Ni
gauche, ni centre, ni droite
Henri
(Tachan) et Léo (Ferré)
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Quand
je suis au micro, ce n’est pas un « meeting ».
Dans
mes chansons, crénom, ni messages ni consignes,
Je
ne veux pas refaire votre monde, je veux rêver le mien
Et
quand je vous raconte mes révoltes, mes chagrins,
Ne
vous croyez donc pas obligés d’adhérer ;
Dans
mon parti, il n’y a que moi et c’est déjà le merdier!
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Je
suis seul sur le « ring »
Avec
ma gauche, ma droite,
Sans
soigneur ni « doping »,
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Je
suis seul sur le « ring »
Avec
mon corps qui boite.
La
Mort qui me fait signe !
Croyez-moi,
ce choix-là n’est pas des plus faciles :
Les
moutons de Panurge me traitent d’inutile,
Les
miliciens rasés, de révolutionnaire,
Les
militants de choc, de rêveur littéraire,
Il
n’y a rien qui irrite tant tous les troupeaux honnêtes
Que
de ne pas pouvoir me coller d’étiquette !
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Ni
blabla, ni béquilles,
Ni
rouge, ni blanc, ni noir,
Ni
fusil, ni faucille,
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Je
suis seul sur le « ring ».
Avec
mon corps qui boite
La
Mort qui me fait signe !
L’engagement
politique, pour moi, c’est comme la foi :
Tu
crois en Dieu, Bon Dieu, ou bien tu n’y crois pas.
Je
crois parfois en l’homme dans mes moments de fièvre,
Mais
dedans mon terrier, mi-sanglier mi-lièvre,
Loin
des meutes de chiens, des cors et des clameurs,
Je
suis gibier d’abord, vous n’êtes que chasseurs !
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Ni
slogans, ni insignes,
Ni
rouge, ni blanc, ni noir,
Ni
complice, ni consigne,
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Je
suis seul sur le « ring »,
Avec
mon corps qui boite.
La
Mort qui me fait signe!
Voilà
onze ans bientôt que je chante « au secours! »,
Que
je chante « ma révolte ! », que je chante « mon
amour! »
Voilà
onze ans bientôt, que d’hivers en automnes,
Je
me bats par instinct à côté de ma lionne,
Que
je remets cent fois sur le papier l’ouvrage,
Que
cent fois sans raison, je refais le voyage !
Ni
gauche, ni centre, ni droite,
Je
suis seul sur le « ring »
Avec
ma gauche, ma droite,
Sans
soigneur, ni « doping »,
Ni
gauche, ni centre, ni droite.
Je
suis seul sur le « ring »,
Avec
mon corps qui boite.
La
Vie qui me fait signe !
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