dimanche 12 mars 2017

LA FÉE

LA FÉE


Version française – LA FÉE – Marco Valdo M.I.2017
Chanson italienne – La FataEdoardo Bennato1977





La mémoire de cet album d'Edoardo Bennato s’est peut-être perdue un peu, remontant à 1977 l’année « fatidique », où l’auteur-compositeur architecte napolitain revisitait à sa manière l’histoire de Pinocchio. Il eut un gros impact sur ceux qui alors, comme moi, se trouvaient dans leur prime adolescence : 14, 15, 16 ans. On voyait des groupes de gamines sur les autobus chanter presque à gorge déployée cette chanson sur la « Fée turquoise ».

Il se peut que le public de Bennato fut précisément celui-là, les très jeunes qui en raison de leur âge, ne faisaient pas partie intégrante du mouvement, même si beaucoup d’entre eux en étaient. Mais, ensuite, y a-t-il un sens à parler d’une « partie intégrante » ? D’une manière ou d’une autre tous y étaient dedans, tous autant qu’on était, nous y étions, vivant ces instants. Personne n’était et ne pouvait être indifférent. Mais je divague sûrement ; je cesserai donc immédiatement, n’ayant pas à m’aventurer en choses trop vastes pour une… chanson.
Ce fut du reste le même Bennato, peu temps après, qui déclara que « c’étaient toutes des chansonnettes ». Entretemps il fit cet album, ciblé ou non vers un certain « target » (une cible de toute façon atteinte, vu le nombre d’adolescents qui alors épuisèrent les stocks de gazous dans les magasins d’instruments de musique). Les personnages de Pinocchio comme métaphore du pouvoir, et cette « Fée turquoise » qui est toutes les femmes, qui joue le rôle de toutes les femmes, imposé par la société et le pouvoir.
Il lui faut être belle, disponible, sœur/mère/épouse, et à cause de cela, elle ne peut se déplacer : si elle veut voler, ils la tirent vers le bas. Peut-être quelque jeunette de quinze ans passait chaque jour de cette chanson aux collectifs féministes des lycées (ils existaient, ils existaient), ou bien la méprisait, car de toute façon écrite et chantée par un « maskietto », ou bien peut-être on ne sait quoi. Mais trente ans après, vu comme s’est « avancé le neuf », il ne serait de toute façon pas mal la reproposer. [RV, 9 août 2007]



Il y a une fleur seule dans cette chambre
Et tu te meus avec patience.
La potion est amère,
Tu sais déjà qu’il va la boire.

S’il ne se rend pas, tu le tentes ;
Tu dénoues le nœud de tes hanches
Que ce vêtement dévoile déjà.
Cueillir la fleur l’affolera.

Il fera pour toi n’importe quoi,
Sœur et mère et épouse,
Reine ou fée, toi
À plus, tu ne pourras prétendre

Peut-être est-ce vengeance,
Peut-être est-ce désarroi,
Ou seulement inconscience,
Mais depuis toujours, c’est toi
Celle qui paie.
Si tu veux voler, ils te tirent vers le bas.
Quand commence la chasse aux sorcières,
La sorcière, c’est toujours toi.

Tu poursuis des rêves de fille ;
Tu quêtes l’amour et tu es sincère ;
Tu ne fais pas de magie, tu ne truques pas.
Personne désormais n’y croit.

Il y a celui qui te hurle que tu es belle,
Que tu es une fée, que tu es une étoile,
Puis, il te fait esclave, ainsi tu vois
L’appeler amour ne se peut pas.

Il y a celui qui t’exalte, qui t’adule,
Il y a celui qui t’expose en vitrine.
Il se dit amour, cependant tu vois
L’appeler amour ne se peut pas


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