1943
– À LA JEUNESSE
Version française – À LA JEUNESSE – Marco Valdo M.I. – 2010 – nouvelle version : 2016
D’après la version italienne de Riccardo Venturi – 2005 d’une chanson norvégienne – Til ungdommen – Nordahl Grieg – 1936 – Musique : Otto Mortensen – 1952
Nordahl Grieg
Quand nous créons la dignité humaine,
Nous créons la paix.
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Petite
note concernant l’auteur :
Johan
Nordahl Brun Grieg, alias Nordahl Grieg (Bergen 1/11/1902 –
Kleinmachnow – Berlin 2/12/1943).
Poète,
romancier (auteur
de « Le navire poursuit sa route »
(roman, 1924), très admiré par Malcolm Lowry,
dramaturge, journaliste et militant politique norvégien.
Venu
d’une famille aisée, apparenté au compositeur Edvard Grieg, il
fit des études à Oslo et Oxford.
Par
la suite, il rejoint le Parti Communiste norvégien et séjourne en
URSS ; stalinien convaincu, il prend la défense du régime lors
des Procès de Moscou.
Correspondant
de presse durant la guerre d’Espagne, il écrit en 1936, son poème
le plus célèbre : « Til ungdommen » (À la
jeunesse), mis en musique en 1952 par le compositeur danois Otto
Mortensen.
Il
prend ses distances avec le régime stalinien dès 1939 (Pacte
germano-soviétique) et contre l’invasion de la Norvège par les
Allemands, il entre dans la résistance. En 1940, il se réfugie en
Grande-Bretagne par le même bateau que la famille royale et les
réserves d’or norvégiennes. En exil, il organise des programmes
radio norvégiens à partir de Londres.
Au
cours d’une de ses missions de correspondant de guerre auprès de
l’armée norvégienne, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1943,
l’appareil (LM316) où il s’est embarqué est abattu au-dessus de
Berlin et Grieg sera parmi les 8 morts de l’équipage.
Il
est célèbre et célébré en Norvège comme résistant antinazi et
antifasciste.
Dialogue
maïeutique
Comme
on peut le voir ci-dessus, j’avais fait une première version
française de cette chanson norvégienne, il y a déjà quelques
années. À ce moment, c’était pour moi une chanson parmi les
centaines d’autres que j’avais traduites en quelque sorte par
pure curiosité. Comme tu le vois, la curiosité n’est pas
uniquement un grand défaut, c’est aussi une excellente qualité
qui pousse à découvrir des horizons nouveaux et des histoires
inconnues. C’était il y a quelques années et depuis, des
centaines d’autres chansons sont venues me raconter le monde ou des
bribes du monde. Elle aurait pu être noyée dans ce maëlstrom et se
tapir dans les profondeurs de ma mémoire. Elle m’est revenue
récemment, comme surgie d’un néant, lorsqu’un certain nombre de
gens l’ont
consultée. Qui, pourquoi ? Je n’en sais strictement rien.
Comment je le sais ? Là, j’ai une réponse : c’est le
relevé statistique qui me l’a indiqué et c’est lui qui
me l’a remise en évidence.
Soit,
mais où tout ça nous mène-t-il ?, dit Lucien l’âne un peu
intrigué.
Eh
bien, Lucien l’âne mon ami, dit Marco Valdo
M.I., ceci nous mène à ce que j’ai retrouvé cette ancienne
version et que je me suis intéressé de plus près à la chanson, à
son contexte et à l’auteur du texte original, d’abord. Et
ensuite, que je me suis aperçu que Nordahl Grieg était un
personnage des plus intéressants, que sa chanson était fort connue
(bien plus que je ne l’imaginais) et que surtout, d’un certain
point de vue, c’était une histoire d’Allemagne. À divers titres
d’ailleurs. Nordahl
Grieg avait rencontré les Allemands de l’espèce nazie dès la
Guerre d’Espagne, puis
en Norvège-même, lors de l’occupation par les nazis et enfin,
dans le combat pour la libération de la Norvège et la liquidation
des nazis. Cependant, l’idée d’en faire une histoire d’Allemagne
m’est venue en raison de sa mort en Allemagne, survenue en 1943
lorsque l’avion de la R.A.A.F. (Royal Air Force Australienne) à
bord duquel il se trouvait, a été abattu aux environs de Berlin.
C’était l’occasion de voir l’année 1943 d’une manière
différente au travers du destin d’un autre correspondant de
guerre.
Oui,
je comprends ; cependant, je ne vois pas
bien le rapport avec la chanson elle-même, qui date de 1936 et me
paraît bien être
un appel lancé à la jeunesse.
Le
rapport se trouve tout simplement dans son auteur Nordahl Grieg.
Voilà
le mystère éclaircit. Dès lors, reprenons notre tâche et
recommençons à tisser le linceul de ce vieux monde guerrier,
belliqueux, dément et cacochyme.
Heureusement !
Ainsi
Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.
Et
toi, au milieu de tes ennemis,
Tu
entreras à ton temps ;
Dans
des tempêtes de sang,
À
la guerre, tu t’en iras.
Tu
te demandes peut-être, angoissé
Évidemment,
ouvertement
Contre
qui combattre ?
Quelle
est mon arme ?
Pour contrer la violence
Pour contrer la violence
Voici
ton épée :
La
foi dans notre vie,
La
dignité de l’homme.
Pour notre avenir
Pour notre avenir
Cherche-la
et cultive-la ;
Sois
disposé à mourir,
Mais
fais-la grandir et renforce-la !
Et si se dégoupillent encore
Et si se dégoupillent encore
Les
détonateurs des grenades,
Arrête
leur poussée de mort,
Arrête-les
par l’esprit !
La
guerre est mépris de la vie ;
La
paix est création.
Jette-z-y
toutes tes forces,
La
mort doit perdre !
Aime et enrichis de rêves
Tout
ce qu’il y a de grand !
Va
vers l’inconnu
Quérant
une réponse.
Des
laboratoires pas encore conçus,
Des
étoiles inconnues,
Crée-les
avec l’esprit ardent
D’une
vie à peine éclose !
L’homme est noble,
La
terre est riche
Et
si la peine existe et la faim,
Elles
doivent être éliminées.
En
avant ! Au nom de la vie,
L’injustice
doit disparaître,
Le
soleil, le pain et l’esprit
Appartiennent
à tous.
Et alors s’engloutiront
Et alors s’engloutiront
Les
armes sans pouvoir !
Quand
nous créons la dignité humaine,
Nous
créons la paix.
Celui
qui porte sur son bras droit
Un
grand fardeau,
Cher
et inoubliable,
Ne
peut assassiner.
Tel
est notre engagement
De
frère à frère :
Nous
serons bons
Avec
la terre des hommes.
Et nous prendrons bien soin
Et nous prendrons bien soin
De
sa beauté, de sa candeur,
Comme
si nous portions, de nos mains,
Un
enfant du bonheur.
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