HOMME SANS PAPIERS
Version française – HOMME SANS PAPIERS – Marco Valdo M.I. – 2016
Chanson allemande – Mensch ohne Pass – Max Werner Lenz – 1935
Paroles de Max Werner Lenz (1887-1973), acteur, réalisateur, cabarettiste et auteur suisse
Musique d’Otto Weissert (1903-1969), compositeur et directeur de théâtre allemand.
Musique d’Otto Weissert (1903-1969), compositeur et directeur de théâtre allemand.
Cette parodie de salut fasciste
au Cabaret Cornichon
fut censurée et interdite
en raison des pressions du gouvernement de
Mussolini.
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Max Werner Lenz et Otto Weissert (le second fuit en 1934 en Suisse, car il est marié à une femme juive) furent parmi les fondateurs en 1934 à Zurich du Cabaret Cornichon, un cabaret théâtre qui visait à reproduire les expériences allemandes artistiques qui venaient d’être détruites par la montée au pouvoir du nazisme. Malgré les limitations imposées par la censure et en dépit de la surveillance constante et l’intimidation des services secrets nazis, le Cabaret Cornichon réussit malgré tout à condamner ouvertement fascisme et nazisme.
Le
dictionnaire de la Suisse indique : « Le Cornichon
fut d’abord un cabaret de divertissement; considéré comme l’une
des armes de la défense spirituelle, il attaquait le
national-socialisme allemand et le fascisme italien. Surveillé
pendant la guerre par les autorités de censure, il s’imposa
lui-même des limites si rigoureuses qu’il ne fut l’objet
d’aucune sanction officielle. »
Dans cet « Homme sans papiers », Max Werner Lenz critiquait le manque de soutien aux réfugiés du régime hitlérien et, leur persécution de la part des autorités des pays-refuges…
Une chanson très actuelle, vu le traitement que l’Europe encore aujourd’hui réserve aux réfugiés…
Dialogue
maïeutique
En griffonnant la version française de cette histoire d’exilé, mille idées et mille autres histoires me trottaient dans la tête. Il y avait Till le Gueux, le Guerrier afghan, l’Arlequin amoureux, Joseph le déserteur et ce marin du Vaisseau des morts de Traven ou ce Schwarz énigmatique de la Nuit de Lisbonne, tous gens errants, exilés en exil. Il y avait aussi tous ces gens qui cherchent refuge et que l’Europe et l’ONU appellent improprement des « réfugiés ». Ah si seulement, ils pouvaient trouver refuge. Mais voilà, on les arrête, on les rejette. Ou on les enferme et qu’en est-il du reste du monde ? HIC ET NUNC ! Aujourd’hui et maintenant ! Vous êtes antifasciste, mais vous vivez en Turquie ? Que faites-vous avant qu’ils ne viennent frapper à la porte, vous arrêter, vous abattre ? Qui voudra vous secourir, vous accueillir, vous donner refuge ? On vous dira que vous venez d’un pays démocratique, qui pratique l’élection (j’ai cru, dit Lucien l’âne que tu allais écrire la masturbation…), qui dit qu’il respecte les droits de l’homme, etc. En plus, vous êtes Kurde ou vous prétendez qu’il y a eu un génocide en Arménie. Certes, vous pourriez être Égyptien, Nigérian, Mauritanien, Algérien ou Chinois. En fait, si vous venez les mains vides, vous serez malvenu… Ne parle-t-on pas déjà de « charges déraisonnables pour un État » à l’Européen qui se trouve en difficulté dans un autre « pays européen ». Ce n’est pas une invention de ma part, c’est le texte de la loi communautaire. C’est arrivé récemment à un Italien, ici, au cœur de l’Europe ; pourtant, lui , il avait des papiers, des droits avant qu’on applique la loi sensée le protéger. Bref, j’arrête là et je laisse parler la chanson. Elle en dit assez.
Oh,
je sais, tu as raison, Marco Valdo M.I. mon ami, on aura encore bien
l’occasion, de reparler de ces horreurs. Ce sont les traces, les
rides quotidiennes de la Guerre de Cent Mille Ans que les riches et
les puissants font aux pauvres gens depuis la nuit des temps. Et tout
ça pour s’enrichir encore et encore, étendre leur pouvoir,
accroître leur domination et nous, tout ce que nous pouvons y faire,
c’est de poursuivre autant qu’on le pourra cette tâche et tisser
le linceul de ce vieux monde médiocre, méprisant, ridicule et
cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane
Je
suis un exilé, je suis chassé.
Ils m’appellent « cochon d’émigrant ».
Ils disent, tu aurais dû quand même rester !
Je voulais être une personne tout simplement.
Au lieu de hurler « Heil ! », je dis « Bonjour ».
Alors, on m’a menacé de détention, à mon tour.
Mais je n’ai pas vocation au martyre !
Je me suis enfui – d’une détresse dans une autre détresse.
Ils m’appellent « cochon d’émigrant ».
Ils disent, tu aurais dû quand même rester !
Je voulais être une personne tout simplement.
Au lieu de hurler « Heil ! », je dis « Bonjour ».
Alors, on m’a menacé de détention, à mon tour.
Mais je n’ai pas vocation au martyre !
Je me suis enfui – d’une détresse dans une autre détresse.
Je
suis maintenant un être non déclaré,
Je n’ai pas de papiers.
Je suis et je reste un surnuméraire,
Abhorré des fonctionnaires.
Je n’ai pas de papiers.
Je suis et je reste un surnuméraire,
Abhorré des fonctionnaires.
Les
États ont des devises admirables !
En France, c’est l’admirable :
« Liberté, égalité, fraternité » ,
La Suisse, c’est réputé :
Ce pays est une terre d’asile.
Mais là, la détention m’attend seule.
Alors, tel que je suis, je suis hors la loi.
Mais là, on est civilisé, on ne me frappe pas,
Me toucher est hors de question,
Mais là, on peut torturer l’âme sans gêne.
En France, c’est l’admirable :
« Liberté, égalité, fraternité » ,
La Suisse, c’est réputé :
Ce pays est une terre d’asile.
Mais là, la détention m’attend seule.
Alors, tel que je suis, je suis hors la loi.
Mais là, on est civilisé, on ne me frappe pas,
Me toucher est hors de question,
Mais là, on peut torturer l’âme sans gêne.
Car je suis non déclaré,
Je n’ai pas de papiers.
Je suis et je reste un surnuméraire
Abhorré des fonctionnaires.
Mais
là, il y a maintenant des Commissions, j’ai entendu dire,
Elles s’occupent de nous et de notre bien-être ;
Alors ils décident que je ne dérange pas.
Mais là, la décision doit parvenir aux fonctionnaires !
Et pour que les paragraphes deviennent réglementaires,
Cela prend du temps – entre-temps, ça va mal pour moi.
On me chasse en secret vers des frontières étrangères.
Et là, avec la loi et le droit pour moi, je crève.
Comme je suis non déclaré,
Je n’ai pas de papiers.
Alors je reste moi et plus un surnuméraire,
Par-delà la haine et les frontières.
Elles s’occupent de nous et de notre bien-être ;
Alors ils décident que je ne dérange pas.
Mais là, la décision doit parvenir aux fonctionnaires !
Et pour que les paragraphes deviennent réglementaires,
Cela prend du temps – entre-temps, ça va mal pour moi.
On me chasse en secret vers des frontières étrangères.
Et là, avec la loi et le droit pour moi, je crève.
Comme je suis non déclaré,
Je n’ai pas de papiers.
Alors je reste moi et plus un surnuméraire,
Par-delà la haine et les frontières.
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