dimanche 3 avril 2016

À LA JEUNESSE

1943 – À LA JEUNESSE

Version française – À LA JEUNESSE – Marco Valdo M.I. – 2010 – nouvelle version : 2016


D’après la version italienne de Riccardo Venturi – 2005 d’une chanson norvégienne – Til ungdommen – Nordahl Grieg – 1936 – Musique : Otto Mortensen – 1952 


Nordahl Grieg
Quand nous créons la dignité humaine,
Nous créons la paix.





Petite note concernant l’auteur :

Johan Nordahl Brun Grieg, alias Nordahl Grieg (Bergen 1/11/1902 – Kleinmachnow – Berlin 2/12/1943).

Poète, romancier (auteur de « Le navire poursuit sa route » (roman, 1924), très admiré par Malcolm Lowry, dramaturge, journaliste et militant politique norvégien.

Venu d’une famille aisée, apparenté au compositeur Edvard Grieg, il fit des études à Oslo et Oxford.

Par la suite, il rejoint le Parti Communiste norvégien et séjourne en URSS ; stalinien convaincu, il prend la défense du régime lors des Procès de Moscou.

Correspondant de presse durant la guerre d’Espagne, il écrit en 1936, son poème le plus célèbre : « Til ungdommen » (À la jeunesse), mis en musique en 1952 par le compositeur danois Otto Mortensen.

Il prend ses distances avec le régime stalinien dès 1939 (Pacte germano-soviétique) et contre l’invasion de la Norvège par les Allemands, il entre dans la résistance. En 1940, il se réfugie en Grande-Bretagne par le même bateau que la famille royale et les réserves d’or norvégiennes. En exil, il organise des programmes radio norvégiens à partir de Londres.

Au cours d’une de ses missions de correspondant de guerre auprès de l’armée norvégienne, dans la nuit du 2 au 3 décembre 1943, l’appareil (LM316) où il s’est embarqué est abattu au-dessus de Berlin et Grieg sera parmi les 8 morts de l’équipage.

Il est célèbre et célébré en Norvège comme résistant antinazi et antifasciste.




Dialogue maïeutique



Comme on peut le voir ci-dessus, j’avais fait une première version française de cette chanson norvégienne, il y a déjà quelques années. À ce moment, c’était pour moi une chanson parmi les centaines d’autres que j’avais traduites en quelque sorte par pure curiosité. Comme tu le vois, la curiosité n’est pas uniquement un grand défaut, c’est aussi une excellente qualité qui pousse à découvrir des horizons nouveaux et des histoires inconnues. C’était il y a quelques années et depuis, des centaines d’autres chansons sont venues me raconter le monde ou des bribes du monde. Elle aurait pu être noyée dans ce maëlstrom et se tapir dans les profondeurs de ma mémoire. Elle m’est revenue récemment, comme surgie d’un néant, lorsqu’un certain nombre de gens l’ont consultée. Qui, pourquoi ? Je n’en sais strictement rien. Comment je le sais ? Là, j’ai une réponse : c’est le relevé statistique qui me l’a indiqué et c’est lui qui me l’a remise en évidence.


Soit, mais où tout ça nous mène-t-il ?, dit Lucien l’âne un peu intrigué.


Eh bien, Lucien l’âne mon ami, dit Marco Valdo M.I., ceci nous mène à ce que j’ai retrouvé cette ancienne version et que je me suis intéressé de plus près à la chanson, à son contexte et à l’auteur du texte original, d’abord. Et ensuite, que je me suis aperçu que Nordahl Grieg était un personnage des plus intéressants, que sa chanson était fort connue (bien plus que je ne l’imaginais) et que surtout, d’un certain point de vue, c’était une histoire d’Allemagne. À divers titres d’ailleurs. Nordahl Grieg avait rencontré les Allemands de l’espèce nazie dès la Guerre d’Espagne, puis en Norvège-même, lors de l’occupation par les nazis et enfin, dans le combat pour la libération de la Norvège et la liquidation des nazis. Cependant, l’idée d’en faire une histoire d’Allemagne m’est venue en raison de sa mort en Allemagne, survenue en 1943 lorsque l’avion de la R.A.A.F. (Royal Air Force Australienne) à bord duquel il se trouvait, a été abattu aux environs de Berlin. C’était l’occasion de voir l’année 1943 d’une manière différente au travers du destin d’un autre correspondant de guerre.


Oui, je comprends ; cependant, je ne vois pas bien le rapport avec la chanson elle-même, qui date de 1936 et me paraît bien être un appel lancé à la jeunesse.


Le rapport se trouve tout simplement dans son auteur Nordahl Grieg.


Voilà le mystère éclaircit. Dès lors, reprenons notre tâche et recommençons à tisser le linceul de ce vieux monde guerrier, belliqueux, dément et cacochyme.


Heureusement !

Ainsi Parlaient Marco Valdo M.I. et Lucien Lane.




Et toi, au milieu de tes ennemis,
Tu entreras à ton temps ;
Dans des tempêtes de sang,
À la guerre, tu t’en iras.

Tu te demandes peut-être, angoissé
Évidemment, ouvertement
Contre qui combattre ?
Quelle est mon arme ?

Pour contrer la violence
Voici ton épée :
La foi dans notre vie,
La dignité de l’homme.

Pour notre avenir
Cherche-la et cultive-la ;
Sois disposé à mourir,
Mais fais-la grandir et renforce-la !

Et si se dégoupillent encore
Les détonateurs des grenades,
Arrête leur poussée de mort,
Arrête-les par l’esprit !

La guerre est mépris de la vie ;
La paix est création.
Jette-z-y toutes tes forces,
La mort doit perdre !

Aime et enrichis de rêves
Tout ce qu’il y a de grand !
Va vers l’inconnu
Quérant une réponse.

Des laboratoires pas encore conçus,
Des étoiles inconnues,
Crée-les avec l’esprit ardent
D’une vie à peine éclose !

L’homme est noble,
La terre est riche
Et si la peine existe et la faim,
Elles doivent être éliminées.

En avant ! Au nom de la vie,
L’injustice doit disparaître,
Le soleil, le pain et l’esprit
Appartiennent à tous.

Et alors s’engloutiront
Les armes sans pouvoir !
Quand nous créons la dignité humaine,
Nous créons la paix.

Celui qui porte sur son bras droit
Un grand fardeau,
Cher et inoubliable,
Ne peut assassiner.

Tel est notre engagement
De frère à frère :
Nous serons bons
Avec la terre des hommes.

Et nous prendrons bien soin
De sa beauté, de sa candeur,
Comme si nous portions, de nos mains,
Un enfant du bonheur.


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