANCE EST UN DEVOIR – Marco Valdo M.I. – 2017
Chanson
allemande – Wo
Gewalt herrscht, wird Widerstand zur Pflicht – Bettina
Wegner – 1985
En
1985, Lucien l’âne mon ami, l’Allemagne est toujours divisée et
se trouve toujours encore au cœur du nœud noué à la fin du Reich
de Mille Ans qui n’en a duré que douze. Avec d’un côté comme
de l’autre, de très puissants « alliés », lesquels
ont installé sur son territoire des troupes, des bases militaires
pour les héberger, des aériennes et bien entendu, des rampes de
fusées, potentiellement équipées d’ogives nucléaires.
Comme
qui dirait, tout est prêt pour le grand feu d’artifice, dit Lucien
l’âne.
Oui
et depuis un certain temps déjà, Lucien l’âne mon ami. On
comprend que les populations aient eu peur de cette situation et
aussi qu’elles en ont aussi marre de vivre dans l’appréhension,
d’autant que le fait n’est pas récent. Ça faisait quarante ans
que cette tension quotidienne durait.
Auparavant,
il y avait eu la terreur nazie, suivie de la guerre à l’étranger,
puis les bombardements et la guerre sur le territoire allemand,
l’occupation.
Ensuite,
depuis une trentaine d’années, les manifestations contre cet état
de terreur larvée se sont succédé sur fond de guerre froide. Ce
furent souvent des manifestations de plus en plus fermes et assez
énergiques et la répression fut à l’unisson.
En
effet, Marco Valdo M.I., j’avais bien noté tout cela et le fait
que durant ces années-là, les guerres « chaudes »s’étaient
déroulées essentiellement à d’autres bouts du monde : en
Corée, au Vietnam, en inde, au Proche-orient, en Algérie, etc, mais
en Allemagne, c’était une guerre « froide » et même à
certains égards, « glacée ». Les canons étaient
pointés, chargés, mais ils ne tiraient pas et si les chars ou des
forces répressives sont intervenus, c’était à l’intérieur des
frontières de l’un ou l’autre camp. On se gardait bien de
franchir certaines limites.
Il
s’en est passé bien des choses durant ces années-là, mais qu’y
a-t-il de si particulier à cette année 1985 ?
En
fait, Lucien l’âne mon ami, si on se place d’un point de vue
général pour examiner ces quarante ans écoulés depuis la fin de
la guerre mondiale, on pourrait presque répondre : rien. On
pourrait relever qu’on est encore toujours dans le même monde
divisé ; en Allemagne, dite de l’Ouest, les manifestants
crient encore toujours : « Lieber rot als tot ! »
– « Mieux vaut rouge que mort ! », montrant par là
qu’en cas de conflit ou d’affrontement avec les armées de l’URSS et leur éventuelle invasion, ils préféreraient ne pas combattre
plutôt que de risquer la mort collective et nucléaire. Faut les
comprendre, ils étaient aux premières loges.
Oh,
Marco Valdo M.I., je me souviens très bien de cette sainte terreur
qu’inspirait la « bombe » en ce temps-là. Il me semble
d’ailleurs qu’à présent, on ait presque oublié son existence
et l’effroi qu’on avait à l’idée de la voir surgir dans le
grand conflit latent.
Il
est certain, Lucien l’âne mon ami, que si l’un ou l’autre des
froids belligérants de cette époque avait été pris soudain d’une
bouffée de chaleur nucléaire, le jeu des réactions en chaîne
serait enclenché et on n’aurait pas donné cher ce l’humanité
entière et sans doute même pour un long moment, la vie sur la
planète aurait été compromise. Un moment très long et même,
très, très long. Et c’est face à cette perspective que la
chanson et son refus des fusées prennent tout leur sens. Derrière
ce refus, il y avait une peur immense, une frayeur d’épouvante et
en même temps la conscience de la nécessité de mettre le holà à
cette confrontation, à cette guerre des nerfs à l’échelle d’un
continent et par extension, de la Terre entière.
Tout
cela est fort bien, mais, dit Lucien l’âne, je me demande encore –
c’était ma question – ce que cette année 1985 a de particulier
par rapport à cette histoire.
J’y
viens, j’y viens, Lucien l’âne mon ami, mais il me fallait
placer le décor. À mon sens, 1985 est -avec le recul – une année
charnière, car cette année-là, les choses commencent à bouger ;
on assiste aux prémices d’un lent mouvement de détente. En URSS,
le régime en place, qui porte cette politique de terreur, est en
train de vaciller. La meilleure image que l’on pourrait donner est
celle d’un dégel, de la progressive disparition des glaciers.
C’était assez lent, mais c’était doué d’une formidable
inertie.
En
ce qui concerne les fusées, qui est le sujet de la chanson, il y a
eu cette année-là, l’annonce d’un moratoire sur l’installation
en Europe des SS20, d’un côté, disons dans l’Europe hors des
frontières russes et des Pershings, de l’autre côté ; il y
avait l’accord de coopération avec les Zétazunis quant à un
désarmement bilatéral.
Cependant,
comme on peut s’en rendre compte, trente ans plus, on y revient,
même si par ailleurs, les choses ont fortement changé tout en
restant les mêmes. Le
Guépard
qui
disait : « se
vogliamo che tutto rimanga com’è, bisogna che tutto cambi »
– « Si
nous voulons que tout reste
comme il est,
il faut que tout change »), disait
vrai.
Certes,
Marco Valdo M.I., il y a des invariants dont l’inertie transcende
facilement les régimes et les péripéties de l’histoire. C’est
vrai par exemple pour l’Allemagne, c’est vrai pour la Russie.
C’est un des effets temporels
qu’on peut aisément déceler à l’intérieur de la Guerre
de Cent Mille Ans que
les riches et les puissants font aux pauvres afin de s’assurer de
la domination, d’imposer leurs volontés, de maintenir leur
pouvoir, d’étendre leurs privilèges, de multiplier leurs
richesses. En fait, le temps n’est pas le même si l’on considère
le temps des régimes et des hommes de pouvoir, qui se mesure en
années et en dizaines d’années et le temps de ces entités
historiques qui se mesure avec un étalon d’une
amplitude beaucoup
plus grande
qui couvre
des périodes pouvant aller jusqu’aux milliers d’années. Quoi
qu’il en soit, il nous revient de tisser le linceul de ce vieux
monde belligérant, effrayant, mortifère et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien l’âne
Nous
avons protesté et crié à haute voix
Que dans le pays, nous ne voulions pas de fusées ;
Nous étions nombreux, mais finalement il arriva
Que nous partageons maintenant ce pays avec des fusées.
Que dans le pays, nous ne voulions pas de fusées ;
Nous étions nombreux, mais finalement il arriva
Que nous partageons maintenant ce pays avec des fusées.
Pourquoi
ne partage-t-on pas avec le Tiers-Monde
Pour que personne qui vit là, ne meure de faim ?
Pourquoi ne donnons-nous pas de nos moyens
Contre la disette, puisqu’ici l’abondance règne ?
Pour que personne qui vit là, ne meure de faim ?
Pourquoi ne donnons-nous pas de nos moyens
Contre la disette, puisqu’ici l’abondance règne ?
Vous
avez claqué l’argent carrément dans l’armement
Et vous avez ignoré le référendum sans un mot
En dépit même de notre Non éclatant.
Il se pourrait que votre fin soit pour bientôt
Et vous avez ignoré le référendum sans un mot
En dépit même de notre Non éclatant.
Il se pourrait que votre fin soit pour bientôt
Ne
pensez pas que c’était votre victoire.
Vous verrez bientôt quand viendra la facture
Pour la peur des hommes face à votre guerre.
Nous sommes tristes et furieux, mais nous ne sommes pas inertes.
Vous verrez bientôt quand viendra la facture
Pour la peur des hommes face à votre guerre.
Nous sommes tristes et furieux, mais nous ne sommes pas inertes.
Je
ne peux tolérer ça, Herr Feldmarschall
Car je suis un homme et j’ai peur maintenant,
Peur de l’explosion atomique, Général !
Je voudrais simplement connaître mes petits-enfants.
Car je suis un homme et j’ai peur maintenant,
Peur de l’explosion atomique, Général !
Je voudrais simplement connaître mes petits-enfants.
Je
veux un monde, où on peut vivre
Et les enfants des enfants des petits-enfants aussi ;
Où trouver à manger pour chaque femme, chaque homme ;
Un monde qui n’a pas besoin de vous et de vos amis.
Et les enfants des enfants des petits-enfants aussi ;
Où trouver à manger pour chaque femme, chaque homme ;
Un monde qui n’a pas besoin de vous et de vos amis.
Vous
êtes le pouvoir et vous les avez installées,
Vous n’avez pas demandé ce qu’il fallait faire :
Notre opinion ne vous a en rien intéressé.
C’est pourquoi on vous dit à voix haute et claire :
Vous n’avez pas demandé ce qu’il fallait faire :
Notre opinion ne vous a en rien intéressé.
C’est pourquoi on vous dit à voix haute et claire :
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